Chapitre 34 - Deux jours après l'incident

28 3 2
                                    

// Anaïs

J'étais incapable de parler, de cligner des paupières et même de respirer, j'en avais l'impression, tout du moins. Ma gorge était obstruée et cette sensation était des plus désagréables, c'était même carrément horrible, une véritable torture. J'aurais aimé pouvoir arracher cet objet. Non, en réalité, je n'avais rien dans mes voies respiratoires. C'était tout comme, cela dit. J'avais l'impression que cela avait été le cas. Avais-je été intubée ? Je me souvenais être à l'hôpital et puis... ça avait été le trou noir et pourtant, j'avais lutté durement pour revenir, mais rien n'y avait fait, j'avais fini par sombrer dans de terrifiantes ténèbres. Entendre la tristesse dans la voix de mes parents avait été un tel martyre que j'avais tout fait pour me sortir de là, mais il fallait croire que mes efforts n'avaient pas été suffisants.

- Vous aviez dit qu'elle était en train de se réveiller, rouspéta Lyam.

Ah oui ? Étais-je en train de le faire ? Évidemment, je savais que j'étais consciente, mais étais-je capable d'ouvrir les yeux et de m'éveiller juste à la force de ma volonté ?

- Il lui faut du temps, c'est normal, expliqua avec gentillesse ce que j'imaginais être une médecin ou une infirmière. Votre amie revient de loin, elle a failli perdre la vie, hier, c'est une battante, mais elle a besoin de recouvrer des forces.

Moi, une battante ? Ce n'était pas l'impression que je me donnais.

« Ben est vivant. »

Je me sentis frémir. Lyam venait-il de le dire ou était-ce une mauvaise farce venant tout droit de mon imagination ?

- Mantis ! s'écria mon meilleur ami.

Je sentis sa main autour de la mienne et je compris plusieurs choses. Premièrement, Lyam ne venait pas de m'annoncer que Ben était vivant, cette voix avait été beaucoup trop lointaine en comparaison de la sienne, à l'instant, si claire et audible. Deuxièmement, avoir envisagé de me laisser sombrer dans le néant était une belle connerie, je le savais à présent en sentant la chaleur de mon soleil contre ma peau, celle de Lyam. Troisièmement, si je sortais de cet hôpital, je devrais profiter de la vie, peu importait ce qui me tomberait dessus dorénavant. La vie était beaucoup trop courte pour en gaspiller un seul moment.

- Vous avez appelé ses parents pour les prévenir de son réveil ? demanda l'infirmière en s'adressant à mon meilleur ami, du moins, je l'imaginais.

- Oui, ils sont en route, rétorqua-t-il d'une voix rauque.

Lyam était... ému ?

- Sunshine...

Oh. Chris était également présent ? J'aurais dû m'en douter, il n'aurait jamais laissé Lyam seul s'il y avait un risque qu'il m'arrive quelque chose de... définitif.

- Ouais ?

- Va le chercher, s'il te plait.

La voix de mon meilleur ami était presque un murmure, mais je ne pris pas le temps d'essayer de décrypter ses paroles, car une douleur sourde se réveilla dans ma jambe. Je gémis.

- C'est rien, chérie, réveille-toi, on t'aidera à guérir, mais pitié, reviens parmi nous.

Eh bien, c'était plus facile à dire qu'à faire. En acceptant cela, je devais en assumer les conséquences et toute la douleur qui y était associée. C'était atroce. Je poussai à nouveau un soupir d'inconfort et me tortillai légèrement. Mon Dieu, j'arrivais à bouger !

- Encore un petit effort, il faut que tu ouvres les yeux, j'ai une mégasurprise pour toi.

C'était tout Lyam, ça, couvrir les gens qu'il aimait de cadeaux, il l'avait toujours fait. Mais forcément, si je fis cet ultime effort d'ouvrir les yeux malgré la douleur lancinante dans mon crâne, ce n'était pas pour recevoir quelque chose, mais bien pour le voir, lui, pour admirer les traits parfaits de mon ami et lire l'émotion dans son regard.

Cœur meurtri ('Nombreux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant