29. Le traitre

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Marshall.D.Teach.
Ce nom résonnait en boucle dans son esprit. Il le hantait, se répétait. Il habitait ses prunelles sombres, ses pensées et ses gestes les plus infimes.

Mais surtout il faisait naitre la haine, la douleur et l'incompréhension aussi ; il conduisait à de nombreuses questions.
Pourquoi ?... depuis quand ?... qu'avaient-ils fait de mal ?.... était-ce même leur faute ?

Car ce frère était l'un de leurs plus anciens compagnons. Vista ne se souvenait presque plus de cette si ancienne époque ou le membre de la famille du D ne naviguait pas à leurs côtés.
Forte tête de la famille, Teach était un pirate à l'ancienne comme les aimaient leur Père. Il appréciait les beuveries et les femmes, tout comme les combats et les paris. Ils avaient combattu côte à côte à tant d'occasions...

D'abord sous les ordres d'Oden dans la seconde flotte ; puis une fois que ce dernier était rentré à Wano Kuni, le poste de commandant lui avait été proposé à de très nombreuses occasions.
Et à chaque fois il avait refusé en rigolant. Lui, commandant ? La blague. Il voulait être tranquille. Alors le poste était revenu tout récemment à Ace, leur nouveau frère qui avait déjà tant fait parler de lui sur les mers et dont la puissance et les ambitions n'étaient plus à prouver.

Or tout cela semblait n'avoir été rien de plus qu'une chimère.
Car depuis quand leur frère était il habité par une telle haine ? Depuis quand ces prunelles sombres étaient elles capables de se fixer sur eux, sa famille, avec une telle rage ? Depuis quand ce sourire édenté pouvait il se modeler en un tel rictus ? Oui, depuis quand ?...

En fait il s'en fichait, réalisait Vista. Ce qui comptait c'étaient les actes. Peu importait les paroles ou les justifications, les pourquoi ou les comment.
Teach avait tenté de les saboter pendant la tempête. Et quand Izou lui était tombé dessus il avait bien failli arracher un bras à leur frère. Heureusement pour eux, le commandant de la 16ème flotte avait la gâchette rapide et le haki de l'observation bien développé.

Voilà les faits.
Des réalités que rien, rien, ne pouvait altérer.

Il était un traitre.
Et ce visage de haine pur qu'il leur montrait ne faisait que le leur prouver un peu plus. Tout cela n'avait été semble-t-il, qu'une vaste comédie.

Malgré tout l'épée fleurie ne comprenait pas tout. Comment pouvait on garder un tel masque pendant si longtemps ? Était ce même humainement possible ? Pouvait on rester sain d'esprit sous ces conditions ?

De toute évidence, non.
Car l'homme de la seconde flotte roulait des yeux comme un fou depuis qu'il était entré dans leur habituelle salle de réunion aux côtés de Marco.
L'effet était sans aucun doute aggravé par ce sang d'un rouge sombre inquiétant qui glissait le long de sa tempe, se perdant dans sa barbe broussailleuse ; l'arcade sourcilière fendue lors de son combat contre Izou.

Finit les tapes dans le dos, les rires retentissants lors de nuits festives sans fin, ses goûts culinaires grandement discutés par Thatch, leurs jeux de cartes aux primes de plus en plus importantes... fini.
Ne restait qu'amertume et colère.

L'épée fleurie soupira. Rageusement.

Ses boucles sombres tombaient librement sur ses épaules, ne répondant plus à aucun ordre ; en réponse à ce bordel qui prenait place dans sa tête.
Ses mains le démangeaient, alors il tentait tant bien que mal de s'occuper en tapant de ses doigts gantés de blanc le rythme d'une mélodie inconnue de lui-même.

Il fallait qu'il pense à autre chose. À autre chose qu'à ce silence lourd qui régnait dans la pièce, seulement coupé par les toussotements graveleux de leur prisonnier qui, attaché sans aucune once de bienséance voyait son visage se rougir minute après minute. À autre chose qu'aux regards que certains de ses frères s'échangeaient entre eux.

Mon épée fleurieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant