Chapitre 30

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Jeudi 2 mars 2017, Rodez, 20 ans,

Tandis que je pensais que l’orage était passé, la foudre s’est abattue sur moi, frappant mon organe vital de plein fouet.
Est-il possible de mourir en ne quittant pas son corps ?

Mon téléphone sonne. Je m’empresse de répondre en voyant l’interlocuteur, étonnée qu’elle pense à moi à une heure si tardive. Elle me demande rapidement de lui passer Clément pour lui parler, qui part s'enfermer dans le salon, en silence, avant qu'il ne me tende à nouveau mon portable, une fois terminé. Je comprends qu'elle est toujours au bout du fil, attendant que je reprenne la conversation. Les sourcils froncés, je ne saisis pas ce qu'il se passe. Il reste debout, face à moi, me fixant d’un regard que je ne connais pas. Je porte l'objet à mon oreille, sans penser un instant que cet appel va changer le cours de ma vie.

La voix de ma sœur retentit dans l’appareil, m’obligeant à m'échouer sur le canapé, lorsque sa première phrase résonne dans tout mon être, accompagnée de sa voix tremblante que je ressens à travers le combiné.
Mon pouls s’accélère.
Ma gorge se serre.
Mes yeux deviennent humides.
— Marie, il est arrivé un drame dans notre famille.
J’imagine tout : mon père, ma mère. J’imagine absolument tout, sauf toi.
Mon corps brûlant de rage, mon cœur saignant d’une souffrance inconnue, je hurle tout ce que ma gorge me permet de rejeter. J’expulse cette douleur que j'espérais ne jamais connaître.
Celle qui nous donne cette impression que tous nos membres quittent notre emballage, un à un, lentement, donnant cette illusion que notre chair explose sous la bombe d’un ennemi, éclatant les murs, brisant notre bulle de verre.
La seule affliction qui pouvait me tuer de l’intérieur.
Pensant imaginer ce qu'elle tente de me faire comprendre, je réalise que ses mots ne laissent pas la place à la rêverie. Tel un coup de massue en pleine tête, elle me percute avec ses paroles, écrase mes rêves, explose mes fêlures et m’arrache les tripes à mains nues, résonnant dans ma tête comme la cloche d’une église.
— Célestin est mort, il s’est pendu.

Ce n’est rien d’autre qu’un cauchemar.
Ce n’est rien d’autre qu’un cauchemar.
Ce n’est rien d’autre qu’un cauchemar.


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