12. Comment s'adapter en milieu hostile

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- Tu ne sais vraiment pas ce qu'il y avait dans cette lettre Cha- ?!

- Non aucune idée... cette harpie l'a caché je ne sais où dans la chambre...

- Toto, Charlotte ; vous savez que je vous entends au moins ?

Seuls les roulements de pupilles de type "je n'en ai rien à foutre" de ses deux collègues répondit à l'exclamation de Désirée, leur permettant de mieux continuer leurs bavardages au sein du calme ambiant.
Comme à leur habitude les trois femmes s'étaient retrouvées ensemble, dans l'une des pièces de soin de l'infirmerie qui aurait bien besoin d'une bonne réhabilitation.

Ce qui ne faisait très clairement pas les affaires de la grande brune.
Cela faisait effectivement trois jours que la native de West Blue avait reçut cette lettre des mains mêmes du commandant de la 5ème flotte, bout de papier qui l'avait remuée du haut de la tête jusqu'au bout des orteils.

Même aujourd'hui encore, elle n'en revenait pas.
Chacune de ces paroles avaient été justes. La moindre de ces lettres soigneusement écrites sous les rayons d'un jour nouveau, précises dans leur rondeur et leur délicatesse l'avaient touchées.
Il l'avait comprise de A à Z.

Au point où s'en était presque terrifiant. Du moins, au niveau de son état sentimental.

Désirée poussa un long soupir à cette pensée, notant de nouvelles informations sur son carnet quant aux matériaux qu'ils allaient devoir acheter à leur prochaine escale, faisant fit des commérages des deux autres infirmières.
Elle aurait presque préféré qu'il soit question de sa condition d'espionne. Presque. Car lorsqu'il était question de sentiments, désirs et envies la femme de 35 ans se trouvait bien démunie.

Elle n'avait pas l'habitude.
Ou elle l'avait perdue, elle ne savait plus. Et de toute manière, c'était sans importance.

Oui, la seule chose qui comptait à l'heure actuelle c'était que Vista lui avait fait une déclaration d'amour. Ni plus ni moins. Et qu'elle y avait répondu sans plus réfléchir.

Ne plus jamais lui parler ? Ne plus croiser son regard ? Devoir l'ignorer ?
Toutes ses options ne lui avaient jamais traversées l'esprit, alors même qu'elles étaient écrites noirs sur blanc dans cette précieuse lettre aux senteurs de fleur, cachée dans son coffre aux côtés de cet escartgophone portable maudit.

C'était à elle maintenant. L'un de ses trésors. Le plus important peut-être.
Parce qu'elle n'avait jamais eu l'impression de détenir quoi que ce soit hormis une male remplie de mensonges et de cruauté.

Alors l'espionne du Gouvernement Mondial avait peut-être fait la plus grosse erreur de toute son existence.
Elle avait suivi le mouvement, répondu pour la première fois de sa vie à un désir. Un seul petit désir.

La brune avait pris du papier et une plume. Les mots étaient venus d'eux-mêmes, la pointe de fer grattant le grain de sa feuille au rythme de ses sentiments et de ses envies. Puis elle avait laissé l'encre sécher, admirant ses longs doigts couverts de tâches noires dans le processus.
La réponse était née. Et elle avait été envoyée sans que son autrice ne prenne le temps de réfléchir ne serait-ce qu'une seconde de plus. Parce qu'elle n'était pas sûre d'atteindre le bout de ses idées si elle laissait la rationalité la rattraper.

Vista avait donc eu sa réponse.
Et Désirée rougit instantanément en se remémorant l'expression qu'il avait affiché lorsqu'elle était arrivée vers lui sur ses talons, dans cet uniforme rose bonbon qui lui sortait par les trous de nez.

Des diamants dans les yeux.
Un sourire immense sur les lèvres. Un pli rieur sur le visage. Des rougeurs sur les pommettes.
Elle avait répondu à sa lettre et avait fait de lui l'homme le plus heureux du jour sur le Mobydick.

Mon épée fleurieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant