Chapitre 3

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 ~Amon ~

Strange nurse

« Incapable, incapable, bon à rien ! »

Apparemment cette suite de mots me résume.

Pourquoi ?

Aucunes idées.

Mais j'ai l'impression que ces suites de lettres sont imprimées dans ma peau, sont imprimées dans mon cœur, sont imprimées dans mon âme.

L'eau goutte de mes cheveux pour venir s'écraser sur mes pieds. De l'eau gelée. Il y a de l'eau chaude, mais est-ce que je la mérite ?

Est-ce que j'ai été un bon garçon ?

Je sors de la douche et enfile ma blouse impersonnelle, sans vie, sans âme, un peu comme moi finalement.

Je sors de la micro salle de bain de ma micro chambre et bute dans quelque chose. Ah non. Quelqu'un.

- Désolé je ne t'avais pas...

Je baisse les yeux et voit un petit être. Il lève les yeux et je découvre un magnifique visage, avec de magnifiques cheveux blonds, une magnifique peau blanche et de magnifiques yeux verts de gris.

Je le détaille et voit qu'il fait de même.

Je recule un peu pour avoir de l'air, mais aussi pour pouvoir regarder cette petite œuvre de manière plus claire, un beau petit corps, ses abdos se dessinant sous sa fine chemise blanche, et ses petites fesses rebondis étant parfaitement mises en valeurs dans le petit pantalon en toile qu'il porte.

Je m'assois sur mon lit et continue de le regarder.

- Je suis ton nouvel infirmier, la précédente est partie en congés maternité... tu peux m'appeler Desch.

Desch, peu commun comme prénom, mais ça lui va à merveille...Desch...

Il me tend sa main pour me saluer, pour qu'on commence une relation sociale. Pendant un moment j'hésite, et si je la lui serrais ?

« Incapable, raté ! »

Finalement non, je détourne les yeux de son magnifique minois pour les coller sur le gris de mes rideaux.

Pas de réponse, pas de problème. C'est mon dicton.

- Heu...Ok ? Tu n'es donc pas du genre amical. Bon à savoir, la prochaine fois je m'adresserai directement aux murs, j'aurais sans doute plus de réponses.

Mince. Je l'ai vexé ? Au moins il ne voudra plus faire la causette, ce n'est pas plus mal, ça me laisse plus de temps pour ranger ma tête.

Je reste assis et il commence mes soins, des cachets, comme toujours. L'infirmière d'avant aussi me gavait de pilules, comme si c'est petits bouts de plastiques allaient réparer le problème.

Rien ne peut réparer le problème. Le mal est fait. Pas de solution, que la rédemption. Mon autre dicton.

« Desch » vérifie que tout va bien chez moi, et sort de la pièce sans même un au revoir. Dommage. Sa voix sonne bien.

Un fois que la porte s'est refermée sur le petit infirmier, je prends mon calepin et mon stylo et gribouille. Je ne suis pas bon en dessin, j'ai le niveau des bonhommes bâtons.

J'écris.

Je laisse glisser les mots sur le papier blanc. La plupart du temps se sont de petites citations, des morceaux de poèmes, des choses banales du quotidien. Mais ça m'amuse, passer sa vie enfermé dans une chambre dont les portes sont plus petites que vous, ce n'est pas vraiment mon délire, alors je me mure dans mon esprit, recadre tout, toutes mes pensées, tout mon imaginaire, et je les impriment sur du papier vierge.

« Pourquoi t'es aussi con putain ! »

« Tu devrais disparaître, vraiment, j'ai honte. »

Mon poing s'excite sur la feuille, appuyant à en déchirer plusieurs pages en couche.

Je souffle et relève le crayon. J'ai bousillé la mine. Encore.

Les mots délicats que j'avais écrits se sont fait écraser par les démons qui m'habitent, en une colocation démentielle.

Je déchire les feuilles trouées et balance mon calepin sur ma table, juste en face de mon lit. Je prends ma tête entre mes mains et me rassois.

Mes ongles s'enfoncent dans mon cuir chevelu mais je ne ressens rien.

En fin de compte ça fait bien longtemps que je ne ressens rien.

Est-ce que j'ai déjà ressentis quelque chose ?

J'enlève mes mains de ma tête, mes ongles sont recouverts de sang.

Mais je n'ai pas mal. Tout comme quand je me taillade les poignets ou que je retiens mon souffle jusqu'à m'en brûler les poumons.

Non.

Plus rien n'a d'effets sur moi.

Même les mots, ces dagues invisibles qui blessent parfois plus que les armes à feu.

Mon gilet pare-balle est troué, du sang coule des plaies béantes qui sont en moi. Mais ce n'est pas grave, tout ce qui me tient en vie c'est cette absence de douleur. Je veux la ressentir à nouveau. Pour me prouver que je ne suis pas tout à fait mort.

Que je peux être comme les autres.

Pourquoi c'est aussi dur de vivre ?

****

Hi ! premier chapitre avec le point de vue de notre Amon international ! 

j'espère que ça vous a plu ! 

je publie un peu quand j'ai envie, au début je voulais faire tous les vendredis mais je trouve ça long alors je verrai si je trouve une alternative mais pour l'instant je vais faire au jour le jour. 

bye !!

Light in the darknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant