~Amon~
Escape
Trois semaines sont passées depuis que Desch et moi avons fait chambre commune pour la première fois.
Je l'attends tous les jours avec une impatience déroutante qui me surprend moi-même.
Mes pieds rebondissent frénétiquement sur le parquet flottant gris de ma chambre, je suis comme un drogué en sevrage, en manque.
Le lendemain de cette fameuse nuit, Desch n'est pas venu s'occuper de moi de la journée, c'est un autre infirmier qui en a été chargé. Un petit bonhomme un peu rondouillard, mais tout en muscle, brun, les cheveux court et la tête ronde. Une petite étiquette sur sa blouse bleue m'a indiqué son nom : Rodrik.
Au départ, j'avais juste prévu de l'ignorer, d'ignorer tout ce qui n'était pas aussi attirant que Desch. Mais je me suis vite rendu compte que l'ignorance dans laquelle je me trouvais m'était insupportable, j'ai donc dû, à contre cœur, adresser la parole à cet homme aux allures de dessins animés.
Je lui ai demandé où son magnifique collègue était (avec une formulation plus adéquat) et il m'a répondu qu'il avait dû partir pour des raisons personnelles. Quand j'ai essayer d'en savoir plus il a juste hausser les épaules. Ils ne sont sans doute pas assez proches pour que l'un dise à l'autre la cause de son absence précipité.
Dans tous les cas, je n'étais pas plus avancé. Et ça me faisait bien chier. Ne pas savoir où était la lumière du phare de mes cauchemars me rendait nerveux, et si je recommençais à m'échouer dans la haine et dans la peur ?
Le jour d'après, Mon blond était revenu, le regard mort et le corps aussi. Ça m'a fait mal au cœur, je dirais même plus, ça m'a fendu le cœur, de voir une aussi belle gueule dans un état aussi pitoyable.
J'ai essayé de lancer une conversation, mais il m'a juste souri, ne répondant rien, comme si ce mode était désactivé chez lui, comme chez moi avant.
Puis les jours sont passés et il a fait comme si tout aller bien. Son regard a retrouver une illusion de flammes.
Cette flamme qui a brûlé mon cœur et mon âme, qui a fait fondre le bouclier que j'avais devant moi et qui obstruais ma vue. Même si mon démon est toujours là, à hanter mes pensées quand je pense avoir le contrôle, Desch est la lumière du soleil qui réchauffe mon cœur et refroidit mes ardeurs (quoique ça dépend lesquelles). J'ai déjà eu de l'attirance physique pour quelques mecs, je l'ai ai baisé et c'est parti. Mais avec Desch j'ai le sentiment que c'est différent, j'ai l'impression que son corps pourrait panser mes douleurs animiques et physique rien qu'en frôlant ma main de la sienne.
C'est comme si son corps – ou plutôt le mien – me lançait des appels constants sur le désir que j'éprouve pour lui, pour cette enveloppe charnelle beaucoup trop attirante pour être humaine.
Son corps obnubile mon esprit au point que tout tourne autour de ça, chaque personnes que je croise est comparée par mon cerveau aux formes parfaites de mon infirmier. Et je prend conscience que c'est l'être le plus attirant qu'il m'ait été donné de voir en vingt-sept ans de vie sur cette Terre pourrie.
Aujourd'hui, Desch a de nouveau ce visage vide, ce visage des gens qui pleurent, des gens qui hurlent et des gens qui haïssent.
Il rentre dans ma chambre mais ne m'adresse aucun regards, comme si le fait de croiser mes iris allait le rendre encore plus fragile qu'il ne l'est déjà.
Il ne pipe pas mots et se contente de fixer le sol en préparant mes cachets. Je remarque que c'est mains tremblent.
Je réprime une énorme envie de le prendre dans mes bras et de lui demander de m'expliquer son fonctionnement. Mais qui suis-je pour faire ce genre de chose ?
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Light in the darkness
RomanceD'apparence, Desch a tout d'un jeune homme banal, infirmier lambda dans une clinique psychiatrique, il passe inaperçu. Personne ne soupçonne l'enfer qu'il a vécut étant plus jeune est c'est bien mieux comme ça, moins on le voit, mieux il se porte. ...