Chapitre 21

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~ Amon ~

Compassion

Une fois qu'il est lancé il ne s'arrête plus, même si je vois à plusieurs reprises la douleur déformer ses traits. Il sait sans doute que s'il fais une pause, il ne pourra plus reprendre.

Au fur et à mesure de son récit, mon visage se décompose et ma prise se resserre sur sa main.

Je vais buter son frangin, j'annonce.

Comment quelqu'un a pu s'en prendre à un être aussi doux et gentil que mon Engel.

Nexter c'est ça ? Je crois bien que oui. Et bien mon cher Nexter, profite bien de tes derniers jours de vie parce que je vais t'envoyer en Enfer en limousine, et rassure toi, je pense qu'en bas tu aura droit au carré VIP.

Je passe mon bras dans le dos de mon colocataire et le colle à mon torse, encore.

Il pleure à chaudes larmes sur mon haut, se mouchant presque dedans. Je le serre le plus possible, comme si je pouvais aspirer toutes les choses qu'il a dû subir.

On reste un moment dans ce silence pesant.

- Tu sais ce que c'est le pire ?

Je ne répond rien et il plante ses yeux dans les miens.

Il sert mon t-shirt dans ses poings, sur le point de retomber dans l'océan de larmes qui menace de l'emporter.

- C'est que j'ai continuer, que j'ai continuer de baiser avec lui, parce que je voyais qu'il allait mieux, il souriait, était tendre malgré tout. Et c'était le seul qui me voyait vraiment, le seul qui percevait le mirage que j'étais.

Je laisse ma tête tomber à sa hauteur pour coller mon front au sien.

- Desch, tu n'es pas responsable, tu t'es fais manipuler, ton...frère t'as fais croire que tu étais consentant, mais c'est faux. Tu n'es pas coupable, tu m'entends ?

Mon petit coloc' détourne le regard mais je le fais revenir en tirant son menton vers moi.

- Tu as compris ? Tu n'es pas coupable, tu es la victime dans cette histoire.

- tu ne comprends pas...les autres fois c'est moi qui suis allé le trouver...je me disais que si je lui faisais plaisir il me parlerait...l'un des membre de ma famille ouvrirait enfin les yeux sur mon existence...

La co-dépendance. Voilà de quoi souffrait Desch, le besoin viscéral de d'aider les autres pour se sentir vivre à travers leur gratitude.

Le syndrome du sauveur.

Je comprend mieux sa dévotion inconditionnelle pour moi pour tous les patients de la clinique, je comprends son choix professionnel.

Desch a besoin de se négliger et de se mettre en retrait par rapport aux autres, a besoin de les aider, de les prendre en charge et de veiller sur eux pour se sentir aimé.

Je caresse doucement ses cheveux et blottis un peu plus sa tête contre moi.

- Engel, tu n'as rien à te reprocher.

- Mais j'ai cautionné à mes propres abus, j'ai--

- Tu n'y ai pour rien. C'est ton frère le fautif, c'est lui le seul responsable de ce que tu as subit.

Il se remet à pleurer et je le laisse se vider de toute son eau.

- Tu es le premier qui me prend au sérieux...les autres m'ont ignoré...on ignorer la douleur qui me rongeait...Pire, il y a même des fois je suis sûr qu'ils faisaient exprès de me laisser seul avec lui...pour me punir de je-ne-sais-quoi.

Light in the darknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant