Chapitre 5

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~Amon~

Finally Sweet

Trois semaines que mon infirmière est un infirmier, au début je pensais que le vent de notre première rencontre aurait dissuadé d'essayer de me faire la causette, mais il a recommencé à me parler, cette fois il n'attend plus de réponse, je ne sais pas trop s'il se parle à lui-même ou si ça m'est destiné mais je m'en fiche un peu.

Sa voix est douce et caresse l'air et mes tympans, tous les jours c'est ma musique, il énonce à haute voix ce qu'il en train de faire, ce qu'il doit faire après ou encore le temps qu'il fait dehors.

Je n'ouvre jamais mes rideaux. Les mauvais garçon n'ont pas le droit à la lumière. Et puis grand-père le disait lui même, je suis une belle de nuit. La nuit est mon élément.

Desch. Est-ce que lui n'est pas un rayon de soleil ? Son sourire éclaire mes pensées sombres et mes ténèbres.

Il entre dans ma chambre et je me redresse. Il s'avance vers moi, son petit minois inondé de bonheur et son corps irradiant de joie. Je l'envie, ça doit être bien d'être insouciant.

Il me tend mes pilules mais se fige quand je tends mon bras à mon tour, mince, j'ai oublié de camoufler mes plaies sur mes poignet, de longues griffures horizontales sont visibles. Je tire sur ma manche et garde le bras tendu. Rien, je ne cache rien. Peut-être que si j'arrive à me convaincre ça le convaincra aussi.

Mon plan échoue. Mon soignant pose l'ensemble de pilules de ses mains sur la table et saisit mon avant-bras.

Ses mains sont chaudes, ça fait du bien sur mon corps froid.

Il relève mes manches et fronce les sourcils en voyant les nombreuses plaies qui hantent mes bras.

- C'est toi qui a fait ça ?!

Oui c'est moi, les mauvais garçons doivent être punis, je me punis, à défaut que quelqu'un d'autre ne le fasse.

La lame de rasoir fait très bien l'affaire. Le soir. Quand je suis censé dormir mais que le démon en moi s'agite, je me ferme dans la salle de bain, à clé, et je coupe, je coupe encore et encore, cette chair sale et impure qui me recouvre et que j'aimerais tellement changé. J'ai l'impression d'être en permanence dans des draps sales qu'on ne veut pas laver.

L'infirmier sonde mon regard. Je ne répondrai pas, il le sait maintenant. Alors il cherche un autre moyen de communiquer, de me comprendre.

Il frôle les blessures à peine croûtées. J'ai remis ça hier soir, dans la pénombre.

- Pourquoi tu fais ça ? C'est mal tu sais ?

« c'est mal ce que tu as fait Amon, et tu sais ce qu'on fait aux enfants pas sages n'est-ce pas ? »

Desch va dans la salle de bain et me confisque mon joujou de mutilation.

Mince, je vais m'ennuyer un peu maintenant.

L'auxiliaire soigne mes plaies. C'est tout ? Je n'aurais pas plus de sermons, pas de coups ? Bizarre.

Une fois qu'il a terminé sa tâche minutieuse il me sourit et me donne une tape sur l'épaule.

- T'inquiète pas, je vais faire en sorte que tu ne te bousilles plus jamais le corps. Si je n'y arrive pas...Disons que je te devrais quelque chose, ce que tu voudras, ça te va ?

Crois moi, si je devais te dire ce que je veux de toi, tu serai déjà à quatre pattes mon chou.

Il entoure mes bras de bandages blancs, ce n'est pas très beau mais bon, ce n'est pas comme si c'était important.

Il se relève et me donne enfin mes cachets. C'est bien. Ils me donnent envie de dormir, je pourrais rattraper ma nuit perdue.

Mon démon ne se réveille que la nuit, donc la journée j'ai le droit de dormir n'est-ce pas ?

Il s'en va et je m'enfonce dans mon matelas, je resserres mon oreiller sur mon visage, comme pour essayer de m'effacer de la surface de la Terre.

L'air ne passe que très peu, ça m'aide à perdre connaissance, j'ai déjà essayer.

Avant que madame Morphée ne m'emporte une petite voix m'interpella :

" disons que si je n'y arrive pas je devrais faire quelque chose, ce que tu veux, ça te vas ?"

mon cœur s'allège un peu, finalement, peut être que mon démon ne viendra pas me voir cette nuit. Puis je m'en vais avec Morphée.

****

Le temps passe, les jours se ressemblent. Desch passe de plus en plus de temps dans ma chambre, pas par soucis de relation amicale, il n'y en a pas, mais plutôt pour s'assurer que je « prenne soin de moi ».

Au début c'était drôle, ça me permettait de voir ce petit miracle plus souvent et plus longtemps, je faisais exprès de prendre mon temps pour faire les tâches qu'il me donnait, comme ça il était obligé de rester avec moi, et mon démon ne venait pas nous déranger.

Mais maintenant c'est franchement barbant, à chaque fois qu'il vient me rendre visite je dois montrer mes poignet -maintenant cicatrisés- au blond. Et vraiment, ce n'est pas drôle de plus pouvoir voir le sang qui coule le long de mes doigts.

Mais j'ai trouvé deux alternatives :

1 - Mon arme est passée de rasoir à mine de crayon, ça salit le sang qui coule mais ce n'est pas très grave, temps que ça coule.

2 - J'abîme des espaces de ma peau non visibles, même pour mon super infirmier.

On ne peut pas empêcher un chien d'aboyer, même avec une muselière il continuera toujours à grogner, et bien pour moi c'est pareil.

Desch range son matériel, mouvant son beau petit corps devant moi. Je l'admire. Même pas besoin de me cacher, il me laisse faire, il pense que je suis fou.

Au fond est-ce qu'il a vraiment tort ?

J'humecte mes lèvres et descends mon regard de son visage à ses hanches et il se retourne. Mon regard se pose automatiquement sur ses fesses.

Puis mon esprits divague. Je les imagine nues, entre mes mains. Lui assis sur moi, ses lèvres sur les miennes.

Amon. Les mauvais garçons n'ont pas le droit à ce genre de pensées, surtout à propos de quelqu'un de si pur que mon infirmier sexy.

Je relève les yeux quand la voix cristalline du propriétaire de ce beau cul s'adresse à moi.

- Examen des poignets.

Je les lui tends et il retrousse le tissu sur mes bras pour examiner ma peau. Je le laisse faire et regarde sa petite frimousse, il ressemble un peu à un hamster à bien visualiser, ses petites joues, son nez rond et ses magnifiques cheveux blonds retombants sur son front blanc.

Nouvelle addiction débloquée : son odeur.

Un mélange florale, je ne saurais dire des noms précis de spécimens mais elle est légère et me procure une dose immense d'adrénaline qui se propage dans l'entièreté de mon corps.

Je ferme brièvement les yeux et hume l'air, je crois que je pourrais l'emprisonner juste pour être le seul à sentir sont odeur.

Quand je rouvre mes rétines, il s'est reculé et se dirige vers la porte. je me retiens de le rattraper par la main et de le plaquer contre le mur pour le bouffer, lui et son petit corps beaucoup trop insolant.

Mais il sort de ma chambre et quand il referme la porte, je me retrouve encore une fois seul dans le noir.

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Nouveau chapitre ! j'espère qu'il vous a plu parce que moi oui !

on se voit bientôt (très bientôt) pour un nouveau chapitre !!

La bise  !

Light in the darknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant