Elle ignorait combien de jours étaient passés. Et à vrai dire, elle s'en moquait bien.
Elle était juste là. Seule. Dans cette fournaise noire et sombre qui peu à peu, s'était éclairée à sa vue.Cet endroit n'avait plus de secrets pour elle. Que ce soient les balancements réguliers du navire, un peu plus quand ils traversaient des tempêtes, un peu moins lorsque le vent venait à manquer sur le Nouveau Monde.
Les grincements particuliers du bois sous telle ou telle nappe d'air, créant des mélodies tantôt agréables tantôt insupportables. Ils partaient dans les aigus lorsque la mousse frôlait doucement le Mobydick, dans les graves terrifiants quand les vagues enragées s'éclataient contre le bois.Un monde à part, ouvert à elle seule ; tel celui qui s'était éteint dans son esprit.
Il n'y avait plus rien en Désirée Weller-Smith, seulement le silence et l'attente. L'attente d'enfin, être libérée. Libérée de cette enveloppe charnelle. Libérée de ce monde qui fut un temps, avait été fait pour elle.Mais maintenant... maintenant le jeu était fini. Et sans lui, tout but s'évaporait dans l'air. Tout espoir était partit en fumée. Et puis de toute manière, seule la faucheuse l'attendrait.
C'était amusant, n'empêche. Personne n'était jamais restée aussi longtemps à ses côtés que cette forme dans le lointain. Celle de la mort qui l'avait pour finir, toujours guettée.Elle restait malheureusement humaine...
Oh par Roger, qu'est-ce qu'elle n'aurait pas donné pour être dehors avec ces faiseurs de mélodies, libre.Vivant instant après instant.
Sans début ni fin.Un courant d'air qui se perdait dans des cheveux, observant la peau de deux amants se frôler lors d'une nuit sans lumière, fixant paresseusement la naissance d'un enfant dans un chaud village d'une île lointaine, claquant contre le fer des épées d'hommes portant la mer en sainte étoile.
Un craquement plus soudain que les autres. Voilà ce qui la déconcentra, lui faisant perdre le fil de ses pensées.
Pour la énième fois, ces prunelles tant haïes se posèrent sur cette pièce qu'il lui semblait n'avoir jamais quitté.Ce cachot et elle s'étaient toujours connues. Elle était faite pour lui, et ces barreaux de fer avaient toujours étaient destinés à l'accueillir en leur sein.
Ils se connaissaient par cœur.Lui voyait la crasse sous ses ongles, ses mèches maintenant complètement brunes emmêlées sur ses épaules de plus en plus maigres, ses tremblements quand son corps se décidait à s'endormir en sa propre et nouvelle horloge interne.
Car plus de soleil signifiait ni plus ni moins plus de repères. Plus rien. À part sa propre personne, son enveloppe charnelle recroquevillée sur elle-même.Il faisait froid ici. Sa première impression ne l'avait pas trompée. Mais quelque part, elle ne la sentait déjà plus cette fraicheur glaciale. Parce que c'était la même qui endiguait son cœur.
Oh bien évidemment, elle avait perdu toute sensation dans ses doigts de pieds depuis une éternité, passant plus de temps à tenter de réchauffer ses jambes nues qu'autre chose ; mais il s'agissait d'un simple réflexe. Un dicté par son humanité. L'un des derniers qui lui restaient.
Parce que si seule son âme avait subsistée, la femme de 35 ans se serait laissé mourir depuis longtemps. Mais quelque part, pouvait elle vraiment abandonner cette cellule à son sort ? La laisser seule, ici, dans la cale de cet immense navire que presque jamais personne ne venait visiter.Car dans l'équipage de Barbe Blanche on ne gardait pas les prisonniers, et encore moins les traitres. On les questionnait un peu mais généralement ils s'en allaient rejoindre leurs ancêtres dans la journée.
Teach, cet homme qui avait perdu la lumière avait déjà été une exception. Mais alors elle... c'était encore pire.
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Mon épée fleurie
Fanfiction[ Vista x Oc ] { TERMINÉE } Désirée. Infirmière sur le Mobydick depuis près de sept ans, cette femme qui a toujours était moquée pour sa grande taille cache deux secrets. Le premier, c'est son amour caché mais virulent pour l'un des commandants de f...