Je suis la reine et je suis condamnée à subir ce regard où je peux lire déception et désillusion.
Sous les applaudissements des élèves accompagnés de leurs parents, je regarde Jérémy se détourner et m'ignorer. Impuissante, je ne peux le retrouver et lui parler. Pas devant tout le monde. On m'apporte une couronne que l'on pose sur le sommet de mon crâne et je m'oblige à sourire pour sauver les apparences. Mais tout au fond de moi, mon coeur est en larme. En tant que condamnée, j'aurais aimé faire un seul voeu : que jamais mon mensonge ne soit proféré. Mais ce n'est qu'une tradition et je n'ai le droit qu'à la condamnation. C'est exactement ce que ressent mon coeur. Il est condamné à revivre le souvenir de cette lumière qui s'éteint dans le regard de Jérémy.
Après avoir récupéré Nina, ils partent tous les deux. J'assiste à la scène totalement impuissante. Dès qu'ils sortent de mon champ de vision, je reste là, immobile, à fixer la route. Finalement, je vois sa voiture au loquet cassé s'éloigner au loin.
Pourquoi avait-il fallu que cela arrive ? Je comptais tout lui avouer et j'aurais au moins eu le mérite d'être honnête. Là, c'est lui qui avait tout découvert et, disons le, cela est pire que si je lui avais dit moi-même.
Justine me rejoint et me regarde avec compassion. Je suis à deux doigts d'éclater en sanglots, mais je tiens. Je ne sais pas d'où me vient cette force, mais j'arrive à ne pas trahir mes émotions.
L'avantage d'être une grande équipe, c'est qu'on pouvait se passer de nous. C'est donc aux côtés de Justine que je me suis échappée de ce cauchemar.
— Je laisse ma voiture à l'école, m'annonce-t-elle. Je rentre avec toi, on se fait une soirée filles avec Socrate.
Je lui adresse un sourire sincère. Même dans les pires des situations, elle a le don de me soutirer un sourire.
Une fois grimpée dans la voiture, je me laisse aller aux larmes. Tout aussi impuissante que moi, Justine me prend simplement par les épaules. Ma souffrance est réelle et je prends d'autant plus conscience de mes sentiments à l'égard de Jérémy. Plus on s'attache à une personne et plus le risque de souffrir est grand.
Mes larmes ne cessant de couler, j'ai cédé le volant à Justine pour me contenter de renifler bruyamment à ses côtés. Quand on arrive chez moi, Socrate me saute dessus, son sixième sens lui ayant probablement informé que sa maitresse adorée allait mal. Plonger mon visage dans sa fourrure me procure une sensation de bien-être bienvenue.
— Pourquoi ne pas lui avoir dit plus tôt ? Me demande doucement Justine.
Nous nous sommes installées dans le canapé, un Disney en fond à la télé. Pour preuve que je vais mal, c'est Justine qui s'est trouvée obligée de choisir quel animé mettre. L'envie de faire quoi que ce soit s'est comme dissipée chez moi. La seule chose dont j'ai envie, c'est de pleurer jusqu'à épuisement pour me réveiller et réaliser que tout cela n'était qu'un cauchemar.
— Je trouvais mon mensonge tellement ridicule... Plus le temps passait et plus il m'était difficile de lui dire. Ensuite, quand j'ai commencé à m'attacher à lui, j'ai eu peur de tout gâcher et là j'étais prise au piège.
Tout cela m'avait hanté tant de fois. Ces craintes et ces doutes n'ont eu de cesse de me tourmenter tout ce temps. Mais voilà que ce que je redoutais le plus venait de se produire.
— Et je ne comprends même pas pourquoi je pleure, il fallait bien que ça arrive, continué-je d'expliquer. J'aurais seulement aimé le lui dire moi-même... Pas qu'il l'apprenne comme ça !
J'essuie mes larmes et me mouche. J'attrape le petit corps de Socrate que je viens plaquer contre moi. Elle avait glissé dans son sommeil et j'ai besoin de son contact. Cette dernière se réveille et me lance un regard courroucé avant de se rappeler que je vais mal. Elle se réinstalle et se met à ronronner pour m'aider à m'apaiser.
— Tout n'est peut-être pas perdu, tente de me rassurer Justine.
Je rigole amèrement avant de lui répondre.
— S'il m'avait fait la même chose, il aurait été hors de question de le revoir.
— Oui, mais tout le monde n'est pas aussi bornée que toi, Sarah.
Elle m'adresse un sourire. Vaine tentative de me faire sourire. Et elle y arrive. Il est vrai que j'ai un sale caractère. L'idée d'un voeu me vient alors à l'esprit, que Jérémy soit moins rancunier que moi. Si seulement... Je veux y croire et dans le fond, je crois que cela est réalisable. Jusqu'alors, Jérémy s'est montré attentionné et patient. Mais, n'ai-je pas été trop loin ?
— Écoute, me dit soudainement Justine. Ça ne sert à rien de ressasser tout ça, ce qui est fait est fait. On ne va pas tourner en rond comme un poisson dans son bocal ! Maintenant, tu vas vider ta tête, regarder ton Disney et te remettre de tes émotions.
— C'est impossible ! Comment veux-tu que je n'y pense pas ?
— Je sais bien, essaye seulement. De toute façon, il faut que tu te montres patiente. Si jamais Jérémy se manifeste, ce ne sera pas de si tôt. Laisse-lui le temps de digérer tout ça.
Justine a raison. N'étant pas la principale concernée, elle arrive encore à réfléchir. Heureusement qu'elle est là, car tout est sombre dans ma tête et il m'est impossible de penser clairement.
Je tente malgré tout.
— