Chapitre 20

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Inscrite dans le collège privée du village le plus proche, j’entame, pour seulement un mois, la fin de ma quatrième.

Qui a eu l’idée de mélanger les chiffres et les lettres, que je lui arrache la tête ?!
Je mouline et je patauge dans la semoule. Qui a dit que ce serait facile ?
J’en viens presque à regretter ma décision, prise peut-être trop vite.
Pourtant, la phrase de Momo me revient en tête : “Peu importe tes résultats, je veux seulement voir que tu t’impliques !”.
Alors, je bûche tous les soirs pendant des heures, essayant tant bien que mal de comprendre les multiplications, les additions, les soustractions. Je suis descolarisée depuis tellement longtemps qu’une simple formule de mathématiques me fait tourner la tête. À quinze ans, je n’ai qu'un niveau de CM2. Pourtant, bien qu’on l’a spécifié à l’établissement, ma professeur m'en fait voir de toutes les couleurs et me décourage plus qu'elle ne m’encourage.

Je me concentre donc sur les matières où j’excelle, comme le français, l’art plastique et la musique. C’est déjà mieux que rien, non ?

L’année scolaire touche à sa fin et malgré mes efforts, mes résultats ne sont pas convaincants. Le directrice nous informe qu’il serait mieux que je redouble une troisième fois pour rattraper mon retard évident. Toutefois, Momo refuse catégoriquement.
— Cette gamine ne va pas passer sa vie à essayer de rattraper tout ce qu'elle ne connaît pas. Si c’est le brevet qui vous inquiète, elle l'aura.
J’en suis pourtant moins persuadée que lui, mais son discours fonctionne, laissant la cheffe de l’établissement indécise. Pourtant, à la fin de cet entretien, elle nous informe que je passe en troisième, et qu'elle m’attendra à l’arrivée.
— Je compte sur vous mademoiselle, m’informe-t-elle avant de fermer la porte de son bureau.
Il me fixe, son regard bleu perçant vient me percuter.
— Tu vas y arriver ma fille, je crois en toi.

Sans le savoir, il venait de m’offrir la plus belle déclaration d’amour. Comme un père à sa fille.
Ça m’a donné l’envie de croire en moi, pour la première fois de ma vie.

•••

L’été bat son plein. Nous passons nos journées à nous balader, à faire un peu de jardin et, si l’éducateur du jour le veut bien, nous partons au lac qui se trouve à vingt minutes du lieu de vie, où nous pouvons y passer des heures à sauter des falaises pour satisfaire notre adrénaline. On s'éclate comme des dingues, profitant des nuits douces pour faire des barbecues le soir, nous retrouvant autour du feu, à se raconter des histoires d’horreur, à faire cuire des marshmallows ou à jouer de la musique.

Il est évident que je me sens bien ici. La pollution de Paris a dû toucher mes neurones à force de traîner dans ses rues, sales et mal fréquentées.
Ici, je ne fume plus de drogue et je ne bois plus d’alcool. Bien que les premiers temps aient été compliqués, ayant dû faire un sevrage. Aujourd'hui, je me sens réellement débarrassée de ces substances nocives.

Dans quelques heures, je devrai prendre le train pour retourner à Paris, me laissant tout le mois d’août pour profiter de mes amis et de mon frère.
Je termine donc de préparer ma valise avant d’aller manger avec le groupe. Mes pensées divergent. Je ne sais pas vraiment ce que je ressens à cet instant. Alors, dans le calme, je profite du dernier repas avec eux, avant de retrouver ma vie, celle que j’ai quittée il y a quatre mois et qui n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd'hui.

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Merci pour les épinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant