34. Révélations et retour aux sources

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Amaya

Mes oreilles bourdonnent, un acouphène ne me quitte plus depuis ce qui me semble une éternité.

Ma tête me fait atrocement souffrir, je ne veux plus ouvrir mes yeux.

Cependant, je suis brutalement réveillé par Elvio qui retire le pull que j'avais mis sur ma tête pour me cacher de la lumière.

L'obscurité est plus rassurante, plus paisible.

- On est arrivé Amaya...

- Ne fait pas semblant de dormir... il rajoute.

Il est vrai que je fais genre de dormir. Mais je ne veux pas affronter la réalité, pas maintenant...

Tout est ma faute...

Je ne peux en vouloir qu'à moi-même...

Je veux dormir à tout jamais, je veux rester dans mon imaginaire où tout va bien.

La réalité est parfois trop douloureuse pour paraître surmontable.

Alors que je pensais que mon frère allait me secouer dans tous les sens pour me réveiller, plus aucuns bruit ne m'entoure, je ne sens plus sa présence.

Dans l'incompréhension, j'ouvre les yeux et essaye de voir où il est parti. Il surgit alors de derrière la voiture.

- Voilà je savais que tu ne dormais pas. Finit la comédie et debout hermanita.

Je grogne avant de sortir de la voiture et affronter la dure réalité des choses. Le temps est gris, il fait froid. C'est en parfaite cohésion avec mon cœur. Mes yeux sont cernés, je n'ai pas dormi, tétanisée à l'idée de faire ce cauchemar, de revivre cette soirée d'horreur où j'ai vu ma mère perdre la vie petit à petit.

Une vague de froid me submerge quand nous arrivons devant ce portail, mes jambes me lâchent. Heureusement qu'Elvio est là pour me rattraper.

Le portail du cimetière est devant nous...

Je me sens défaillir, je manque d'air.

J'ai comme l'impression qu'il avance vers moi, menaçant et prêt à m'engloutir dans les ténèbres de l'enfer.

Elvio me met face à lui.

- Puedes hacerlo Amaya, estoy contigo. Vamos a llorar juntos, para mama...

- Para mama... je répète.

Tout ce que je fais c'est pour mama, pour la rendre fière. Et aussi parce qu'elle mérite de continuer de vivre à travers nous. Il m'est impossible de la délaisser.

Il fait avec moi des exercices de respiration. Nous sommes tous les deux stressés, il faut nous reconcentrer sur l'essentiel : rendre hommage à notre mère.

En passant ce grand portail gris qui grince, des frissons me parcourent.

L'ambiance devient pesante, froide, triste... Cet endroit a une aura déstabilisante, je me sens observée de partout. Je ne cesse de tourner la tête dans tous les sens, persuadée que l'on me suit, mais rien.

La seule chose qui me suit est mon désespoir et le vent glacial qui accentue mes tremblements.

Mon cerveau prend les commandes, il me conduit vers la tombe de ma mère.

Le regard fixe, je n'ose pas regarder autre chose que mes pieds.

Maria Prado 1978-2020

Mon frère est le premier à craquer, il tombe à genoux avant de toucher le marbre. Je m'abaisse à son niveau pour le prendre dans mes bras.

EVASIÓNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant