33. Cuatros años sin Maria Prado

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Amaya

00h00, le 19 mars.

Le coup de minuit a sonné.

Une vague de froid me submerge, me coupant le souffle.

C'est le début de la fin...

Je regarde mon frère, ses yeux sont vides et larmoyants. Une seconde nous suffit avant de fondre en larmes dans les bras l'un de l'autre.

Les larmes coulent sans s'arrêter, je tremble, la tristesse a envahi mon corps avec une puissance fulgurante. Je me sens vide, comme si mon âme avait quitté mon corps. Peut-être l'a-t-elle vraiment fait, je suis une coquille vide.

Tout est ma faute...

Mon frère essuie les larmes qui se déversent sur mon visage. Je le vois qui essaye de retenir sa peine pour s'occuper de moi. Mais je ne peux pas le laisser faire une nouvelle fois, cela fait 3 ans qu'il se prive pour me garder hors de l'eau. Maintenant, il est temps pour moi de l'aider à lâcher prise.

- Elvio s'il te plait, ne te retient plus, exprime ta peine autant que tu en as besoin. Je suis apte à t'aider maintenant...

- Je suis fier de toi hermanita, ensemble on y arrivera je te le promets...

Pour la première fois, cette promesse me semble possible. Elle résonne en moi comme une chose atteignable, une promesse réalisable.

Elvio prend son téléphone et met Corazón partío. C'était la musique préférée de maman, elle l'écoutait tout le temps et dansait dessus avec papa. Je ferme les yeux et la revoit virevoltant dans le salon, sourire aux lèvres. Un sourire nostalgique prend place sur mon visage alors que des images de ma mère défilent sous mes paupières.

Le soleil se lève doucement, nous prévenant qu'il est temps pour nous de rentrer. C'est une journée chargée qui s'annonce. Une soirée en l'honneur de Maria Prado est organisée ce soir par sa troupe et ma famille comme tous les ans. Cette année, j'y danserais, seule. Je montrerais pour la première fois la vraie chorée que j'ai créé à la suite de son décès.

Pour le moment, je ne réalise pas que je danserais devant une grande assemblée cette danse qui m'est si chère. Et c'est mieux ainsi, le stress ne prend pas encore possession de mon corps, ce qui m'arrange.

Nous reprenons doucement la route pour retrouver notre père à un petit restaurant pour prendre le petit-déjeuner ensemble. J'appréhende toujours ce moment par rapport aux réactions de mon père. Depuis 4 ans, il me prend comme unique responsable de l'accident et je le comprends.

Après tout, sans moi elle serait sûrement encore là aujourd'hui...

Le trajet se fait dans un silence pesant, témoin de notre appréhension de voir dans quel état nous allons retrouver notre père. Mon frère se gare sur le parking, il éteint le contact avant de taper son dos contre le dossier.

- Juntos... il chuchote.

- Juntos... je réponds en le regardant dans les yeux.

Nous nous dirigeons ensemble à l'intérieur du restaurant. Notre père nous y attend, assis à une table près des fenêtres. Main dans la main, nous nous asseyons en face de lui. Il relève la tête, des cernes énormes sous ses yeux bouffis, il nous sourit tristement.

Je suis toute tendue, ma jambe tremble pour extérioriser le stress qui me ronge. Personne ne parle.

Nous commandons nos plats mais personne ne lance une conversation. Mon chocolat chaud et mes pancakes arrivent, je remercie la serveuse avant de touiller ma boisson, dans l'attente.

EVASIÓNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant