— Isvkrockdbes'cofsnlla ?
Je ne perçois que des mélodies indistinctes. Aucune image n'ose se dresser sous l'écran de mes paupières. Mon esprit embrumé ne me permet pas d'entendre distinctement les syllabes dont mes oreilles indolentes sont témoins.
— Isafneorksosbeovnselfklla ?
Seule la douleur m'indique que je suis toujours en vie. Mon corps semble prisonnier des chaînes de la souffrance : mon dos tiraille, mes membres inférieurs me semblent lourds comme du plomb. Je fronce les sourcils, qui sont l'expression de mes peines, reprenant peu à peu connaissance, en sentant une main presque aussi légère que l'air se poser sur mon épaule et réchauffer mon épiderme.
— Isaffvnsmgnsbella ?
Les sons prennent de l'ampleur. C'est comme si cette voix cristalline se rapprochait peu à peu de moi, en passant par un long tunnel sombre et faisant écho à ses paroles. La réalité me saute rapidement au visage lorsque je m'éveille et que le brouillard dans mon cerveau s'estompe.
— Isabella, ça va ?
Je reprends pleinement connaissance lorsque j'ouvre les yeux. Ma tête tourne et me fait mal. Mon palpitant se remet à battre la chamade sans attendre. Mon premier réflexe est de forcer sur mes bras pour me relever mais je me sens faible.
— Doucement... Me met en garde une jeune femme.
J'ai l'impression de me trouver dans un navire à la dérive au milieu d'une tempête, en plein océan. Si je me mettais debout, je retomberais certainement automatiquement sur le sol. Je fixe le plafond un instant, puis, une fois que ma tête cesse de tourner comme dans un carrousel, je fais face à Alexandra, le visage empli d'une profonde inquiétude. Ses longs cheveux bruns me chatouillent l'avant-bras, tandis que ses émeraudes me toisent avec attention afin de déceler le moindre signe de souffrance.
— Je... Ça va... Parviens-je à articuler.
— Tu as mal quelque part ? Insiste-t-elle.
J'apprécie son aide, mais je n'en ai pas besoin.
— Ça va... Ça va, répété-je, comme pour essayer de m'en convaincre, alors même que je souffre le martyr.
Je relève davantage la tête et constate que mes deux autres camarades de chambre se tiennent tout autour de moi comme à une veillée funèbre. Je réalise à quel point j'ai fait preuve de culot en m'en prenant à cet homme, que dis-je, ce valet de chambre qui nous considère comme des moins que rien. J'en ai payé le prix fort : il m'a balancée avec une telle violence que j'en suis encore étourdie. Je risque la commotion.
— Bon Dieu... Mais qu'est-ce qu'il t'a pris de tenir tête à Victor ?! S'exclame alors Beverly, tremblante, les mains liées sur sa gorge.
— Victor est vraiment trop fort pour nous, je te l'ai déjà dit... Ajoute Alexandra, une main dans mes cheveux.
— Parce que vous l'appelez par son prénom, en plus... Réalisé-je, en m'adressant à elles d'une voix faible.
— Bah... Comment tu veux qu'on l'appelle ?!
— Oh je ne sais pas moi... Connard ? Dingo ? Taré ? Oh, pardon... Son altesse suprême, peut-être ?
— Arrête, tu veux... On essaie juste de t'aider et de te mettre en garde. Mais t'en fais qu'à ta tête.
— C'est un bon résumé, confirmé-je.
Je m'avoue vaincue, avant même d'avoir entamé la bataille.
— Crois-moi, si tu essaies encore de contrer ses exigences, Victor te frappera de plus en plus fort. Et un jour, tu ne seras plus parmi nous.
Je ne l'écoute qu'à moitié. Je ne suis pas résolue à me laisser faire. Je n'ai jamais été une soumise et je ne le serai jamais. Je préfère de loin mourir sous les coups d'un homme et m'éteindre la conscience tranquille, plutôt que de passer le restant de mes jours aux ordres de quelqu'un d'autre.
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BOURREAU DES COEURS - TOME 1 - Le Bourreau
HorreurColorado. Le jour où Isabella se fait kidnapper et se retrouve dans une étrange demeure luxueuse avec d'autres femmes, sa vie bascule. Qui les a capturées ? Qui les retient prisonnières ? Et surtout, pourquoi ? Violent, psychotique et s'adonnant à...