Chapitre 24

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Il ne suffit parfois que d'une seule personne pour vous retirer toutes vos convictions. Pour vous retourner le cerveau et se plaindre par la suite que le méchant dans l’histoire n’est autre que vous. Mais j'apprends à dire non. Alors, quand c’est non, c’est non.

•••

Janvier 2013, Millau, Aveyron, 16 ans,

— Sois là à seize heures, pas une minute de plus ! m’informe Catherine.
Je hoche la tête, souriant à pleines dents et pars retrouver mon petit ami, rencontré il y a un mois par le biais d’une amie. Thibault n’est âgé que d’un an de plus que moi et est maçon, en alternance chez son père. Par téléphone, nos conversations sont fournies et je suis à l’aise avec lui. Nous nous sommes vus à plusieurs reprises, sur de courtes durées, mais aujourd'hui, les éducateurs me laissent l’après-midi avec lui, pour profiter.
Déçue, je réalise rapidement qu’il est venu avec des amis, me retrouvant entourée de trois garçons avec qui je n’avais pas forcément envie de passer du temps. Nous nous installons sur des bancs, traînant dans la ville, tandis qu’il se met à rouler un joint. Je refuse une première fois, puis une seconde. À la troisième, je tire une taffe et en reprends une autre.
D’un seul coup, j’ai l’impression de retourner plus d'un an en arrière, sur les marches de Bastille, à me droguer sans objectifs de vie. Réalisant que ce n’est plus ce que je souhaite, je donne le joint à mon voisin.

Nous décidons d’aller dans un bar pour jouer au babyfoot, jeu que j’adore et auquel je suis plutôt bonne. Pourtant, il m’est impossible de me lever. Je reste assise, à même le sol, tandis que les garçons s’amusent sans même me lancer des regards. D’un coup, la nausée m’attrape. Je cours aux toilettes et déverse tout mon repas dans la cuvette. Je me mets à pleurer, me trouvant ridicule. Je n’y avais pas touché depuis huit mois, et voilà que je me retrouve ici, comme une conne, m’essuyant la bouche du revers de la manche, essayant de me relever avec difficulté.
L’heure défile, il faut que je m’en aille, mais mon état est simplement catastrophique. Que vais-je dire à Catherine ?
Je pars, non sans difficulté, en disant à peine au revoir et retrouve le groupe, m’installant rapidement au fond de la voiture sept places, essayant de fuir le regard de mon éducatrice, par honte.
— Ton rendez-vous s'est mal passé ? s’inquiète-t-elle.
— Ouais, j’ai une migraine…

En rentrant, je pars dans ma chambre, dormir jusqu’au lendemain.

•••

Il est évident que ce n'est plus ce que je veux, alors j’en parle à Thibault, lui demandant de ne pas venir avec de la drogue lorsqu’on se voit.
Je ne sais pas ce qu'il y a de pire, si ce n’est que j'ai eu l’impression qu’il se foutait entièrement de moi en arrivant complément défoncé à notre nouveau rendez-vous.
Je me suis énervée, lui expliquant mon passé, mon parcours ainsi que le long chemin que j’avais dû faire pour arrêter, mais à chaque nouveau rendez-vous, j’avais une nouvelle surprise.
Alors, au bout de quatre mois de relation, j’ai dit stop, devenant l’ex conne qui ne laissait pas vivre ce garçon comme il l’entendait.
Les gens ne changent que s’ils ont envie de changer.

Ce jour-là, j’ai compris que j’en avais fini avec ces merdes. Une bonne fois pour toute.



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