Tome 3 : Obsession

Chapitre 19 : Arès

Je ne la reconnais pas. Ce n'est pas ma Mia que j'ai en face de moi. C'est pourtant bien son corps face au mien, c'est bien elle qui vient de m'ordonner de fermer ma gueule et c'est elle qui m'a foncé dessus pour m'attraper par le col. Mais son visage, ce n'est pas celui qu'elle porte habituellement. Celui qu'elle me montre n'est que colère, il maudit le monde entier et je n'en connais pas les raisons.

Ne sombre pas princesse.

— Explique-moi, Mia.

Et le regard qu'elle me lance reflète encore plus de colère. Un truc qui remue mes entrailles.

Elle doit m'expliquer, elle ne peut pas me laisser comme ça alors qu'elle est là, face à moi, le visage, les mains et les vêtements remplient de sang. Pas alors que je ne sais même pas si une partie de ce sang est le sien. Elle n'a pas droit de me laisser dans l'ignorance, jamais.

— Où est Mik...

— Je t'ai dit de ne pas prononcer son nom, jamais ! Explose-t-elle en me repoussant violemment

— Qu'est-ce qu'il t'arrive Mia, merde !

— C'est énervant de ne rien savoir, n'est-ce pas ?

— Ne joues pas à ça avec moi.

Un rire cynique passe la barrière de ses lèvres et je ne la reconnais plus. Ce n'est pas ma princesse, c'est impossible. Ce n'est pas ses expressions, ce n'est pas sa façon d'être. Non, Mia EVANS brille, elle ne peut pas s'éteindre et elle ne peut pas me rejeter aussi violemment.

— Il va vraiment falloir que tu m'expliques, Mia.

— Je dois aller voir Dimitri.

Son regard n'est plus du tout le même à la suite de cette phrase. Il reflète la douleur, mais je vois qu'elle se bat de toutes ses forces pour la contenir, pour ne pas qu'elle explose. Et je la vois parvenir à faire remonter la colère pour la couvrir.

Je n'aime pas ça, alors je tends la main pour la poser sur sa joue. J'ai besoin de l'apaiser, j'ai besoin qu'elle me montre son sourire, maintenant. Mais elle claque ma main pour la repousser et tout mon corps se tend. Elle ne peut pas me faire un truc pareil, jamais.

— Qu'est-ce que tu me fais là ? Demandais-je les mâchoires serrées

— Je t'interdis de t'approcher.

— Tu te fous de ma gueule ?

— Non.

Cette fois c'est moi qui l'attrape par le col de son pull. Elle ne bronche pas, me regardant toujours droit dans les yeux avec ce regard qui m'oppresse, ce regard qui me chuchote qu'elle me hait. Je ne le supporte pas, alors je la pousse à reculer jusqu'à ce que son dos heurte le mur, mais il n'y a toujours aucunes réactions de sa part.

— Ce n'est pas toi ça, Mia.

— Ah oui ?

— Non, la Mia que je connais ne me regarderais jamais de cette façon. La Mia que je connais m'expliquerais la situation pour que je puisse l'aider. Ma Mia ne me laisserait pas avoir mal.

— Cette fille-là est morte. Tu sais, comme les papillons qui vont vers le coquelicot pour tuer une version d'eux même.

— Tu ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas...

— Je n'ai pas le choix ! Vous ne me laissez plus le choix.

— Quoi ?

— Vous ne m'avez pas laissé le choix. Répète-t-elle. Vous m'avez tous poussé vers le coquelicot. Je vais devenir comme vous, je vais survivre à ça et...