~ Amon ~
Words and choices
Trois jours que Desch s'est pris cette cuite.
Il s'en est remis et on a plus parlé de ce qu'il m'a raconté ce soir-là. Mais dans ma tête ça cogite.
Je suis assis à la table du salon, Desch est encore parti à un entretien d'embauche, il les enchaîne en ces derniers jours mais n'a pas l'air de croire à une réponse positive.
Je suis tout seul dans le petit appartement de mon coloc' et j'ai ressorti mon carnet noir et mon stylo à plume.
L'histoire d'Engel m'inspire des envies de meurtres sur son violeur. Mais ma raison me dit de ne pas céder à cette tentation dévastatrice. Mon cœur lui, me hurle de trouver l'adresse de ce salopard pour l'envoyer si pieds sous terre.
Sur les pages de mon calepin, je laisse écouler toutes les horreurs qui hantent mon subconscient, mettant un maximum de détails, comme si écrire allait apaiser la haine qui me ronge de l'intérieur.
On a souvent reproché aux écrivains réalistes d'être vulgaires, mais comment faire autrement quand la réalité de notre vie n'est pas rose et fleurie ? Faite de paillettes et de courtoisie ? On se tait ? On noie son obscurité dans quelque chose d'encore plus noir, à défaut de pouvoir le diluer sur du papier parce que ça dérange certains ?
Je décris des scènes qui feraient pâlir les plus grands meurtriers du monde. Amateurs.
Je garde néanmoins la poésie dans mon cœur, rendant les horreurs écrites un plus présentables. Enjolivant la mort avec un peu de nuances, la maquillant avec des artifices superflue, pour qu'elle soit plus implicite, qu'elle fasse bonne impression. J'ai l'habitude, l'impression fait tout.
Mon démon prend possession de ma main quand mon esprit imagine ce porc en train de toucher à mon adorable Engel. Mon poings brise le stylo. Encore. Le troisième depuis le début de ma session d'écriture.
J'arrache les quelques dizaines de pages de descriptions de tortures que t'infligerai à cette ordures et sort mon briquet.
Mon coloc' a les yeux qui traînent, je l'ai découvert à mes dépends. S'il tombe sur ce genre de description, il va tourner de l'œil et me mettre à la porte, hors c'est la dernière chose dont j'ai envie. Comment je ferais pour le protéger s'il à peur de moi ?
Je fais jaillir une flamme et approche le coin du tas de feuilles froissées. La flamme le consume mais ma rage ne diminue pas et je suis tiraillé.
Une fois la calcination terminée, je prends le tas de cendres et le fous à la poubelle. Je reprends une feuille et commence à rédiger, cette fois en pensant à mon Engel.
« Jeune âme en peine qui marche sur un sentier de braises,
cheveux d'or et visage d'ange, coincé dans un état dérisoire
Virevolte dans mon esprit, brisé, coincé dans un écrin de glaise,
se débattant contre le cerbère qui garde l'abattoir.
Panse ses plaies du cœur et ses plaies de l'âme
enfermé dans une cage de frayeurs
dépose les armes devant les autres qui le blâme
Subissant les rires de ces moqueurs railleurs
Abusé par le pire des individus
Se referme sur ses actes et se détériore--- »
Ça ne veut plus rien dire, il est à chier. Je barre le dernier vers. Puis les autres aussi.
Je me lève brusquement, faisant basculer la chaise en arrière. J'étouffe, j'ai besoin d'air. J'ouvre la fenêtre du salon en grand mais ça ne suffit pas. L'air me manque et mes poumons se rétractent. Une colère noire reprend le contrôle et je balance un verre contre le mur d'en face. Il éclate, et je tire sur les racines de mes cheveux de frustration.
Qu'est ce que je dois faire, qui dois-je écouter ? La voix de la sagesse ou celle de mes sentiments dégénérés ?
Je tourne en rond et finit par attraper ma veste et sortir en coup de vent de l'appart', faisant claquer la porte derrière moi.
Je cours, encore et encore, mes poumons me brûlent mais j'en ai besoin.
« Tu es fou Amon ! Tu es fou ! Regarde ce que tu as fait ! REGARDES CE QUE TU AS FAIT! »
Manquait plus que ça. J'accélère et manque de tomber à plusieurs reprises. Mais je continue, comme si mon souffle n'était que secondaire. Tout est secondaire. Il n'y a qu'une chose qui prime. Engel. Et je ferais ce qu'il me semble bon pour lui, peu importe ce que c'est. Lui avant tout, lui avant moi.
****
J'arrive au pied de l'immeuble où Desch s'était rendu le jour de ma fuite. Pourquoi suis-je là ? Mon subconscient essaie-t-il de me faire faire un lien entre ça et ce que je m'apprête à faire ?
Peut-être.
Je balaye les noms sur les boîtes aux lettres et l'un d'entre eux attire mon regard et attise un peu plus ma haine.
Nexter Laan.
Je cogne dans la boîte, la déformant de mon poing. Mon inconscient m'a ramené directement dans la bergerie et je vais faire un massacre.
Il faut que je reprenne mon sang froid. Mon calme légendaire et absent.
Je souffle plusieurs fois et appuie sur l'interphone.
- Allô ?
- Bonjour, c'est le voisin, j'ai oublié mes clés, vous pourriez m'ouvrir s'il vous plaît.
- Bien sûr.
Silence et un Bzz automatique déverrouille la porte principale. Un jeu d'enfant.
La boucherie va pouvoir commencer. Ça faisait longtemps.
Démon, je te laisse le relais, cette fois, tu as le droit de faire tout ce qui te passe par la tête, même si c'est immoral.
****
Travail terminé. Plus facile que ce à quoi je m'attendais. Je chope le téléphone de ma victime et tapote dessus en essuyant le sang de mes gants sur mon jean clair.
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- Nexter -
Salut, raboule chez moi, c'est urgent
- Desch -
Je...je suis en entretien je peux pas tout de suite...
- Nexter -
Dépêche toi. J'ai une surprise pour toi.
La réponse d'Engel met un peu de temps à arriver.
- Desch -
Je suis là dans 5 minutes.
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J'espère que ma surprise te plaira, Desch.
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hello les amis, nouveau chapitre !
j'espère qu'il vous plaira ! Je viens de pleurer comme une madeleine à la relecture et réécriture de l'épilogue, vraiment hâte que vous le lisiez !
bisous !
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Light in the darkness
RomanceD'apparence, Desch a tout d'un jeune homme banal, infirmier lambda dans une clinique psychiatrique, il passe inaperçu. Personne ne soupçonne l'enfer qu'il a vécut étant plus jeune est c'est bien mieux comme ça, moins on le voit, mieux il se porte. ...