Mon épée fleurie

24. Tout est justice

La fumée de sa cigarette empourprait l'air, grasse et noire, portée par le vent léger de cette fin d'après-midi. Les dernières journées avaient été chaudes à Marineford, la base principale de la Marine.
À l'exacte image du climat des mois précédents. Les doyens désiraient certaines choses. Eux d'autres. A la différence près que les soldats étaient à leur service, se devant de leur obéir.

La Justice avait toujours marché ainsi et l'amiral Akainu ne voyait pas l'intérêt de la réformer. Elle marchait.
Au prix de quelques sacrifices certes, mais que représentaient les vies des plus pauvres ainsi que leurs rares îles contre toutes les autres, contre tous ceux qui avaient de l'importance ?...

Les puissants gouvernaient le monde aux cinq mers.
Il en avait toujours été ainsi.

L'homme de lave lui-même était né dans la pauvreté. Il avait dû se battre pour arriver à ce qui se trouvait être sa position actuelle. 
L'un des trois amiraux du quartier général, le célèbre Chien Rouge craint de tous les criminels.

Tuer des gens, en sacrifier d'autres. Tout était bon pour l'équilibre mondial, tout était bon pour la Justice. Il ne validait pas chaque action évidemment. Parfois son âme d'enfant se réveillait, lui hurlant que ce qui se déroulait devant lui était mal.
Mais la vérité c'était qu'il n'y avait pas de bien, ni de mal fondamental. Juste des gens contre d'autres, des riches contre des pauvres, des puissants contre des faibles. Il fallait simplement se débrouiller pour être du côté gagnant à la fin de l'histoire, dans la position qui vous garantissait le plus d'avantages ; et surtout, celle vous permettant de survivre.

Sakazuki expira une nouvelle bouffée de son cigare, perdant son regard sombre et tiré sur les feuilles nouvelles de son bonsaï ; qu'il entretenait avec grand soin dans son bureau personnel du QG. Il avait connu la faim, la soif, la privation ainsi que la mort de ses proches.
Il avait vu de ses propres yeux ce que donnait des royaumes privés d'un Gouvernement fort, l'anarchie qui s'abattait alors sur des milliers de civils. Et c'était encore plus moche que cette Justice tant critiquée par ces saletés de Révolutionnaires.

Le gradé fronça les sourcils, traçant un peu plus les rides sur son visage bronzé ; ceux là c'étaient le pompon du bonnet. Dire que Dragon s'était entrainé à ses côtés dans la Marine lors de leurs jeunes années... pour en arriver là où il en était aujourd'hui. Ils ne s'étaient jamais particulièrement bien entendu, l'homme de magma n'était pas prêt de raconter le contraire. 
Il était le fils du héros Monkey.D.Garp, et lui un gamin issu des bas-fonds de la société jugé comme trop violent et extrémiste. Mais à la fin, lui avait monté les échelons. Et ce traitre s'était retourné contre la main qui l'avait nourri, entrainant discorde derrière lui.

Voilà ce que devenait les âmes faibles. Ceux qui ne prenaient pas les bonnes décisions ; les idéalistes et les idiots.
Ceux d'Ohara et de Teïre avaient joués avec le feu, et ils avaient perdus. Les cinq Doyens étaient sévères, mais encore plus lorsque l'équilibre même de leur société dirigée par les Dragons Célestes était menacée. Et pour détruire ce système, il n'y avait rien de mieux que la connaissance.

Les ponéglyphes qu'une seule femme était désormais capables de lire. Le secret de l'éternité que les médecins de West Blue avaient touchés du doigt.
Chaque Buster Call avait été nécessaire, et ils les avaient tout deux menés à bien. Mais après Ohara, les consignes avaient changé. Il valait mieux en garder quelques-uns en vie à chaque fois, sous leur contrôle ; plutôt que d'en voir ne serait-ce qu'un seul s'échapper, libre de répandre son poison sur le monde.

Il ne fallait pas de seconde Robin, cette enfant de sept ans qui contre toutes attentes, avait appris le pire des savoirs.
Alors toujours moins de pitié, parce que le malheur de quelques-uns faisait le bonheur de tous les autres. Et tant qu'à détenir quelques pions, autant bien les utiliser