Chapitre 35 - Quinze jours après l'incident

24 3 2
                                    


// Ben

Honnêtement ? Je n'avais pas imaginé que je pourrais un jour passer autant de temps à l'hôpital et aimer ça à ce point. Bon, il fallait dire que dormir dans un vrai lit et recevoir enfin des soins aidait énormément à me sentir bien. Au Mali, j'avais été déshydraté, brûlé et amoché comme pas possible suite à l'explosion. En outre, être plus ou moins rafistolé sans matériel stérile et sans une bonne dose de médocs juste avant une traversée de terres arides en plein soleil avait peut-être fait pire que mieux. Mais c'était le prix à payer pour être ici, aujourd'hui. J'avais échangé au cours des quinze derniers jours pas mal de messages avec August et il m'avait annoncé trois jours plus tôt qu'il était sorti de l'hôpital et avait pu rejoindre sa famille. J'étais heureux pour lui, réellement. Ce que nous avions vécu lui et moi dépassait l'entendement. Nous avions traversé tellement d'épreuves ensemble et franchement, je lui devais la vie. Parfois, avant de dormir, je tentai de chasser de mon esprit toutes les images qui me hantaient. Toutes ces fois où l'un comme l'autre, nous avions eu envie d'abandonner tant le chemin à parcourir nous semblait infranchissable. Nous avions eu soif, chaud, froid aussi pendant la nuit, faim et nous avions été épuisés, usés jusqu'à l'os. Mais ensemble, nous avions tenu bon.

Je me débarrassai de ces pensées qui réussirait à tous les coups à me déprimer si je les laissai me submerger. Je m'apprêtai à entrer dans la chambre d'Anaïs comme je le faisais depuis deux semaines, maintenant. Bon. D'accord. C'était peut-être pour ça aussi que mon séjour à l'hôpital ne me dérangeait pas tant que ça. Quand nous ne recevions pas de visites ou de soins, nous passions tout notre temps ensemble.

Au départ, j'avais peur de l'étouffer puisque c'était toujours moi qui me déplaçais jusqu'à sa chambre étant donné son incapacité à marcher pour le moment. Alors, un jour, j'avais voulu lui laisser un peu d'espace et je n'étais pas venu jusqu'à elle. Eh bien, elle avait supplié son infirmier de me demander pourquoi je ne voulais pas lui rendre visite. J'avais trouvé ça marrant dans un premier temps et puis j'avais réalisé à quel point elle tenait à ma présence à ses côtés et ça, ça n'avait pas de prix.

Ces jours entiers que nous passions l'un avec l'autre, nous ne faisions que discuter. De tout et de rien, principalement, rien de bien profond ou sensible, juste des anecdotes sans but précis. Nous rattrapions toutes ces conversations que nous n'avions jamais pu avoir.

Cependant, c'était mon dernier jour à l'hôpital et j'avais besoin de savoir si elle tenait à ce que je revienne à son chevet ou non. En clair, il fallait que nous fassions le point sur ce que nous étions l'un pour l'autre.

Je frappai deux coups à la porte et la voix réjouie d'Anaïs m'enjoignit à entrer.

- Salut, dis-je en esquissant un léger sourire.

- Salut, répondit-elle avec plus d'enthousiasme.

Jamais je ne me lasserais de la voir comme ça. En revanche, si elle refusait de m'accorder une deuxième chance... j'ignorais comment j'arriverais à l'oublier. Ça me semblait franchement impossible.

Elle finit par froncer les sourcils en découvrant ma mine embarrassée.

- Quelque chose ne va pas ? s'enquit-elle.

Je haussai les épaules, ne sachant pas très bien si je m'apprêtais à annoncer une bonne nouvelle ou non.

- Je quitte l'hôpital demain, je suis prêt à rentrer à la maison.

Son visage se déforma un instant avant de reprendre un masque plus... joyeux ?

- Oh, c'est super ça, je suis contente pour toi !

Cœur meurtri ('Nombreux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant