15. Sous l'ombre de la nuit

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- Et donc... pourquoi est-ce que tu as pris la mer ?...

Désirée soupira, d'un souffle doux et amusé répondant à la question prudente de l'épée fleurie.
Vista était un homme terrifiant. Et terriblement attachant.

Cela faisait des heures qu'ils parlaient.
D'un peu de tout en réalité.

De leurs goûts, de leurs anecdotes, de ce qui rythmait leurs vies portées par la mère aventure. Entourés par des bouquets de fleurs, à la terrasse d'un café, autour de brochettes d'elle ne savait déjà plus quoi.
Et à coup de mains enlacés, de regards brûlants, de sentiments qu'elle se refusait encore à accepter.

La brune n'avait aucune expérience en la matière mais il lui semblait bien que ce rendez-vous fût une réussite. Parce qu'elle était étonnement heureuse, qu'elle avait passé un bon moment et que oui, elle avait apprécié redécouvrir Vista.

Au point où elle se sentait coupable de l'avoir ignoré pendant si longtemps... jusqu'à ce que les raisons de cette décision lui reviennent à l'esprit.
Elle n'accepterait le jugement de personne quant à ce sujet. Parce qu'elle était la seule à en saisir tous les enjeux.

Oui, elle avait ses raisons.
Et c'était aussi pour cela que l'infirmière n'avait pas l'intention de se laisser faire par ses sentiments et ses désirs.
Il fallait qu'elle garde le contrôle. Et il lui semblait qu'elle l'avait encore un peu... n'est-ce pas ?...

- Ce n'est pas une histoire très drôle ni particulièrement passionnante d'ailleurs, tu es sûr de vouloir l'entendre ?...

- C'est la tienne. Pourquoi ne voudrais je pas l'écouter alors que je suis le premier à la demander ?

- Eh bien... je viens d'une île de médecins sur West Blue. Mon père était un homme important là-bas alors c'est tout naturellement que je suis devenue infirmière à mon tour.

- Pourquoi pas médecin ?... Tu en as les capacités pourtant.

- J'aimais prendre mon temps. J'avais toute la vie devant moi Vista. Même si ce n'était finalement pas le cas...

Elle s'accrocha à son silence.
Elle en avait besoin.
Pour placer ses idées dans le bon ordre, pour ne pas dépasser sa pensée, pour en un mot... ne pas faire de bêtises.

Elle souhaitait s'ouvrir à quelqu'un. À lui.
Mais bien évidemment, elle avait sa version officielle de l'histoire. Celle proche de la vérité pour un maximum de crédibilité, celle qui encore et toujours cachait l'essentiel. Parce qu'elle n'était pas à cela près pour sa famille.

- Mon père et ma belle-mère ne s'en sont pas sortis. J'ai pris Hana et Kusu avec moi et nous sommes partis, il n'y avait plus rien pour nous sur notre île natale.

- Des pirates ?

- Oui. Je ne m'en souviens pas vraiment et je crois qu'il vaut mieux que je l'oublis. Ce genre de souvenirs ne m'apportera rien de bon.

- C'est pour cela que tu étais complètement sur les rotules lors de tes premiers mois sur le navire ?

- Tu... tu t'en souviens !

- Bien sûr... vous n'étiez que trois femmes avec Charlotte et Toto. Et dès qu'on haussait un peu trop la voix, on avait l'impression que tu allais t'envoler ou mourir d'une crise cardiaque.

- Je n'avais pas réalisé que c'était à ce point là...

- Mais alors...

- Hum ?...

Mon épée fleurieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant