Chapitre 10

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 ~Desch~

incomprehension

**ce chapitre contient la notion de viol

Je me réveille doucement.

Mes bras et mon cou me font mal alors que je redresse pour mieux m'étirer et me souvenir d'où je suis.

Je laisse à mes yeux le temps de s'accoutumer à la semi-lumière de la pièce, plongé dans la pénombre alors qu'il doit être dans les dix heures....

Dix heures ?!

Je me lève en sursaut de mon lit de fortune et balaye la pièce des yeux. Le lit d'Amon est vide. Et, en pivotant à quatre-vingt-dix degrés vers la droite, je vois finalement de la lumière sous la porte de la salle de bain.

Je frappe.

- Amon, tu es là ?

Je ne perçois pas la réponse mais après quelques secondes, la porte s'ouvre sur lui, les cheveux trempés, le torse nu et une serviette entourant ses larges épaules.

Je manque de me décrocher la mâchoire mais reprend contenance.

- Il faut vite que je te fasse tes soins, je suis super à la bourre, tu aurais dû me réveiller !

Il ne réplique rien, comme la plupart du temps, et se contente de fixer un point au-dessus de ma tête, c'est-à-dire, en face de lui.

Je l'entraîne sur son lit et l'assois. Il se laisse faire, sans aucune volonté.

J'ai du mal à le cerner, hier encore il me parlait ouvertement -ou presque- et ce matin il s'est encore fermé.

Je lui tends ses médocs, qu'il gobe sans sourciller.

Je fais un brin de ménage alors qu'il enfile l'une de ses tunique médicale.

Dans ma tête, de tonnes de questions tourbillonnent quant à son comportement, j'ai l'impression d'avoir un face de moi une autre personne, un autre patient, un autre Amon.

J'ai le sentiment que deux personnes se battent dans ce corps, il y a le Amon qui essaye de sociabiliser et de se faire des amis, et celui qui s'enferme dans son mutisme pour fuir une réalité sans doute trop compliquée à accepter.

Son contrôle des émotions me laisse sans voix. Je suis totalement l'inverse, d'un naturel hyperémotif, j'ai tendance à ressentir toutes les émotions en décuplé, alors voir quelqu'un avoir autant le contrôle sur lui-même ne peut que me laisser différent.

Ce mec attise en moi une espèce de curiosité sans fin, à tous les niveaux, physique, psychologique....

j'ai envie de percer à jour tous ses mystères, et de comprendre cette coquille vide en face de moi.

Mais pourrais je vraiment aider quelqu'un, est ce que j'en suis capable ? Je sais bien que non.

Je reviens sur Terre. Amon est désormais totalement vêtu et je suis bien plus à l'aise.

Je n'ose pas engager la conversation. Il a déjà l'air de monologuer en lui, je ne veux pas l'interrompre, briser ce lien si fin et illusoire qu'on a tissé hier soir.

Je choisi donc de m'en aller. Sans doute la meilleure option pour nous deux, lui retrouvera sa tranquillité et moi je rattraperai mon retard de ses trois dernières heures à roupiller au fond du fauteuil de sa chambre.

Je referme la porte dernière moi et souffle un coup, me rendant compte que j'étais en apnée.

Je reprends mes esprits, c'est comme si à chaque fois que j'entrais dans cette chambre, le monde s'arrêtait de tourner, et je ne comprends pas pourquoi. Ça me fout la trouille. Vraiment.

Light in the darknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant