Chapitre 18 - Sentiment de honte

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Je reste sur place à regarder la voiture s'éloigner. Avant de tourner, je le vois sortir la main et me faire un signe avant de disparaître. Que dire ? J'ai passé un superbe moment. Je n'aurais jamais pensé que cela puisse arriver. Jérémy a été parfait et je n'ai pas su résister à son charme. Je réalise que je veux le revoir et me mets à pleurer.


Ma peine est telle que le canapé ne me suffira pas pour me morfondre. Seul mon lit saura me réconforter. Je suis désespérée mais pas non plus au point de ne pas me laver pour me glisser dans mes draps propres qui sentent la vanille. Les vieux réflexes persistent malgré tout, que voulez-vous ! À peine rentrée chez moi que Socrate vient à moi pour me souhaiter la bienvenue et se frotter contre mes mollets. Je la prends dans mes bras et me dirige vers la salle de bain.

— Mon rendez-vous ne pouvait pas mieux se passer. Jérémy était adorable et... et j'ai absolument tout gâché ! Lui raconté-je.

Je la dépose sur l'évier, son perchoir favori pour me fixer à chaque fois que je me douche. On s'y habitue avec le temps. Pendant que je me déshabille, je continue à lui raconter mon malheur.

— Et c'est bien ça le pire, je m'attendais à une mauvaise surprise d'un mec rencontré sur une application mais pas du tout !

Je prends un mouchoir et me mouche bruyamment. J'ai encore en tête l'image de cette adolescente qui a le coeur brisé après un amour de vacances qui a duré une semaine.

— Je suis nulle Socrate, une pauvre idiote qui finira avec son chat. Tu parles d'un cliché... C'est pas contre toi, je t'aime toi mais c'est pas vraiment pareil.

Une fois nue, je me faufile dans la douche pour me glisser sous un jet d'eau brulant. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais les douches stimulent toujours mon esprit. C'est là qu'il tourne le mieux. Il y a plus économique, mais le fait est que ça marche. L'eau et la chaleur aident à me remettre les idées en place.

Ça fonctionne car je me sens plus apaisée comme coupée de monde qui m'entoure. Je ferme les yeux et me concentre sur le bruit que fait le ruissellement de l'eau. Je ressens sa caresse sur tout mon corps. Je pourrais rester ainsi durant des heures. Maintenant que j'ai la tête reposée, je me demande pourquoi lui avoir menti. Est-ce que je mérite vraiment d'être heureuse ? N'est-ce pas l'expression de mon inconscient qui me pousse à rejeter ce qui s'apparente au bonheur pour moi ? Mais pourquoi n'aurais-je pas ce droit là ? Suis-je en train de payer les crimes d'une de mes vies antérieures ? Ai-je des vies intérieures ?

J'ouvre soudainement les yeux.

— Quelles conneries tout ça !

D'où me viennent ces idées farfelues ? Je suis vraiment affectée par tout ça pour qu'une douche ne m'apporte pas la paix de l'âme habituelle. Je crois que finalement il n'existe aucune raison autre que ma bêtise. Il faut arrêter de chercher des explications nous permettant de nous déresponsabiliser. J'ai fait une connerie et je dois l'assumer, voilà tout.

Tout compte fait, la douche m'a bien aidée. Tout à l'heure, j'avais le sentiment qu'un tremblement de terre avait tout renversé dans ma tête. Pendant que je me lavais, j'avais pris le temps de tout remettre minutieusement en ordre, à l'image de mon appartement où rien ne traine.

Me voilà à nouveau en possession de mes moyens.

Une légère secousse vient de nouveau ébranler l'ordre que je viens de faire dans ma tête. Son origine ? Une notification. Une deuxième vient fragiliser un peu plus l'ensemble. Craintive, je récupère mon téléphone et découvre deux nouveaux messages. Le premier de Justine qui me demande des nouvelles et le second d'un numéro inconnu : « Je suis bien rentré chez moi, j'ai passé un super moment avec toi, Léa ! Je t'embrasse. »

Mon nom est SarahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant