Une lettre à mon frère

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2 Mars 2024, Rodez, 27 ans,

J'avais 20 ans lorsque j'ai dû vivre cette terrible épreuve que la vie m'a imposée.
Nous étions un jeudi soir, en ce 2 mars 2017, lorsque l'une de mes sœurs m'a appelée.
"Un drame est arrivé dans notre famille", m'a-t-elle annoncé, la voix tremblante de chagrin. Puis, tout s'est enchaîné. J'ai senti mon corps se resserrer, mes os se fêler, mon cœur se briser. Ne me laissant pas le choix que d'accepter. Accepter que je ne te verrai plus, que je ne t'entendrais plus. Qu'un jour, sans le vouloir, j'oublierai même le son de ta voix, de ton rire.

Puis, ses derniers mots ont résonné dans tout mon être, brisant en mille morceaux ce qu'il me restait d'espoir que tu ne sois pas ce drame. Comme un torrent déchirant ma chaire depuis l'intérieur.
Ne laissant que mes larmes inonder mon visage, tel un pansement qu'on collerait sur une tasse en porcelaine, éméchée à force d'être trop tombée, essayant tant bien que mal de me consoler.
"Célestin est mort. Il s'est pendu."
Et mon monde s'est écroulé.

Il y a 7 ans, tu as pris cette grande décision de ne plus souffrir. Parce que vivre est parfois plus douloureux que de se laisser mourir.
Et depuis, je ne cesse d'essayer de faire ton deuil. Mais comment doit-on faire quand on perd l'amour de sa vie ? Je n'ai malheureusement pas encore trouvé la notice dans le livre de la vie.

On m'avait dit qu'avec le temps ça passerait.
Mais il n'y a que le temps qui passe.
Et ton souvenir s'efface aux yeux des gens.
Tu les as quittés eux, mais tu restes en moi.
Dans ma tête lorsque j'entends certaines musiques. Dans mon propre regard que je croise parfois. Dans chacun de mes pas.
Tu es dans le souffle du vent. Dans le chant des oiseaux, ces matins de printemps. Tu es dans les fleurs de cerisiers, qu'on aimait tant cueillir. Tu es sur cette patinoire givrée, sur laquelle tu adorais glisser.
Tu es ma motivation le matin et mes larmes le soir.

Tu es ma plus grande douleur, à la hauteur de ce que je t'ai aimé, et de ce que tu m'as donné.
Ton passage sur Terre aura été de courte durée, mais tu m'as marqué au fer rouge au point de ne jamais pouvoir t'oublier.

À jamais, petit frère.
T'aimer aura été ma plus grande source de bonheur, durant ces 18 années.
Et je continuerai, jusqu'à mon dernier souffle.

Jusqu'à te retrouver.



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Je t'en remercie d'avance 🥹🫶

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