Chapitre 32

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~ Desch ~

Rest in Pain

Le soleil traverse par fragments les rainures de mes volets en bois et vient se coller sur mes paupières, me tirant de mon sommeil. Je baille et m'étire. Je prends l'initiative de sortir de mon lit, pour aller aux toilettes. Problème : je ne peux pas me lever, deux bras sont enroulés autour de ma taille....

Attends ? Deux bras ?!

Je me retourne en vitesse et tombe nez à nez avec la magnifique bouille d'un Amon endormi. Quelques mèches de cheveux rebelles lui chatouillent les joues et je me surprends à les enrouler autour de mon doigt. Qu'est ce qui me prend ? Mon cœur accélère le tempo alors que que l'odeur cuivrée de mon compagnon me parvient aux narines et je n'ai qu'une envie, replonger dans sa chaude étreinte qui me couvrait de sécurité et de sérénité.

Mais retour à la réalité, il faut que je me lève pour me préparer, aujourd'hui c'est le grand jour, ce jour qui me fout la boule au ventre, ce jour qui m'arrache les entrailles et brise le barrage de mes yeux. Le jour de l'enterrement de Nexter Laan, mon frère aîné et mon bourreau pendant près de dix ans. Mon corps devient tout mou et je perds toute contenance, je veux rester terré dans ce lit toute la journée dans les bras de Amon, à l'abri du monde...

Je m'extrais de l'emprise protectrice de mon beau brun et ouvre mon armoire pour un sortir mon vieux costume des grandes occasions, celui qu'on n'aime pas revêtir parce que ce n'est pas un bon présage. En occurrence aujourd'hui je suis content de le porter. J'enfile la chemise et au moment d'enfiler le pantalon je remarque les yeux fouineurs de mon colocataire, je loupe la manche et manque de m'affaler sur le sol.

- Espèce de pervers !

- Ah ce n'était pas ici le strip-tease gratuit ?

- Non !

- Dommage.

Il glousse alors que j'enfile mon bas.

- Tu as vraiment des airs de voyeur.

- Sans doute mais quand je vois quelque chose d'attirant, mes yeux ne veulent plus s'en décrocher, ce n'est pas de ma faute.

- Arrêtes de dire des choses comme ça.

Je lui tourne le dos en essayant de mettre ma cravate, il ne faut pas qu'il voit le rouge sur mes joues ! Je sens une présence imposante dans mon dos et voit deux bras saisir le tissu autour de mon cou. Je relève les yeux et tombe sur les siens.

- Laisses moi faire, tu n'y fais pas correctement...

Je lâche la cravate et le laisse me la nouer autour du cou, et c'est avec une rapidité et une dextérité inouïe qu'il me l'accroche.

- Tu es sublime...

Pourquoi il dit des choses de ce genre, les papillons dans mon estomac font des triple-saltos arrière.

- Merci...

Il recule et j'enfile ma veste de costard.

****

On arrive au cimetière après la cérémonie funèbre à l'auspice, comme prévu il n'y avait pas grand monde, un peu de famille, des oncles et tantes lointains, quelques amis de fac que l'hypocrisie à poussé à venir pour leur bonne conscience, et quelques personnes du village qui n'avaient visiblement rien de mieux à faire.

Je crois que papa est le plus peiné, ou alors il joue vraiment bien la comédie, bien qu'il soit le seul à le faire. Maman se mouche de temps en temps pour rappeler qu'elle pleure des grosses larmes de crocodiles, alors que je l'ai vu se frotter les yeux avec des oignons dans la cuisine avant de partir, et Luc ne cache même pas son dédain pour son frère aîné, qu'il considérait comme une sombre merde.

Light in the darknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant