Réalité virtuelle

Chapitre 23 : Temps mémoriaux

Acte 2 : Les envies aventurières immémoriales
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Autrefois, les citoyens parlaient dans mon dos.
J'étais cette princesse capricieuse où tout le monde avait peur de mes futurs actes irréfléchis.

Voilà maintenant quelques années qu'en hommage à mon prédécesseur, l'ancien roi des démons, une statue avait été érigiée sur la place principale, servant maintenant de fontaine et de lieu commémoratif à l'assaut que nous avions subi de la part des Croix inversées.
Je n'étais plus cette petite fille indécise qui allait çà et là pour tuer ceux que ne me revenaient pas.
Les indignes que d'antan je chassais, ma soif de vengence pourtant bien présente, et malgré les voix dans ma tête, je m'étais assagie sur l'idée d'abandonner les miens.
Nouvelle figure de la capitale des démons, siégeaient maintenant quatre trônes dans la salle royale.
Le premier et le plus imposant, était celui de l'ancien roi et maintenant, de l'impératrice des démons.
À sa gauche, s'en trouvait un second qui était occupé par É'Synthia, la générale suprême de l'armée.
En ce jour, le troisième était occupé par l'élite de l'archerie et la plus précise de tous les démons, Anne.
Tandis qu'à droite, le dernier restait vide mais quelqu'un s'y trouvait bien.
Certains disent qu'il était là en l'honneur du roi des démons et ils n'avaient pas totalement torts mais pas pour autant raison. 

Assise sur le trône impérial avec les jambes croisées, un garde vint jusqu'à moi.
"Votre Majesté Andréalle Ernistère, un citoyen souhaite s'adresser à vous.
-Faites-le entrer." Répondis-je calmement à mon subordonné.
J'avais gardé ma grande robe noire de Nyrzhül mais mon épée avait été offerte à É'Synthia en l'honneur de sa promotion en tant que générale suprême.
L'arme que j'utilisais maintenant, était celle offerte de génération en génération au dirigeant d'Ernistère.
Tous mes prédécesseurs ainsi que moi-même, possédions du sang de vampire dans nos veines.
C'est grâce à lui que nous étions capables de faire venir notre nouvelle arme.
En accédant au trône, la douleur qui était survenue en moi à la mort de l'ancien roi, n'était autre que ses pouvoirs qui se libéraient dans mon corps, faisant de moi une vampire à part entière.
C'est d'ailleurs pour ça que mes poils gris d'homme-bête se sont assombris jusqu'à devenir noirs et que mes yeux sont restés d'un mauve étincellant.
Mes cheveux, eux, d'un blond toujours aussi éclatant, étaient maintenant en partie cachés grâce à un chignon avec une baguette argentée pour les maintenir et le tout recouvert d'un voile noir en dentelle.
Afin de cacher ma peau là où ma robe n'était pas, de longues manches et bas faits de tissus à moitié opaques et de dentelles siégeaient sur mes bras et mes jambes.
Contrairement à ce que pouvait penser le commun des mortels, nous autres vampires n'avions pas à boire de sang pour vivre.
Je pouvais continuer à manger ce qui me semblait appétissant, sans la crainte d'avoir une éventuelle pulsion sanguinaire.

Lorsque le démon est arrivé dans la salle du trône, celui-ci s'est agenouillé à ma vue.
"Ô grande Impératrice d'Ernistère, je vous implore de faire quelque chose." M'a-t-il demandé avant que je ne lui cède la parole.
Énervés, les différents gardes royaux présents dans la pièce ont sorti les armes et les ont dirigées vers celui qui venait de parler.
D'une simple main que j'ai levée, tous se sont calmés.
"Tu peux relever la tête. Ai-je répondu calmement.
Et dis-moi, que puis-je faire pour toi.
-Eh bien voyez-vous, maintenant la fin des travaux de réparation de notre belle capitale, les gens se demandent quand reviendra le général Udlys.
Le général venait souvent passer du temps avec nous et nous donnait du travail quand nous n'en n'avions pas ... Un peu comme maintenant ... Expliqua-t-il.
-Je vois.
Je vais faire une annonce à notre peuple, dans ce cas.
-Ô grande Impératrice, ne vous en donnez pas la peine, j'irai transmettre votre sage parole à votre place.
Vous n'avez pas besoin de faire tant d'efforts pour nous ...
-J'insiste." Finis-je sèchement.

