Chapitre 21

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Peut-être était-ce encore trop tôt, pour me remettre dans cet endroit qui m’a brisée ? Retrouver ma chambre d’enfant, mes parents qui font comme si je n’existais pas et cette maison qui a l’odeur de mes traumatismes. Heureusement, je passe mes journées et mes nuits dehors, embarquant mon frère avec moi pour retrouver mes potes.

Les vieilles habitudes reviennent au galop. Alors que mon corps ne tremblait enfin plus du manque d’alcool ni de drogue, je fourre mon nez en plein dedans dès la première soirée sur les bords de Marne. Pour quoi faire ? Simplement pour leur ressembler. Pourtant, depuis mon départ, aucun d’eux n’a pris de mes nouvelles, hormis Cassandra et Emily, ma meilleure amie d’enfance. Ils m’ont oublié aussi vite que je suis partie. Toutefois, je suis là, avec eux, reprenant mes travers comme si ça avait été simple de repartir sur le bon chemin.

Allongée à même le sol, je contemple le ciel étoilé de cette nuit d’août. Je tire sur mon joint, sans envie. Je me redresse alors, regarde mes potes parler, tandis que Tinou est installé à mes côtés, à moitié endormi.
— Tiens, je te le donne, dis-je en tendant mon pétard à ma pote.
Étonnée, elle me fixe sans le prendre.
— T’es sûre ? T'en veux plus ?
Je tend un peu plus mon bras, hochant la tête.
— Non, j’en veux plus.
Je me lève après qu'elle l’a récupéré, et réveille doucement Célestin qui somnole seulement.
— Tu viens Tinou, on rentre, lui annoncé-je, traçant déjà la route vers la maison.
Il me rejoint rapidement, se place à mes côtés, souriant.
Lui et moi, contre le reste du monde.

•••

2003, Nogent-sur-Marne, 6 ans,

— Chut ! Arrête de faire du bruit, ils vont se réveiller !
— Désolé, j’ai marché sur le drap ! m’informe Célestin, tout en me suivant, descendant les escaliers en bois avec minutie, tentant de ne pas les faire grincer sous notre poids.
Arrivés à la cuisine, nous traversons le salon pour atteindre la porte fenêtre donnant sur l’extérieur.

Durant la journée, nous avons monté la tente qui appartient à notre grande sœur, trouvée dans le garage et l'avons installée près d’un arbre, au fond du jardin. Nous avons joué toute l’après-midi à l'intérieur, avant de devoir rentrer pour le reste de la journée.
Il n’a suffit que d’un simple regard et d’un sourire en coin pour comprendre que nous avions la même idée.
— Maman, je peux dormir avec Tinou ce soir ? ai-je demandé.
J’ai croisé les doigts pour qu'elle dise oui et j'ai sauté de joie lorsque sa réponse a atteint mes oreilles.

C’est donc en pleine nuit, couette sur le dos et coussins entre les dents que nous descendons pour retrouver notre cabane en tissu.
Nous courons dans l'herbe, pieds nus, en ricanant, ravies que notre plan ait fonctionné.
Nous ne nous attendions pas à ce que nos parents dorment la fenêtre ouverte, donnant sur le jardin, et qu’ils nous entendent si vite.
— Vous foutez quoi ici ? hurle ma mère depuis sa chambre. Rentrez immédiatement !
Nos petites jambes font demi-tour, jusqu’à atteindre l’escalier principal. Ma mère est en haut des marches, attendant patiemment de nous punir comme il se doit.

Pourquoi faut-il que tous mes souvenirs se terminent en cauchemar ?

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