Chapitre 8

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 ~Desch~

Opening

Ça fait plusieurs jours que j'ai repris le service et mon patient, Amon (je connais enfin son prénom !) semble s'être métamorphosé ! je suppose que la présence féminine et douce de Katty n'y ai pas pour rien, il a du se sentir à l'aise avec elle, elle à ce don avec la plupart des gens.

Mon protégé essaye de plus en plus de faire la conversation, même si ça se résume souvent à juste me demander le temps à l'extérieur et à me dire qu'il préfère la pénombre quand je lui répond d'ouvrir ses rideaux. C'est un début et ça me fait plaisir de le voir progressé comme ça.

Depuis mon retour il n'a plus touché à ses poignets non plus, et ça, c'est une bonne chose.

J'entre dans sa chambre après avoir frappé et avoir entendu sa timide invitation.

- Bonjour !

J'essaye d'être le plus avenant possible, pour l'encourager à se délier d'avantage, et il me semble que ça marche pas mal.

Amon me sourit doucement et me fait un petit signe de la main, de son lit, où il est allongé, son éternel carnet à la main, sans doute en train de gribouillé quelques phrases, j'ai rapidement compris qu'il aimé bien faire ce genre de chose, notamment parce que j'ai 

-malencontreusement- vu -par accident- le contenu partiel de ce petit cahier, les premières pages, de belles phrases poétiques et mélodieuses.

Il pose son ustensile sur sa table de chevet et se relève.

Je lui donne ses médicaments et engage la conversation, afin de déglacer l'ambiance qui est...tendue.

Une tension que je n'arrive pas à définir, je ne ressens pas d'animosité de la part de mon patient ... mais plutôt...de la pression. Surement parce qu'il fait deux fois ma taille et mon poids. Je suis juste intimidé.

- Tu vas bien aujourd'hui ?

Oui, je me permet de le tutoyer, on a à peu près le même âge et ça ne semble pas le déranger, et puis ça rend la situation moi malaisante.

- Oui, je suppose.

Il épie mes gestes avec attention et je capte parfois son regard sur mes jambes.

Je passe un coup d'éponge sur la petite table et Amon prend l'initiative de m'aider en passant le balai dans la pièce et en ramassant les balayures.

Je dévie parfois du regard pour analyser ce grand personnage mystérieux.

Il n'a eu aucune visite depuis que je l'ai en charge, et Rodrik semblait dire qu'il n'avait jamais vu personne demander à voir le malade, même à son arrivée.

J'ai tant de questions qui tourbillonnent dans ma caboche que je ne fais plus attention à ce que je fais, mes yeux sont dans le vague et je passe mon torchon sur la table -maintenant bien sèche- en boucle.

Amon me ramène sur terre en laissant un râle s'échapper quand il s'affale dans son petit fauteuil. Il bascule sa tête en arrière et ferme les yeux, mais les ouvre aussitôt, comme effrayé à l'idée de s'assoupir.

Il fixe le plafond blanc tandis que je range mon artillerie et que je pousse mon chariot en dehors de la chambre. Je lui lâche un sourire, et lui un geste de la main, et je referme la porte pour déambuler jusqu'à une autre chambre.

****

Vingt-et-une heures, je referme mon veston en moumoute beige synthétique et je me précipite dehors.

Light in the darknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant