Chapitre 28

11 6 0
                                    

En février, j’ai dû monter à Paris avec Catherine, nous retrouvant dans les locaux de l’aide sociale à l’enfance pour signer mon contrat “jeune majeur”, me permettant d’avoir des aides jusqu'à mes vingt-et-un ans si je le souhaite.
Mes parents, ainsi que Mme Viat étaient présents, déclarant que mes efforts pour me rapprocher d'eux étaient proches de zéro et qu’il fallait que je travaille là-dessus.
Mon éducatrice référente m’a descendue devant la juge, indiquant que je me droguais bien trop et que mon caractère ne laissait pas place à la discussion.
— C’est marrant, est intervenue Catherine, je vis avec elle depuis trois ans et la jeune femme que vous décrivez n’est absolument pas celle qui habite sous notre toit.
J'ai souri, la remerciant d’un regard sincère.
À la sortie de ce bureau, j’ai eu une sensation de renouveau.
Majeure et libre, ai-je pensé.

•••

Juin 2015, Rodez, 18 ans,

Ma deuxième année d’alternance touche à sa fin. Étant séparée de Fabien depuis peu, je suis donc retournée vivre dans mon appartement, buchant sur mes cours pour ne pas louper les examens finaux.

Je participe au concours des meilleurs apprentis de France, en vente, qui consiste à fabriquer une vitrine complète sur le thème des oiseaux, en exposant les produits de notre boutique. Je termine médaille d’argent aux régionales, ce qui me rend fière de moi.

Durant cette même période, entre deux étapes d’examens, je rencontre Clément qui est au CFA en mécanique.  gé de seulement seize ans, je reste sur la défensive le concernant. Beau garçon, il sait jouer de son charme naturel me faisant craquer rien qu’avec ses messages. Je le trouve attentionné et adorable lorsqu'il m'écrit pour me souhaiter bonne chance avant mon examen final, me retrouvant avec deux juges pour une simulation de vente, dans ma propre boutique. Il y a pensé. Je lui avais pourtant donné la date et l’heure un mois plus tôt, mais il y a pensé. Ça m’a donné du courage avant de me lancer pour me faire noter. Les deux hommes sont partis après avoir discuté avec l'une des patronnes de la boutique.
— Gardez-la, vous avez une sacrée perle, m’a complimentée l’un d’eux.
La seule chose que j’ai eu envie de faire a été d'écrire à Clément pour lui expliquer comment ça s'était passé, souriant niaisement lorsqu’il m’a répondu qu’il se doutait que j'étais extraordinaire.

Je l'étais, avant que tu ne me brises.

•••

Notre relation a débuté avec beaucoup de passion. Je me suis laissée emporter par le son de son rire dans mes oreilles, comme une mélodie que je rêve d'écouter à l’infini, sans jamais m’en lasser. Nous avons passé l'été ensemble, me présentant ses parents lors d’un weekend au lac. Entre deux pique-niques et des balades, sa main tenant la mienne, ne la lâchant que lorsque je devais retourner travailler. Comment ai-je pu me laisser berner ?

Mon cœur vient de rater un battement lorsque je reçois cette photo, découvrant que mon copain me trompe depuis quelques semaines alors que nous ne sommes ensemble que depuis trois mois, seulement.
La sensation de tromperie, il y a bien longtemps que je ne l’avais pas ressenti. Similaire à celle que j’ai vécue avec ma famille, lorsqu’ils m'ont crû lui plutôt que moi. Similaire à Mme Viat qui m’a toujours regardée de travers, me prenant pour la fautive de tout ce qui arrivait dans ma famille.
Mais aujourd'hui, qu’ai-je fait de mal pour qu’il aille voir ailleurs alors que notre été n’a été qu’amour et rebondissements ? Que de joie et de rires !
Il tente malgré tout de détourner son mensonge, mais les preuves ne mentent pas et la douleur que je ressens est incommensurable.

Pourtant, je lui pardonne, pensant mériter ce qui m’arrive, lorsqu’il me présente ses excuses un soir de fête où je suis conviée pour l’anniversaire en commun de son frère, sa mère et lui.
Entre deux cris et deux larmes, il m’embrasse tandis que je ne le repousse pas.
J'aurais dû partir et ne jamais me retourner.

•••

À partir de ce jour, notre relation s’est totalement transformée en un ramassis de merde. Entre crises de jalousie inexpliquées et incontrôlables, il me reproche de me faire draguer par n’importe quel individu. Pourtant, n’est-ce pas lui qui est allé voir ailleurs ?! Je passe mes journées à lui donner des explications qui sont insensées, tentant de calmer sa jalousie maladive. Je découvre pourtant, à plusieurs reprises, qu’il continue de parler à des filles, me prenant pour une conne quant au degré d’ambiguïté.
Heureusement, vivant toujours chez ses parents à une heure de Rodez, nous nous voyons seulement deux semaines par mois ainsi que les weekends. Pourtant, nous arrivons quand même à nous détruire mutuellement par message. Mais l’un comme l’autre, nous restons accrochés comme une huître à son rocher, attendant que la vague passe. Alors que c’est un tsunami qui risque d’arriver.
Les mois défilent, tandis que de mon côté, j’ai signé mon CDI dans ma boutique que je prends soin d’égayer, profitant de mes amis lorsque Clément me le permet. De son côté, il continue sa seconde année en mécanique au CFA, bénéficiant de mon appartement lorsqu’il vient à Rodez.

Pour les vacances d’hiver, nous partons tous les deux à Paris, le présentant à ma famille. Célestin et lui ayant le même âge, mon frère étant plus âgé de seulement un mois, ils s’entendent à merveille.
Nous profitons du nouvel an pour nous balader dans la capitale, découvrant les illuminations et la Tour Eiffel qui scintille de mille feux dans la nuit noire. Accompagnée de mon frère, Gaëlle et Clément, je jouis de l’instant présent, imaginant tout avoir, pensant que ces personnes feront toujours partie de ma vie, intégralement et pour longtemps.

Je lâche mon frère, après un long câlin, l’embrassant tendrement, reprenant ma route vers Rodez escortée de Clément, sans me douter un instant que ce soir-là, j’ai choisi de prendre la main du mauvais garçon.




Si tu as aimé le chapitre, mets une 🌟
Je t'en remercie d'avance 🥹🫶

Merci pour les épinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant