Chapitre 9

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 ~Amon~

Disenchantment


Je ne sais pas ce qui m'a pris, quand j'ai vu que Desch me quittait, je me suis dit qu'il reviendrai pour son service de nuit, puis je me suis souvenu que ce n'était pas sa semaine, il n'était pas de garde cette nuit. J'ai paniqué et je me suis précipité dans le couloir, je ne sais pas pourquoi, ce n'est pas la première fois que l'envie de le voir me prend alors qu'il n'est pas disponible.

Mais la vérité c'est que ce n'est pas moi qui ai décidé de sortir.

Mon démon a pris le relais, pas longtemps, juste assez pour que je passe le pas de ma porte et heurte une petite bonne femme, dans la trentaine, et à qui je commence à parler.

Puis il m'a redonné ma contenance, et je me suis retrouvé devant ce petit bout de femme, sans savoir quoi faire, encore une fois, j'ai paniqué (et balbutié par la même occasion).

J'ai fini par lui demander de faire venir Desch. J'ai utilisé mon image de bourge pour jouer l'enfant pourri gâté qui fait son caprice. Mon interlocutrice m'a dévisagé un moment et j'ai reconnu le mépris dans son regard. Mais je n'ai pas sourcillé, j'ai l'habitude du mépris, on est presque devenu ami.

J'ai dit à la trentenaire que j'avais besoin d'une présence presque permanente et que j'allais aller me plaindre si ce n'était pas le cas.

Je ne sais pas si elle m'a cru, ou si elle a vu quelque chose dans mes yeux, mais elle à détourner la tête et a accepter de m'aider. Elle a sorti son téléphone pour prévenir mon infirmier d'un soudain « changement de programme ».

J'ai remercié la jeune femme, qui s'est contentée de me foudroyer du regard et de s'en aller.

J'ai refermé la porte de ma chambre et me suis jeté sur mon lit. J'avais un autre problème, qu'est-ce que je vais lui dire une fois qu'il sera là, devant moi, à me regarder de ses magnifiques yeux verts grisés.

Je m'assois au fond de mon lit et commence à pincer l'intérieur de mes joues avec mes dents, tout en jouant avec mes ongles nerveusement.

Je ne l'ai même pas entendu entrer, et je ne relève la tête que quand la porte claque derrière lui.

Je sursaute et le regarde. J'ai une envie folle de le déshabiller. Son physique est clairement le symbole de la phrase « faites l'amour pas la guerre ».

Je le toise et il m'imite. Pendant de longues secondes, le silence plane, et la chaleur de mon corps ne redescend pas.

Puis finalement, il vient s'asseoir dans l'un des fauteuils qui encadrent la table en face de mon lit.

- Reine m'a dit que tu voulais me parler... ?

Je respire un grand coup, essayant de faire abstraction du corps d'Apollon qui se trouve devant moi et de faire une phrase construite de manière raisonnable.

- Oui...ça te déranges ?

Ça sort beaucoup plus agressif que prévu et je grimace en mon fort intérieur en voyant son visage se crisper. J'essaye de rattraper le coup.

- Je ...

- Je suis dans ta chambre parce que c'est mon métier. J'aimerais que tu respectes ça, d'accord ?

Pas d'hostilité dans sa voix, mais plutôt une espèce de compréhension, il me parle comme on parlerait à un enfant qui vient de faire une bêtise par mégarde. C'est surprenant mais pas désagréable.

Light in the darknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant