Light in the darkness

chapitre 1

                                                                                ~Desch~

Beginning

Couloirs blancs, silence froid, vision impersonnelle, mon quotidien depuis trois ans, dans la clinique psychiatrique dans laquelle je travaille.

Équipé de ma blouse blanche et de ma charlotte, englobant ma chevelure blonde, je passe de chambre en chambre pour faire les soins et nettoyer ces pauvres gens qui n'ont pas le droit à leur liberté.

Je rentre dans la chambre de Mme Smith, vieille dame atteinte d'Alzheimer et qui habite ici depuis que j'y travaille. Je suis son infirmier attitré.

Quand j'entre dans sa chambre, elle est semi assise dans son lit et lit un livre... Qu'elle tient à l'envers. Quand la porte s'ouvre, elle relève les yeux et son regard s'illumine.

« - Mon petit Arman ! S'exclame la vieille femme, que je suis contente de te voir ! Ça fait longtemps que tu n'es pas passé me dire bonjour !

Je m'avance vers elle en souriant et lui répond en l'aidant à se redresser :

- On s'est vu hier madame Smith...

- Oh pas à moi mon garçon, j'ai encore toute ma tête mon petit Damien !

Je rigole doucement en lui tendant un verre d'eau et une poignée de pilules qu'elle fourre dans sa bouche toute ridée.

- Comment va Hélène dit moi ?

Encore cette scène...J'ai l'impression de la revivre en boucle...Je prends la main de la septuagénaire... Hélène c'est sa fille... Morte dans un accident de voiture il y a dix ans...

- Madame Smith... Hélène est partie. Vous vous en souvenez, pas vrai ? ...

- Enfin Franck, de quoi tu parles, elle m'a dit hier qu'elle viendrait me rendre visite pour la fête des mères aujourd'hui !

On est en novembre, pas de fête des mères aujourd'hui... Hélène est morte le vingt-six mai... Le jour de la célébration des mamans...

- Madame Smith... On est en novembre... Hélène est morte... Il y a dix ans...

La vieille se tait et baisse les yeux :

- Ah oui ? ... Mais...

- Reposez vous, vous en avez besoin, je reviendrai demain... Sonnez moi si vous avez besoin d'accord ? ...

La mamie ne me répond rien, elle est partie dans son esprit, essayer de ranger des souvenirs qui s'effritent, qui disparaissent, qui ne sont plus vraiment les siens.

La première fois qu'elle m'a parlé de sa fille, j'étais mal à l'aise, on m'avait prévenu qu'elle perdait la mémoire, mais oublier quelque chose d'aussi traumatisant ? Je ne savais pas que c'était possible.

Puis, au fil du temps je m'y suis habitué, dire à cette femme tous les jours que sa fille est décédée... Infliger à ce pauvre être perdu une tel torture... Lui apprendre quotidiennement la mort de son enfant...

Je reviens dans sa chambre le jour suivant et elle est toute souriante, elle a oublié la douleur.

- Desch ! Je suis contente de te voir !

- Moi aussi madame Smith. Qu'est-ce que vous avez prévu aujourd'hui ?

Mamie Smith me sourit et attrape ma main.

- Je le sens.

Je fronce les sourcils.

- Pardon ? Vous sentez quoi ?

Elle glousse et tousse un peu. Elle serre ma main dans la sienne.

- Que je vais allez mieux. Merci beaucoup mon garçon pour tout ce temps à t'occuper d'une vieille folle comme moi.

Quoi ? Pourquoi elle me remercie maintenant ? Je me penche sur elle pour embrasser son front.

- C'est mon travail, pas besoin d'être aussi reconnaissante...

- Quand même... J'ai rencontré peu de personnes aussi gentilles que toi dans ma vie, garde cette mentalité quoi qu'il arrive tu veux bien ?

Elle serre encore un peu plus ma main et je fais pareil.

- D'accord, bon arrêtez d'être si mélancolique, on dirait que vous vous apprêtez à partir !

Elle rigole encore une fois, puis quinte de toux. Elle se rallonge confortablement dans son lit.

- Finalement ce n'est pas Hélène qui viendra, oui elle ne viendra pas aujourd'hui.

Elle délire encore ? J'embrasse encore son front.

- Je repasserai dans l'après-midi pour votre toilette et vos soins, à tout à l'heure ?

Elle me sourit et caresse mon visage.

- Ma petite Hélène...

Un sourire de compassion traverse mon visage et je me relève et me dirige vers la porte, une fois de plus. Alors que j'ai déjà un pied dans le couloir, je l'entend murmurer ces petits mots, ces si jolies mots...

- Merci ...D'avoir pris soin...de mes souvenirs...

Je referme la porte et quitte l'étage. Pour je ne sais quelle raison, une larme perle le long de ma joue. Je l'essuie d'un revers de manche et marche droit, je sens un baiser froid sur ma nuque. Je me retourne et relève les yeux... Une alarme retentit et quelques infirmières se précipitent dans la chambre que je viens de quitter. Je reprends mon chemin. Les yeux inondés.

                                                                                      ****

Une semaine s'est écoulée depuis la mort de Madame Smith, ça me fait bizarre, je n'ai plus de repère, il s'est envolé avec elle.

Depuis son départ, je vogue ça et là pour m'occuper d'inconnus, jamais les mêmes, j'ai l'impression de travailler dans une usine, de mettre des gens en boîte à longueur de journées, alors que ce n'est pas le cas, en tout cas je ne les mets pas en boîte, je les allongent, les redressent, leur fait des injections... Finalement vaudrait peut-être mieux que je les mettent en boîte.

Nouvelle journée terminée, je vais dans les vestiaires, ressort dans ma tenue civil et m'engouffre dans le froid de novembre, le vent gelé fouette mon visage sur le parking. Je fonce dans ma petite Fiat 500 blanche et allume le chauffage, je frotte mes mains engourdies par le froid et allume le contact. Je m'engage sur la chaussée et prend la direction de mon petit nid douillet.

Petit, c'est effectivement l'adjectif parfait pour mon mini appartement, 30 mètres carré, tout en une pièce ou presque, chambre et douche-toilette à part.

En rentrant je jette toutes mes affaires sur le canapé -qui fait aussi lit d'appoint- et me rue dans la salle de bain pour me réchauffer d'une bonne douche brûlante.

Je m'allonge sur mon lit et ferme les yeux, que j'aime le silence, pas le silence de l'hôpital, angoissant et anxiogène, non, moi j'aime le silence calme, le silence dans lequel l'air valse avec les poussières.

Je ferme les yeux et Morphée vient m'accueillir.

                                                                                     ****

voilà pour le premier chapitre !! j'espère que ça vous plaira !

j'espère pouvoir vous publier le prochain chapitre sous peu !

bye !!