Merci pour les épines

Prologue

2024, de nos jours, Rodez, 27 ans.

On m'avait dit qu'avec le temps, ça passerait, mais il n'y a que le temps qui passe.

Les gouttes défilent, glissent et longent la paroi de ma douche. Le bruit de l'eau, claquant sur la céramique, m'apaise. Je ferme les yeux, m'enivrant de l'instant présent. Laissant la musique taper contre les murs de la salle de bains. Mes cheveux en arrière, ma tête sous l'eau, mes mains tenant ma nuque, je fais le vide. Pourtant, dans cette danse endiablée, se mêlent des larmes salées. Des larmes tardives. Des larmes de fatigue.
- Chérie ? m'appelle Lucas au travers de la porte.
Je rouvre les yeux d'un coup sec, m'essuyant le visage rapidement après avoir coupé le robinet. Je m'enroule dans ma serviette, puis lui ouvre la porte, le trouvant sur le seuil, Ely dans les bras et Liam à ses pieds.
- Tes enfants voulaient leurs bisous avant d'aller dormir ! m'annonce t-il en souriant.
- J'arrive ! Je termine de me sécher et je descends. Mia dort dans la chambre ? demandé-je en connaissant déjà la réponse.
- Toujours sur son coussin, pour ne pas changer ! rit-il.
Pendant que les deux plus jeunes chats le suivent jusqu'au rez-de-chaussée, je retourne dans la pièce et ouvre la fenêtre pour aérer, laissant la vapeur s'échapper. Mes paumes se posent sur la double vasque, pendant que mon regard se perd dans mon reflet. Il me dévoile de la haine, ainsi que de la peine. Ce même regard qu'ils portent. Celui qui m'a touché, abusé, frappé, trahi. Celui aussi que j'aimerais revoir plus que tout au monde.
Contradictoire, n'est-ce pas ?
C'est là tout le sens de cette histoire.
Entre regrets et déceptions.
Entre croyances et désillusions.
Entre espoirs et clémence.
Mais y a t'il une limite au pardon ?

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