Chapitre 1 - Un mois avant l'incident

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- Eh, tu m'écoutes au moins ?

Oui. Non ? Aucune idée, j'étais partie loin, très loin dans mes pensées. J'étais distraite depuis quelques jours. Bon, si je devais être tout à fait honnête, j'étais distraite depuis quelque temps.

- Oui, oui, je dois porter du vert émeraude, tentai-je.

Il fronça les sourcils, perplexe avant de soupirer.

- Non, je te demandais si tu voulais porter du vert émeraude, ma meilleure styliste créera la robe que tu souhaites, évidemment.

Lyam détenait la marque de vêtements la plus en vogue du pays. Il était également un des plus jeunes entrepreneurs à avoir vu sa carrière décoller en un temps record. Tous ceux qui suivaient les tendances rêvaient de s'arracher les vêtements Lanssens. Avec sa collaboratrice, Mélanie, ils innovaient sans cesse. C'était un honneur qu'il me laisse imaginer ma robe de témoin pour son mariage et encore plus en sachant qu'il serait griffé officiellement du sceau de la marque.

- Ah merci, c'est génial, je la vois quand ?

Lyam me lança un regard qui voulait clairement dire : « non, mais tu te fous vraiment de moi ? » auquel je souris simplement.

- Demain, grommela-t-il.

OK, il avait sûrement déjà dû me donner l'information quelques minutes plus tôt. De nouveau, je lui balançai un sourire contrit.

Mon meilleur ami avala une gorgée de son Coca Zéro, l'air pensif. Cet état ne dura pas longtemps, il n'était pas du genre à tergiverser.

- Tu vas me dire ce qui t'arrive depuis plus de deux ans maintenant ?

Je le dévisageai comme s'il disait une absurdité. J'étais une belle hypocrite.

- Je ne comprends pas...

Il me coupa la parole.

- Ah non, pas de ça ! Ça fait des mois que tu fais l'autruche dès que je cherche à en savoir plus. Il t'est arrivé quoi quand je vivais à Anvers ?

Mes sourcils se haussèrent, continuant mon petit numéro d'ingénue.

Il m'attrapa la main, celle qui trahissait ma nervosité en tapotant sur la table métallique de ce petit bar branché. Nous étions en extérieur, il faisait bon. Lyam cala ensuite son regard dans le mien.

- Parle-moi, Mantis, je ne peux pas t'aider si tu ne me dis rien.

Je battis des cils comme une parfaite idiote.

- Mais je n'ai pas besoin d'aide, lui répondis-je. J'ai une carrière qui décolle et grâce à mon meilleur ami, j'ai un style démentiel, je...

Il me coupa, encore.

- Meilleur ami ? railla-t-il. Tu ne me dis rien et tu m'estimes comme ton meilleur ami ?

Cette fois, je soutins son regard avec détermination et serrai sa main à mon tour.

- Lyam, tout va bien, je te le redis, mais si tu cherches à ce que je sois malheureuse, c'est exactement comme ça que tu peux commencer.

Il se rencogna dans son siège. J'avais gagné cette bataille, je le savais. Si je l'avais perdue, il serait parti comme un enfant râlant pour un caprice.

- Tu as changé, me jeta-t-il néanmoins.

C'en était trop, vraiment trop. Aussi, je m'énervai.

- Tu aurais préféré que je reste cette fille en survêt qui jurait comme un charretier et qui n'avait pas une once de savoir-vivre ?

J'étais tellement crispée que mes poings s'étaient serrés sans que je n'en prenne conscience. Heureusement qu'il ne me tenait plus la main.

Cœur meurtri ('Nombreux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant