Depuis ce qu'il s'était passé, je n'avais plus mes liens mais je n'avais plus le droit de quitter l'enceinte du château.
Dans ma profonde tristesse, le goût du sang du roi était la seule chose qui me changeait les idées ...Même si mon apparence pouvait faire peur aux citoyens, marchant dans les rues d'Ernistère, là où je n'avais pas le droit d'être, je me dirigeais vers les remparts du côté démoniaque du monde.
Ce n'était pas la première fois que je sortais sans prévenir mais à chaque fois, je revenais où j'étais censée être.
Les gardes avaient maintenant pour habitude de me voir venir et à chaque fois, ils faisaient semblant, acceptant mes caprices.
Arrivant tout en haut de la muraille, avec le violon de Jizu dans les mains, un jour de plus, je me suis mise à en jouer.
À chaque fois que je le faisais, les larmes aux yeux, maintenant que je m'étais améliorée, les esprits dansaient autour de moi.
Dés que la première note à été jouée lorsque mon archet a touché les cordes, pleurant mais en fermant les yeux, je me suis détachée du monde.
"Si seulement je pouvais me réveiller de ce cauchemar éveillé. Chantais-je.
Là où terreurs nocturnes rencontrent mes douleurs, je n'éprouve aucun bonheur.
Jamais je ne t'oublierai, jamais je n'enlèverai cette main tendue.
Anne, la précision est ta plus grande passion, tout autant que lorsque tu me regardes avec compassion."
Plusieurs fées de l'été se mirent à tournoyer autour de moi, m'apportant leur tendre chaleur qui n'arrivait pourtant pas à me réchauffer.
"Zhin, tu me semblais si grand et bien que nonchalant face à l'adversité, de tes poings, jamais tu ne faisais semblant.
Si j'avais pu continuer à me battre, si vous aviez pu me voir faire ...
Peut-être ne serais-je pas tombée aussi bas.
Je me noie puis j'étouffe, tombant toujours plus profondément.
Sous l'eau ou sous mes pleurs, j'entends vos voix mais pourquoi se trouvent-elles ici-bas?"En continuant à jouer de mon instrument, cette fois-ci, je faisais attention aux murmures des gardes qui m'écoutaient ou m'observaient, par-dessus leurs voix, j'entendais des cris et des pleurs.
Ça faisait maintenant plusieurs semaines que j'avais exagéré sur le sang de Sa Majesté.
Et plutôt que lui demander son nom, nos seules conversations étaient basées sur ce qu'il pouvait m'apporter.
Et encore une fois, sans tenir compte des jugements, des mises en garde ou des avertissements, je plongeais dans mes erreurs.
J'étais devenue douée pour jouer du violon et dans ma tête, les voix ne s'arrêtaient pas.
Lorsque j'y faisais attention, il m'était parfois possible de comprendre les mots que j'entendais.
Et c'est là que j'ai compris que vous étiez les défunts des vampires.
Vos âmes à jamais emprisonnées dans leur sang, vous écouter me rendait folle.
Parfois je vous répondais, ce qui faisait peur aux gens qui me voyaient.
Mais pourquoi suis-je la seule à les entendre?
J'avais beau me boucher les oreilles, elles ne faisaient que s'amplifier.
Dans ma tristesse, je suis redescendue des murailles et c'est là que j'y ai vu É'Synthia.
Elle n'était pas au courant que je passais mes journées ici mais après tout, c'était son travail mais à chaque fois, nous devions nous rater de peu.
"Tu n'as rien à faire ici, petite furie. M'a-t-elle dit d'une manière très stricte.
-J'étais sur la route pour retourner au château ... Ai-je à moitié répondu.
-Je crois que tu n'as pas bien compris, jeune fille. Continua l'elfe noire en me prenant le poignet pour m'arrêter.
-J'étais ... Sur la route ... Pour rentrer au château ..." Répondis-je les larmes aux yeux avec un état si lamentable qu'elle ne savait plus ou se mettre.Elle m'a lâché le bras et a bien vérifié que j'allais là où j'étais censée être.
Depuis qu'É'Synthia avait utilisé ses forces pour m'obliger à rentrer à Ernistère, elle et moi ne nous parlions plus.
Ou alors, nos seules conversations étaient très proches de la dernière que nous avions eue.
De toute façon, la nourriture n'avait plus aucun goût, je ne mangeais plus tous les jours et même les liquides semblaient être cendres dans ma bouche.
Une fois de retour à l'intérieur de cette immense prison de plusieurs centaines de mètres, je me suis dirigée vers les bains.
En allant à l'un qui était libre, ma nouvelle servante, celle qui servait à remplacer Anne, était venue avec moi.
C'était la première fois que je faisais l'effort de me laver depuis plusieurs jours, depuis que j'ai ...
Disons que remonter à la surface ne me faisait pas envie ...
Juste avant de rentrer dans l'eau, mon seul vêtement, c'est-à-dire Heimérid, reprit sa forme animale.
J'ai plongé ma tête dans le bain en espérant que celle qui était venue avec moi me fiche la paix un moment.
Malheureusement, à peine l'avais-je fait qu'elle me l'a sortie de l'eau.
"Ne faites pas ça, s'il vous plaît, princesse Andréalle ... M'a-t-elle demandé de sa petite voix proche de celle d'Anne.
-Je ne comptais rien faire de mal ..." Ai-je simplement répondu, dépitée.En regardant mon violon qui se trouvait sur le rebord du bain, le Nyrzhül l'a pris dans sa gueule sans l'abîmer et me l'a déposé dans les mains.
Parce qu'il avait été enchanté, le fait qu'il soit mouillé ne posait aucun problème.
Ça faisait un moment que j'avais abandonné mon épée et mon arbalète pour me consacrer uniquement à la musique.
À défaut de savoir où étaient mes compagnons, je ne voulais pas abandonner Jizu aussi.
Mais c'était la première fois que j'en jouais dans les bains.
Dés les premières notes, l'eau s'est mise à vibrer.
De partout, des bulles se sont formées, remontant jusqu'à la surface pour se changer en une douce buée.
En utilisant le même style triste que celui que je faisais sur les murailles, j'ai entendu les bruits de l'armure d'É'Synthia qui se cognait à elle-même mais aussi le second général Udlys et le roi.
Je savais qu'elle venait par ici mais si c'était pour l'écouter me faire à nouveau des reproches, je préférais continuer de jouer du violon.
Contrairement au roi et au général, É'Synthia pouvait pénétrer dans le bain où j'étais car il était réservé pour les femmes, c'est pour ça qu'elle seule est venue.C'est là que pénétrant dans l'eau tout en restant en armure, elle m'a empêché de continuer à jouer.
Tout en baissant les bras, je l'ai regardé quand elle a déposé ses mains sur mes épaules en serrant fermement.
Son regard était d'un sérieux qui me faisait peur à en trembler mais j'essayais de ne pas lui montrer.
D'un mélange de joie et d'excitation mais aussi d'une grande peur et d'une tristesse à m'en faire mordre ma lèvre inférieure, ses mots qu'elle m'a dits à ce moment-là, ont chamboulé mon humeur à tout jamais."Petite furie, je vais avoir besoin que tu gardes ton calme et que tu m'écoutes sans partir. M'a-t-elle dit en serrant mes épaules pour me maintenir en place.
Nous avons retrouvé la trace de tes compagnons ..."
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Réalité virtuelle
AventurăAndréalle, une fille souhaitant devenir aventurière suite à la mort de ses parents, s'embarque dans un monde qui lui est inconnu, entourée de gens parlant un langage qu'elle ne comprend pas.