Marchant sur l'allée principale de la capitale, accompagnée par une centaine de gardes avec É'Synthia à leur tête, tout le monde s'agenouilla à ma vue.
Il était devenu rare de me voir à l'extérieur et le seul moment que je m'octroyais, je le passais soit au niveau des bains soit sur la plus haute tour du château, avec le violon de Jizu comme seule compagnie.
Les chimères du passé pourtant bien présentes, je ne pouvais ni faire marche arrière ni me permettre de regarder derrière moi.
C'est en arrivant au niveau de la statue de l'ancien roi des démons, qu'entourée par mes gardes, eux ont rapidement été entourés par tout notre peuple qui me regardait.
"Fée du sang, en cet instant, lègue-moi ton pouvoir d'antan."
De mon ongle du pouce, j'ai légèrement ouvert la peau du bout de mon index jusqu'à ce qu'une goutte de sang en sorte.
Mélangée à mes pouvoirs et à ceux des esprits, mon arme royale s'est formée.
Encore plus longue que mon ancienne zweihänder mais bien plus fine, au manche fait de sang cristallisé et à la lame elfique imprégnée d'un langage draconique des héros qui ont tué le tyran démoniaque et ancien roi qui était celui que le roi que j'ai succédé a lui-même succédé.
Du nom de Tranche-destinée, cette arme était indestructible et capable de passer au travers de n'importe quelle matière.
Beaucoup de gens se demandent comment il était possible qu'avec une telle force entre les mains, le précédent roi avait perdu la vie.
Et c'est justement aujourd'hui, que je vais me tenir devant eux pour leur expliquer.

M'élevant de quelques mètres dans le ciel, tout le monde posa un genou sur le sol en baissant les yeux.
"Peuple d'Ernistère. Dis-je à tous, dont ma voix résonna en écho partout dans la capitale, grâce à mes pouvoirs.
Il y a maintenant quatre ans, mon prédécesseur a perdu la vie." Continuais-je en mettant une pause de quelques secondes.
Tous se demandaient où je voulais en venir et certains avaient déjà relevé la tête dans leur incompréhension.
"Le pouvoir et la force ne sont rien lorsque par malheur, nous les offrons à la mauvaise personne.
En ce jour, je suis entourée des trois personnes que je considère les plus dignes d'avoir accès à ma puissance mais surtout, à ma confiance.
Là était l'erreur du roi et pourquoi je me trouve à sa place aujourd'hui.
Vous pensez certainement que le trône qui reste vacant revient de droit au général Udlys.
C'est là que vous vous trompez ..." Dis-je à nouveau, en marquant une seconde pause.
Perdus, tous se mirent à se regarder entre eux et là, commencèrent les messes basses pour protester.
"Voilà maintenant un moment que vous cherchiez à savoir comment, malgré nos hommes et nos défenses supérieures à celles des aventuriers, comment ces barbares de l'autre monde ont réussi à pénétrer notre belle cité.
Et la raison à ça, est la traître Udlys, qui a poignardé dans le dos mon prédécesseur, qui a fait l'erreur de croire en lui."
Là où je voyais les gens pris de panique par ce que je venais de leur dire, je savais qu'il fallait que je fasse quelque chose pour ne pas terminer sur une note négative afin que le peuple ait quelque chose à se mettre sous la dent.
"Toutes les fonctions qu'occupait ce traître, je prends l'entière responsabilité de les mener à bien moi-même jusqu'à trouver quelqu'un capable de convenir à ce poste.
Et si jamais vous aviez des réclamations, mon trône sera à votre disposition.
Si vous aviez oublié où il se trouvait, c'est la maison un peu plus grande que les autres."

Redescendant sur le sol à côté de la fontaine, je me suis mise à soupirer doucement.
Les voix dans ma tête, ont et garderont la place du quatrième trône.
Celles qui viennent de l'ombre qui me suit depuis toujours ...