Chapitre 37 : Mia

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Je suis arrivé à Naples depuis plus d'une heure, mais je n'ai toujours pas quitté l'aéroport. J'ai peur. J'ai tellement peur. Pour tout un tas de raison. A commencer par mon face à face avec CASSANO, l'homme qui a nourri mes cauchemars pendant des années.

J'ai peur de ne pas pouvoir contrôler ma réaction. J'ai peur de redevenir cette adolescente faible et terrifiée une fois face à lui. J'ai peur de lui montrer que finalement, je n'ai pas changé, que finalement il aura toujours le dessus sur moi peu importe à quel point je me suis évertué à devenir meilleure. J'ai peur de trembler, peur qu'il le voit et s'il le fait, le combat est perdu d'avance.

Je suis terrifié par les paroles qu'il prononcera, parce que j'ai fui l'information d'Arès, je ne voulais pas l'affronter. Je ne veux pas confirmer le fait que je suis bel et bien de son sang, ça ne peut pas être possible. J'ai grandi avec un père et une mère qui me chérissaient, c'est eux mes parents. Valentin EVANS est mon père, ça ne peut pas être quelqu'un d'autre, ça ne peut pas être un monstre comme Adriano CASSANO.

Et je suis morte de peur à l'idée d'affronter la suite si je survie. Je ne veux pas le faire. Je ne veux pas survivre à tout ça, parce que si je suis toujours debout à l'heure qu'il est, c'est simplement parce que j'ai un but. Quand je n'en aurais plus, tout ce que je me suis tué à enfermer à l'intérieur m'explosera à la figure et je ne veux pas faire face à ça.

C'est plus simple d'ignorer tous ces monstres planqués sous le tapis quand on a une ligne d'arrivée à franchir, mais une fois qu'elle est franchis, ces créatures se réveillent et elles auront bien l'intention de vous réduire en charpie. Une fois que vous vous arrêterez parce qu'il n'y aura plus de raison d'avancer, elles vous attraperont par les pieds et elles vous boufferont jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de vous.

Et je crois que ça m'effraie bien plus que tout le reste, parce que je ne veux pas être seule avec moi-même, parce que je suis mon propre monstre.

Je dois arrêter de penser à tout ça, je dois avancer un pied après l'autre et le premier pas est pour Elias. Parce qu'il a besoin que j'aille le chercher. Je penserais à toutes les conséquences plus tard, autrement je vais recommencer à fuir.

Depuis quelques semaines, j'ai l'impression qu'il y a deux versions de moi-même et les deux sont complètement opposé. Il y en a une qui est terrifiée et qui aimerait partir se cacher dans un coin isolé pour ne jamais en ressortir. Et il y a l'autre, celle qui veut tout affronter, celle qui hurle à la vengeance pour ce que nous avons perdu.

J'ai besoin d'être cette deuxième version encore un moment, parce que c'est avec elle que je pourrais protéger ce qu'il me reste.

Je sors enfin de cet aéroport, me dirigeant vers un taxi disponible. J'arme mon âme de toute la colère qui m'a permis d'avancer jusqu'ici. Le chargeur est rempli depuis bien longtemps, une balle de plus et tout explosera pour faire éclater mon âme un millier de morceaux. Parce que la colère est une arme à double tranchant, elle peut vous transporter comme vous détruire en une fraction de seconde. Et à un certain stade, il ne vous reste qu'à prier pour qu'elle n'implose pas au mauvais moment.

Alors je prie.

***

Le taxi me dépose à un kilomètre de la maison de CASSANO comme je le lui ai demandé. Ça me laisse le temps de fumer une cigarette et de solidifier le cadenas de la cage dans laquelle j'ai enfermé ce qu'il me reste d'émotions.

J'ai finalement décidé que j'entrerai dans cette maison normalement, il m'y a invité et je suis de toute façon certaine qu'il n'aura pas laissé Elias à l'endroit de la photo. Alors peu importe, je ferai face à Adriano en premier si c'est ce qu'il a décidé. Je jouerai à son jeu.

Tome 3 : ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant