Chapitre 5 : Les conséquences de nos actes

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Je n'avais plus l'impression d'être dans la grotte.
Tout était noir autour de moi, pas une brise, pas un bruit de patte, pas un caillou qui tombait.
Et pourtant, j'ai vu deux grands yeux d'un rouge orangé, où des flammes en sortaient.
D'une main faite de fumée qui me prit le bras, j'ai senti qu'elle me glaçait le sang.
Je n'avais pas ma dague sur moi et pour ainsi dire, pas le moindre vêtement.
J'avais des frissons, du mal à respirer et autant j'avais froid, autant les yeux qui me fixaient de haut en bas provoquaient une chaleur étouffante.
"C'est donc toi qui t'opposes à mon couronnement ..." À dit cette ombre face à moi.
Faite de dents pointues, une bouche s'approcha de moi.
J'étais incapable de bouger et rapidement, j'ai été submergée jusqu'à me faire avaler.

En me réveillant en sursaut, la première chose que j'ai vue était Rénald où la lumière du feu de camp faisait briller ses yeux noisette.
Ses bras réconfortants se trouvaient autour de moi et prise de panique, j'ai posé mes mains et ma tête sur son armure.
"Tu as fait un cauchemar, petit chat?" M'a-t-il demandé.
J'ai voulu ouvrir la bouche pour parler mais pas un seul mot n'est sorti.
Cette porte qui s'était ouverte en moi avait pris de l'ampleur à m'en donner froid dans le dos.
Même l'armure du chevalier semblait plus chaude et ses bras étaient d'une chaleur infernale mais je n'ai pas voulu qu'il les retire.
"Si tu as encore besoin de temps, je ne suis pas prêt de partir. Voilà qu'il s'était remis à parler pour me changer les idées.
Je ne travaille pas demain donc je resterai auprès de toi.
Il me faudra juste faire une pause pour commander à manger et ouvrir la porte au livreur."
Je ne comprenais pas tout et n'étais pas en état de vouloir m'y concentrer non plus.
J'ai fait une négation de la tête et me suis ensuite éloignée.
En prenant ma dague en main, sans le moindre mot, il s'est levé et a pris son arme à son tour.

De retour dans les couloirs labyrinthiques du donjon, nous nous sommes enfoncés plus profondément dans celui-ci.
À chaque pas, j'avais la sensation que quelqu'un ou quelque chose m'observait mais au plus je continuais, au plus une mélodie me parvenait jusqu'aux oreilles.
Incapable de m'enlever cette idée de la tête, c'est la que j'ai vu la lumière.
"Je te protègerai, Andréalle." De simples mots et pourtant d'une signification si grande que malgré ce que je ressentais, j'ai arrêté d'y penser.
Tout au fond du repaire dans la grotte, se trouvait une femme entourée d'araignées où plusieurs toiles avaient recouvert des humains qui étaient pendus.
Toutes les créatures la regardaient et lui obéissaient au doigt et à l'œil.
Au moment où Rénald a dégainé son épée et que la femme s'est tournée dans notre direction avec la vingtaine de bêtes aussi, j'ai demandé au chevalier d'attendre.
Sans avoir ma dague dans mes mains, je me suis avancée jusqu'à celle qui était entourée.
"Mais qu'est-ce que tu fais!?" M'as-tu crié en voulant me protéger.
Face à moi, aux longs cheveux blancs et aux yeux rouges, dans une tenue faite de soie et de toiles, se trouvait une femme.
Tout comme moi, à l'apparence humaine, elle avait aussi des traits qui la différenciait des humains.
Même s'il était difficile pour quelqu'un ne les connaissant pas, la race des Arachnas pouvait se voir dans leur doux regard et tous, avaient une voix à l'effigie de leur regard aux yeux rouges.
Cette Arachna avait un violon dans ses mains et bien qu'elle m'observait, elle continua d'en jouer.
Cette douce mélodie dont je n'étais pas capable de pleinement entendre quelques minutes auparavant, venait de celle qui ensorcelait ces araignées.
"Je vois que vous avez tué mes enfants. A-t-elle calmement dit au moment où elle arrêta de jouer de son instrument.
-Oui, mais seulement celles qui nous attaquaient. Lui ai-je répondu en m'asseyant à côté des araignées, ce qui a fait peur à Rénald.
-Pour qu'elles ne m'obéissent pas, je me demande qui était le père de celles-là? S'était-elle demandé à voix haute en observant le plafond.
Et vous, que me vaut l'honneur de votre visite? A-t-elle continué en nous regardant à tour de rôle.
Êtes-vous venus pour tenter de me tuer ou avez-vous un service à me demander?
-En toute honnêteté ... On cherchait seulement des araignées sauvages à tuer mais pas celles qui ont une conscience.
Les sauvages qui justement, sont un problème autant pour toi que pour les gobelins.
-Je ne pense pas qu'il faut parler aussi familièrement au boss du donjon de cette façon." A dit Rénald qui s'était approché.
Aussi perdues l'une que l'autre, l'Arachna et moi-même avions l'air d'avoir le même âge et donc il était normal pour nous de nous tutoyer.
C'est encore une fois là que je voyais la différence entre notre monde et le sien.
D'autant plus qu'un boss de donjon, on ne savait pas ce que c'était.
"Ton compagnon d'armes parle de la même façon que les aventuriers. Se reprit l'Arachna pour briser la confusion.
-Oui, c'est un aventurier mais son groupe n'est pas comme celui des autres.
-Pas comme ceux pris dans mes toiles? Demanda-t-elle en désignant des humains pris dans ses cocons.
-Non. Ils ne sont pas comme les autres et n'attaquent pas les personnes ayant une raison propre comme toi ou moi.
On a fait une promesse ensemble et je compte bien la tenir jusqu'au bout.
Je peux t'en faire part, si tu veux."

Me voyant passer à côté ou sauter au-dessus des araignées pour atteindre l'Arachna, Rénald ne savait plus où donner de la tête tant il avait peur pour moi mais pas respect, n'avait pas sa main sur le manche de son arme mais seulement ses poings de serrés.
Après avoir murmuré mon plan, elle s'est mise à rire.
"Ton histoire a l'air amusante et me changera de mon quotidien, terrée dans ma tanière.
Je vais vous accompagner." 

Sur le trajet du retour, tous les trois, nous sommes allés au camp gobelin pour leur dire que l'Arachna allait s'en aller et à la vue de tant de personnes, le chevalier était encore plus perdu qu'avant.
Il n'arrêtait pas de répéter que ce n'était pas normal de former un groupe avec un boss de donjon mais ça, on lui a laissé raconter son charabia sans en tenir compte.
Après avoir discuté, mangé et pris quelques provisions, nous avons salué les gobelins du camp avant de nous remettre en route vers l'extérieur.
Sur le trajet, elle nous a dit s'appeler Jizu.
Bien plus grande que moi, l'Arachna était presque aussi grande que Rénald.
Avec ses très longs ongles et ses fils comme armes, sans même parler de sa beauté raciale, nous sommes tous les trois arrivés à l'extérieur avec une nouvelle camarade.

Notre groupe venait de gagner deux membres; une Arachna et l'ombre qui me suivait sans relâche depuis la nuit ...

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