Chapitre 13 : Plongeon dans le noir

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Afin de me laisser le temps de digérer tout ce qui avait été dit et pour me laisser du temps à moi, le roi est sorti dans la pièce.
"Je ne remplacerai jamais ton père, je le sais. M'a-t-il expliqué en tenant la poignée de la porte.
Et je ne chercherai pas à le faire.
Mais mon sang coule dans tes veines, faisant de toi ma fille d'une manière ou d'une autre.
N'ayant pas d'enfant et ne cherchant pas à en avoir, tu seras considérée comme la princesse d'Ernistère.
Considère cette pièce comme ta chambre et si tu en as besoin, la mienne sera au fond du couloir.
Si l'idée ne te convient pas, tu seras toujours libre de repartir, comme l'on fait tes véritables parents." A-t-il fini en fermant la porte derrière lui après être sorti.

Je suis tombée à genoux.
Mon réel but est cette promesse que j'ai faite aux barbares de l'autre monde ...
Ça a toujours été ce que je souhaitais accomplir.
Mais seule, je ne peux rien faire, je ne suis pas assez forte ...
C'est là que quelqu'un est venu toquer à ma porte.
"Excusez-moi de vous déranger." A dit une femme qui pénétra dans la chambre lorsque je lui ai dit de rentrer.
C'était une déchue, à la longue chevelure noire tenue par une baguette pour en faire un chignon.
Elle aussi, sa voix m'était familière mais son odeur l'était encore plus.
"Je m'excuse, je pensais que le roi serait dans sa chambre ... A-t-elle dit, mal à l'aise, où j'entendais un plateau trembler qu'elle devait sûrement tenir mais où sa confusion prenait le dessus.
-Il m'a dit que c'était ma chambre, maintenant. Ai-je répondu en me tournant vers elle, sans pour autant me relever.
-Andréalle, est-ce que c'est toi? Demanda-t-elle en faisant tomber son plateau sur le sol, où les larmes à ses yeux coulaient d'elles-mêmes.
-Anne?" Lui ai-je dit, moi-même confuse.
Sautant dans mes bras, elle m'a fait perdre l'équilibre et toutes les deux nous trouvions à présent sur le sol.
Je n'en croyais pas mes yeux ou mes oreilles, à un point tel où mes mains tremblaient sans vouloir s'arrêter, ce qui ne m'a pas empêché de les mettre dans son dos.

Ce dont j'arrive à me souvenir de quand j'étais vraiment petite, était une déchue qui était née le même jour que moi.
Toutes les deux on s'entendait si bien que nous sommes rapidement devenues les meilleures amies du monde.
Peut-être que le fait d'avoir été séparées toutes ces années avait brisé quelque chose en nous mais j'étais vraiment contente sur le moment que je n'ai pu m'empêcher de pleurer à mon tour.
Tant de coïncidences n'étaient pas possible.
Ce que m'avait dit le roi devait être vrai ... Tout son speech n'était peut-être pas faux au final ...
"J'ai attendu dix-sept ans pour pouvoir te revoir ... M'expliqua Anne.
Je me suis engagée dans l'armée, j'ai décidé de devenir plus forte en attendant ton éventuel retour.
Quand j'ai appris ... S'était-elle arrêtée de dire.
Je suis si désolée pour tes parents, Andréalle ...
Quand j'ai appris pour tes parents, j'ai demandé au roi une place en tant que domestique pour peut-être avoir la chance égoïste de te revoir, ne serait-ce qu'une fois ...
Il faut que je te présente mes parents ! C'est en changeant d'un coup de sujet qu'elle s'est relevée en me tirant vers le haut.
Si bien sûr ça te convient, Andréalle? Se reprit-elle en relâchant légèrement la pression de ses mains.
-Si je suis bien la princesse de cette capitale, je pense que je peux me permettre de sortir d'ici à ma guise." Lui ai-je dit en me relevant à mon tour.

Dans sa grande robe noire similaire à la mienne, sans tenir compte de la petite modification physique que j'avais faite, nous nous sommes mises à courir dans les couloirs du château.
Contrairement à moi, Anne avait des talons qui résonnaient partout où nous allions.
C'est en les entendant que le Nyrzhül qui m'avait suivie est venu jusqu'à nous.
Tous les trois, nous nous baladions jusqu'à la sortie et une fois dehors, on a couru dans toute les petites allées pour éviter les gens et rapidement arriver jusqu'à chez elle.
Sa famille était vraiment accueillante et m'a serré dans ses bras.
Tous m'ont donné du baume au cœur en me présentant leurs condoléances pour mes parents et ensuite nous avons mangé.
C'était la première fois depuis un moment que je n'avais pas rigolé jusqu'à en arriver aux larmes.
J'avais un peu de peine d'avoir laissé Zhin derrière moi et de ne pas avoir pu offrir un véritable enterrement à Jizu mais je me devais de partir loin des aventuriers, loin de cette vie de mensonges ...
Une fois le repas terminé, nous sommes toutes les deux sorties en direction des remparts extérieurs sur lesquels on est montées pour observer l'horizon.
On pouvait y voir plusieurs des régions du pays démoniaque.
De ce côté-ci, en pointant de son doigt des terres éloignées, Anne m'a dit qu'on vivait là-bas à l'époque avec mes parents.
C'est d'ailleurs là que le roi des démons nous avait trouvés et a porté assistance à ma mère pour me donner naissance.
"Dis-moi, Andréalle. Est-ce que tu me fais confiance?" Demanda-t-elle en me regardant avec sérieux.
Son parfum était le même que celui à l'époque.
Eux aussi, son visage, son sourire et l'expression de son regard, je savais que j'avais à faire à la première personne que j'ai pu considérer comme une amie.
"Si je te demandais de me prendre la main et de sauter dans le vide ... Est-ce que tu aurais confiance en moi?
Je veux te prouver que j'ai attendu ce moment toute ma vie ..." A-t-elle terminé en se laissant tomber dans le vide.

De ma main, j'ai essayé de récupérer la sienne pour l'en empêcher mais moi-même, je me suis mise à dégringoler.
Elle avait un grand sourire sur le visage, celui de quelqu'un satisfait par la situation.
Sortant de sa manche à son bras, un fin fil noir se montra.
Dans l'autre, lorsqu'Anne ferma les yeux, un arc tout aussi noir se matérialisa.
Du fil qui devint corde, une flèche se forma.
Au moment où elle ouvrit les yeux, elle tira dans les airs un projectile qui partit s'accrocher aux remparts.
Entre la flèche et son bras, un long fil était présent.
De sa main qui prit la mienne, nous sommes descendues de quelques mètres encore, avant d'être tirées vers le haut.
Tel un élastique, la corde qui lui était accrochée nous fit faire des hauts et des bas à plusieurs reprises.

Je passais un très agréable moment en me disant que peut-être que j'avais à nouveau une famille.
Et tout en rigolant toutes les deux, elle a vu le sérieux dans mes yeux.
"Je suis désolée, je ne voulais pas te faire peur, Andréalle! A-t-elle dit sur un ton empathique.
-Non, ne t'en fais pas Anne, je vais bien.
J'aimerais simplement te faire part d'une promesse que j'ai faite ..." 

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