Après un périple en métro d'une vingtaine de minutes pendant lesquelles aucun des deux garçons ne pipa mot ils regagnèrent la surface en sortant à la station « Concorde ». 

L'énigmatique trentenaire qui avait libéré Paul des griffes de l'ours russe menait la marche. Il entraîna le jeune Français jusque dans le jardin des Tuileries et lui indiqua un banc sur lequel ils s'assirent. L'inconnu aux cheveux bruns et au polo jaune jeta un œil autour d'eux, comme s'il cherchait à s'assurer qu'ils n'étaient pas suivis. Il posa son sinistre étui à côté de lui puis fixa Paul bien en face :

- Alors, ça va ? Remis de tes émotions ?

- Qui êtes-vous ?

- Tu peux me tutoyer. Je suis un peu plus âgé que toi mais pas tant que ça.

- Comment connaissez-vous... euh... connais-tu mon âge ? s'étonna Paul.

- Je sais tout sur toi, ou presque. Depuis ta sortie de l'école maternelle jusqu'à ton enlèvement par cet enfoiré du SVR.

- Du quoi ?

- Du SVR. Les services secrets extérieurs russes. T'en as jamais entendu parler ?

- T'as pas répondu à ma question. Toi, t'es qui ?

- Mon prénom est Adam. Je m'arrêterai là en ce qui concerne mon identité. Je fais un métier qui exige la discrétion quand on veut rester en vie.

- T'es aussi un agent secret, n'est-ce pas ?

- T'es un mec intelligent. C'était bien spécifié dans ton dossier.

- Merci pour le compliment...

- Je t'en prie. Écoute, je vais jouer franc jeu avec toi. Ce qui m'intéresse, c'est la même chose que ce que voulait ce pauvre buveur de vodka. Mais lui il s'y est mal pris. Ils sont vulgaires au SVR. Moi, je suis venu te le demander gentiment. On est comme ça nous, les Israëliens.

- Ah... t'es Israëlien ?

- Oui.

- Tu parles français sans accent pourtant...

- Mon père est Israëlien. Ma mère est Française d'origine. Maintenant elle a la double nationalité. Elle me parle en français depuis ma naissance, tandis que mon daron me parle hébreu. Bon, je t'en ai déjà beaucoup trop dit sur mon compte. Je sais pas pourquoi, tu m'es sympathique !

- Décidément tu me flattes...

- C'est normal, puisque je suis venu te demander quelque chose.

- Je peux savoir quoi ?

- Tu le sais très bien... t'es intelligent, on vient de se le dire. Je t'ai promis d'être transparent avec toi. C'est une façon de te respecter. Je suis un agent du Mossad et tu te doutes bien que je veux la même chose que feu mon pauvre homologue russe... la lettre ! Il faut que tu me donnes cette lettre, Paul !

- Et pourquoi vous y tenez à ce point, tous ?

- Je peux pas répondre pour les autres mais nous les juifs, en ce qui nous concerne, on souhaite vivement que le courrier de la sœur Lucia dos Santos soit rendu public... s'il contient ce que nous supposons.

- C'est-à-dire ?

- Tu es trop curieux mon ami, reprocha l'espion du Mossad en passant une main dans sa chevelure ondulée.


Les deux hommes se turent, le temps de regarder passer un couple faisant son jogging dans le parc. Puis Adam se pinça la lèvre inférieure avant de concéder une explication :

Le quatrième secret de soeur LuciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant