Epilogue : Mia

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Le temps est passé plus vite que je ne le pensais, certainement parce que je ne suis jamais seule. Arès n'est jamais bien loin, observant quasiment tous mes faits et gestes et au moindre signe qui montre que je suis en train de retourner dans des endroits où je ne veux pas être, il est là, ses bras autour de mon corps formant une barrière protectrice.

La journée ça va, je parviens à garder le cap, mais la nuit c'est un cauchemar. Dès que mes yeux se ferment et que le sommeil m'emporte, je les vois, ces images gravées au fer rouge dans mon cerveau, ces sons qui résonnent sans cesse dans mes tympans.

C'est pourquoi je suis là, dans la cuisine à 5h34, aujourd'hui c'était Mikhaïl. C'est lui très souvent, certainement parce que j'ai tout vu, certainement parce que son sang a recouvert mes mains, certainement parce que j'ai cru pouvoir le sauver et que chaque détail de ce moment est ancré en moi. Et peut-être que c'est toujours lui parce que je ne veux toujours croire au fait qu'Ali et Lev s'en soient sorti.

Je suppose que c'est ridicule et pathétique d'espérer une chose pareille après tout ce temps, 2 mois et 18 jours sont passés depuis l'explosion. C'est certainement le déni, certainement parce que je ne suis pas capable d'accepter de les avoir perdu eux aussi.

Je n'en sais rien, mais je m'en veux de faire subir tout ça à Arès. Mes nuits étant chaotiques, les siennes le sont également. Parce qu'il se réveille à chaque fois, m'incitant à venir m'allonger sur lui, il caresse mon dos et ma nuque jusqu'à ce que je me rendorme. Je lui ai proposé de dormir séparément une fois, je n'ai jamais recommencé, j'ai bien cru que je venais de dire la chose la plus interdite au monde. Je ne recommencerai pas, mais ça n'empêche pas que je culpabilise de l'empêcher de se reposer.

Je soupire et rempli de nouveau mon verre d'eau. Je sais qu'Arès ne tardera pas à venir ici, malgré le fait que je fasse de mon mieux pour ne pas le réveiller, je crois qu'il a un radar et que si je disparaît, dans la minute qui suit il est au courant.

Cette fois encore, ça ne loupe pas, j'entends des pas venir en direction de la cuisine. Je soupire une nouvelle fois, pivote pour lui faire face, mais lorsque mon regard tombe sur la personne présente dans la pièce, le verre m'échappe des mains, s'éclatant sur le sol et mes yeux me brûlent, je les frotte frénétiquement, me disant que je suis certainement en train de rêver, mais il est toujours là, un sourire aux lèvres.

Tu ne t'es pas fait mal ? Questionne-t-il

Dimi... Dimitri ? Bégayais-je le regard fixé sur lui

C'est moi.

Je cours jusqu'à lui, attrape son visage en coupe et l'examine sous toutes les coutures. Je veux être certaine qu'il aille bien, qu'il ne soit pas blessé et que rien ne lui soit arriver.

Je vais bien, Mia. Sourit-il en attrapant mes mains

Mais... T'es sûr ?

Oui.

T'es vraiment un enfoiré, tu le sais ça ? Tu ne m'as pas donné de nouvelles depuis qu'on s'est vu à Palerme. Je t'ai appelé plusieurs fois tu n'as jamais répondu, pareil pour les messages, aucune réponse, aucun signe de vie, rien ! Je ne savais pas où tu étais, ni ce que tu faisais, ni si tu avais besoin d'aide, je ne savais rien du tout. Est-ce que tu sais à quel point j'étais inquiète ? Est-ce que tu sais à quel point j'avais peur qu'il t'arrive quelque chose à toi aussi ? Tu te rends compte de...

Je savais que ça se passerai comme ça. Ricane Arès dans mon dos

Moi aussi je suis content de te revoir, p'tite sœur.

Tome 3 : ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant