Le lendemain, au petit matin, Paul fut brutalement réveillé par la sonnerie de son téléphone. Encore engourdi par le sommeil, il mit un certain temps à le trouver en tâtonnant sur sa table de chevet. Toujours allongé sur le dos dans le lit, il consulta l'écran de l'i-phone en le tenant à bout de bras au-dessus de sa figure. Trop tard : il ne sonnait plus. Mais le nom qui apparut sur la notification d'appel manqué offrit au jeune homme le plus beau début de journée de sa vie : c'était Chadi. Celui-ci lui avait passé un coup de fil la veille, tard dans la soirée, pour lui annoncer que son arrivée au marché de Rungis avec Youssef et son poids-lourd chargé d'oranges du Maroc interviendrait d'ici quelques heures.


Paul regarda l'heure : son mobile indiquait cinq heures trente-deux. Il appuya sur « Rappeler ». Son compagnon décrocha immédiatement :

- Salut mon chéri. T'as vu que je viens d'essayer de te joindre ?

- Oui ! T'es arrivé ?

- Affirmatif ! À l'instant. On est crevés Youssef et moi mais je suis tellement heureux de te retrouver enfin. C'est ouf !

- Et moi donc ! Moi aussi je suis fatigué, mais maintenant que t'es là, je sens que ça va aller beaucoup mieux. Bouge pas de Rungis. Le temps de m'habiller et je prends le métro puis le RER pour t'y rejoindre. On reviendra ici à l'appart en taxi, ça sera plus cool. Tu peux proposer à Youssef de venir manger un morceau et se reposer un peu chez nous si tu veux.

- Ok c'est sympa je vais lui dire. Mais je ne sais pas s'il pourra car il a son déchargement et des formalités à faire ici.

- Bon, on verra bien. En tout cas attends-moi au marché de Rungis. Je t'envoie un message quand j'arrive et tu me diras à quel endroit exact je peux vous y trouver à ce moment-là. Ok ?

- Ça marche, on fait comme ça.

- Alors à tout à l'heure. Vivement ! Je t'aime.

- Moi aussi !


Au terme d'un périple en métro et en RER qu'il trouva interminable, Paul atteignit le périmètre du marché international de Rungis, dans la partie sud de la banlieue parisienne. Comme convenu il contacta Chadi qui lui indiqua le lieu précis où il l'attendait dans l'immense succession d'entrepôts dans lesquels se pressait la multitude de ceux qui vendaient et de ceux qui achetaient autour des palettes de fruits, de légumes, de viandes ou autres produits alimentaires de toutes sortes. Le Français traversa cette véritable fourmilière en arpentant d'un pas alerte les bruyantes travées jusqu'au point dont la géolocalisation venait de lui être envoyée sur son smartphone par le Marocain. Celui-ci lui apparut bientôt. Il se tenait debout devant plusieurs piles de caisses d'oranges. Il balayait le vaste marché du regard, son mobile à la main. Lorsqu'il le vit, Paul sentit ses pulsations cardiaques s'emballer. La vision de ce garçon qu'il aimait tant et qui se trouvait là, en chair et en os, à seulement quelques mètres, après cette pénible période de séparation et d'angoisse, avait quelque chose d'irréel.


Comme pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un mirage, le chef de rang du George V ne put s'empêcher de crier « Chadi ! » en tentant de faire émerger sa voix du brouhaha ambiant. Le Maghrébin ne l'entendit pas mais finit par tourner la tête dans sa direction et l'aperçut. Il courut alors vers lui et les deux jeunes hommes tombèrent dans les bras l'un de l'autre au milieu de la foule gesticulante et assourdissante de Rungis.


Soudain, Chadi perçut un léger tapotement sur son épaule droite. Il se retourna. C'était Youssef. Il en profita pour faire les présentations, un peu gêné :

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Le quatrième secret de soeur LuciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant