Chapitre 7 - Vingt-deux jours avant l'incident

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Je venais de terminer la première traduction du roman de Jennifer L. Armentrout et bon sang, quelle fin ! J'étais heureuse à l'idée de pouvoir livrer ça au public francophone. Ce bouquin allait se vendre comme des petits pains, j'en étais certaine. Avec un peu de chance, notre prime avant les vacances serait complétée d'un petit bonus grâce à cela.

Comme à chaque fois que j'achevais la traduction d'un ouvrage, je m'octroyais une petite pause avant la première relecture. Il fallait que je me décolle un peu de ce texte pour avoir les idées plus claires et être capable de repérer des coquilles éventuelles ainsi que des maladresses de langage. La maison d'édition pour laquelle je travaillais étant française, il fallait à tout prix que j'évite les belgicismes.

Cela faisait deux ans que je bossais dans cette boite et à vrai dire, notre département n'était pas beaucoup plus vieux que cela. Notre entreprise éditoriale avait décidé de développer ses bureaux aux quatre coins de la France ainsi qu'en Suisse et en Belgique pour permettre une certaine mixité et diversité chez ses employés. Cela permettait selon les directeurs de varier les points de vue et de développer d'autres perspectives.

Je devais bien reconnaitre que ce choix m'arrangeait beaucoup, sans quoi je n'aurais pas découvert ce job que j'appréciais énormément et surtout, je n'aurais pas fait la rencontre d'Alicia.

Heureusement que cette dernière avait été présente cette semaine pour me remonter le moral après le fiasco du samedi précédent. Après ce qui s'était passé, j'avais juste eu envie de me terrer sous ma couette et de ne plus jamais ressortir de mon appartement. Lyam avait tenté de m'appeler au moins une centaine de fois et était même passé jusque chez moi, mais j'avais fait la sourde oreille. Le problème n'était pas que je ne voulais pas lui parler, mais j'avais beaucoup trop honte. Désormais, mon secret – notre secret – avait été révélé au grand jour et je n'oublierais jamais les regards qui avaient été posés sur moi. Il m'était même impossible d'ignorer la déception que j'avais lue sur les traits de mon meilleur ami.

Je ne lui avais rien dit.

Non, pire, je lui avais menti pendant des années.

Mais... Lyam avait pour habitude d'abimer ou détruire tout ce qui était sur son passage. Et s'il avait été jaloux de ma relation avec Ben ou que ça l'avait dérangé d'une quelconque façon, eh bien... je savais qu'il aurait tout fait pour gâcher ce qu'il y avait entre lui et moi. Et même si ce n'était pas grand-chose, c'était important pour moi. Ça avait compté à un moment.

En outre, comment pouvais-je désormais prendre le risque de ressortir avec lui, avec sa petite bande en sachant à quel point Laure me détestait ? Et c'était légitime de sa part. J'étais monstrueuse.

J'aurais aimé avoir l'occasion de lui dire à quel point je regrettais. Mais n'était-ce pas un peu mentir à nouveau ? Oui, il y avait des choses que je n'aurais plus faites si j'avais l'occasion de revenir en arrière, mais tout effacer ? Ça, non.

Je saisis mon portable et ouvris Messenger. Je sélectionnai ma conversation avec Ben, celle dont le dernier message était un cœur brisé. Ça datait d'un peu plus d'un an, mais je n'avais pas le courage de supprimer tous ces souvenirs, alors, ça resterait comme ça.

Je fixai un très long moment les icônes d'appels. Je savais que ce n'était pas le moment de lui parler, car non seulement, j'étais au travail, mais en plus, je n'avais pas réellement préparé de texte dans ma tête. Ce qui était certain, c'était qu'il fallait que je lui dise qu'il avait mal compris, que je ne connaissais pas ce type qui m'avait parlé l'autre soir et qu'il ne s'était absolument rien passé. Bien que nous n'étions pas du tout en couple et que je n'avais pas de compte à lui rendre, j'y tenais. J'y tenais parce que même s'il ne m'aimait pas, contrairement à ce qu'avait affirmé cette ignorante de Constance, il devait être blessé à l'idée que j'ai si peu d'égard pour lui. Je tenais à rétablir la vérité. Mais le revoir... lui parler à nouveau, c'était compliqué à envisager. Peut-être que je ressentais encore certaines émotions fortes, peut-être même que j'étais un peu perdue par rapport à tout ça.

Cœur meurtri ('Nombreux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant