Chapitre 29 - Trois ans avant l'incident

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// Ben

C'était la troisième fois que ce type accompagnait Anaïs en soirée. Si le message n'avait pas encore été clair les deux premières fois, il était désormais limpide. Elle avait tenté de me faire réagir en me menaçant de rencontrer quelqu'un et comme je n'avais pas protesté, elle avait mis sa menace à exécution. Si ça me rendait malade ? Complètement ! Rien qu'à imaginer que ce gars pouvait poser ses mains sur elle, j'avais envie de gerber. Je ne dormais même plus tant j'avais envie de tout casser autour de moi et d'empêcher ce Chris de respirer. Mais tout était ma faute, alors je devais juste fermer ma gueule et assumer les conséquences de mes actes en silence. Si Anaïs était plus heureuse avec un autre, alors, je n'avais qu'à m'en contenter. Après tout, je n'avais pas réussi à faire son bonheur, un autre aurait peut-être plus de chance que moi d'y parvenir.

Le premier soir, quand Lacombe Junior avait annoncé qu'An' voulait draguer le serveur de son bar du troisième âge, je n'avais tout d'abord pas pris la menace au sérieux. Mais quand le gars en question avait débarqué, j'avais dû ravaler mon arrogance. Ce type, Chris, avait tout de ce qu'Anaïs recherchait physiquement chez un homme. Il cochait toutes les cases de ses critères de beauté et en plus... il avait son âge. La menace était réelle.

Le deuxième soir où il s'était ramené, j'avais cru perdre la tête. Lacombe Junior les avait laissés seuls tous les deux près du bar, leur permettant de faire réellement connaissance et se draguer très ouvertement. Pour ne pas devenir complètement fou, j'étais monté avec mes amis, essayant de ne pas m'imaginer un million de scénarios sensuels entre eux deux.

Sauf que le pire était arrivé. Anaïs et lui étaient montés et s'étaient dirigés tous les deux vers les toilettes du Baratin. Je n'avais rien pu dire, rien pu faire. Quand Lyam était monté nous rejoindre en panique pour demander « où était Mantis ? », j'étais à deux doigts de le secouer et de lui demander ce qui lui avait pris de baisser sa vigilance, lui qui avait toujours écarté les autres menaces à ma place. Le comble du comble avait été la réponse amusée de Malone : « aux toilettes ». Son frangin l'avait pris – je ne savais pour quelle raison – pour lui, alors qu'il était clair que mon meilleur ami me lançait cette pique à moi et rien qu'à moi seul. Même si nous n'en parlions pas, je voyais à son regard qu'il jugeait mon manque d'engagement et qu'il cherchait à me faire comprendre que j'avais récolté ce que j'avais semé. Malone n'était pas lâche comme moi, il aimait ses proches et voulait les protéger, parfois d'eux-mêmes et de leur connerie, comme dans mon cas. Mais ça restait ma vie et mes décisions et malgré tout, il me respectait bien assez pour ne pas intervenir davantage.

Cette nuit-là, la jalousie m'avait rongé toute la nuit en réalisant que c'en était fini de ma relation avec ma Misiu, qu'elle avait franchi une ligne en étant intime avec un autre et que je ne pouvais rien lui reprocher puisque je lui avais limite donné ma bénédiction pour ça.

Nous en étions donc au troisième soir où je voyais ce gars entrer dans le Baratin avec ma... avec An'. Je m'écartai un instant avant qu'on ne puisse m'apercevoir, ne sachant plus très bien si c'était réellement une bonne idée de me torturer à ce point en la voyant roucouler avec un autre mec que moi.

- Ben ? s'étonna une jeune femme en me voyant hésiter.

C'était Clémentine, une ancienne copine de classe que j'avais revue un an plus tôt alors que je mangeais une glace avec Anaïs sur la place. Cette rencontre nous avait d'ailleurs valu une dispute.

- Salut, Clem, feignis-je la nonchalance.

Elle m'examina un moment, comme si elle tentait de comprendre ce que j'étais en train de fabriquer avant de me poser finalement la question.

Cœur meurtri ('Nombreux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant