Chapitre 8 - Neuf ans avant l'incident

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Ma tête me faisait un mal de chien, c'était horrible à supporter. Et que dire du reste de mon corps ? Je n'avais jamais ressenti de sensation similaire de toute ma vie. Je me sentais complètement groggy et en même temps, j'avais l'impression qu'une douleur latente n'attendait qu'à ressurgir. C'était étrange et effrayant à la fois. Je peinai à ouvrir mes yeux. Je le voulais, je le désirais de toutes mes forces, mais cela me demandait un effort considérable.

- On dirait qu'elle se réveille, chuchota une voix familière, un filet d'espoir perçant son murmure.

Était-ce Nathan ? J'en avais la sensation. J'aurais aimé pouvoir le vérifier, mais je ne parvenais toujours pas à bouger ces satanées paupières. Je gémis sous la frustration et une main très délicate recouvrit la mienne.

- Doucement, ma chérie, prends ton temps.

Ça, c'était ma mère. Il y avait quelque chose d'inhabituel dans le ton qu'elle avait employé, une sorte de panique masquée derrière une fausse candeur. Elle était morte de trouille, ça s'entendait.

Moi, je ne voulais pas prendre mon temps, je voulais les rassurer et leur dire que j'allais bien. Mais ça aussi, c'était peine perdue, je n'arrivais pas à parler. Ma gorge était trop sèche pour ça, pâteuse et râpeuse à la fois. Mais que m'était-il donc arrivé ?

- Que... tentai-je, en vain.

- Tu as eu un accident de voiture, m'expliqua calmement Maxime.

Un accident de voiture ? Comment était-ce possible ? Et avec qui étais-je donc pour que mes frères et ma mère en aient été épargnés ?

Tout à coup, je paniquai à l'idée que mon père soit également mal en point ou... pire. Mon cœur battit beaucoup plus vite sous le coup de l'angoisse et je me mis à haleter.

- Calme-toi ma puce, il faut que tu respires plus doucement, m'enjoignit mon paternel.

Non, il était bien là, ce n'était donc pas lui au volant lors de l'accident. Du moins, c'était ma conclusion. Je fus soulagée d'apprendre que les personnes qui comptaient le plus au monde pour moi étaient en bonne santé ou semblaient l'être, tout du moins. Il restait Lyam à qui je tenais énormément, mais il n'aurait pas été assez stupide pour conduire une voiture alors qu'il n'avait même pas le permis.

C'est en songeant à lui que les souvenirs affluèrent peu à peu. D'abord, ce fut un peu nébuleux, flou et incertain et puis petit à petit, tout devint beaucoup plus précis et je pus me souvenir de ma soirée d'anniversaire avec clarté.

Lyam était gay. J'avais embrassé Ben. Je m'étais enfuie avec un inconnu qui avait consommé de la drogue.

J'aurais finalement préféré ne pas être capable de me souvenir, car toutes ces images ressemblaient davantage à un cauchemar. Mais non, c'était l'affreuse réalité dans laquelle j'étais en train d'émerger.

Sans que je le réalise tout de suite, un médecin ou un infirmier était en train de prendre mes constantes et de discuter avec mes parents sur les circonstances de mon réveil. Il s'adressa ensuite à moi :

- Anaïs, tu m'entends ? demanda-t-il.

Sa voix était chaleureuse, paisible et grave, il y avait quelque chose d'agréable au fait de l'écouter.

- Ou... oui.

Je fus heureuse d'arriver à articuler ce simple mot, cela me semblait déjà être une victoire.

- Comment tu te sens ?

Je dus me concentrer pour articuler le seul mot qui me semblait désormais et plus que jamais vital.

Cœur meurtri ('Nombreux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant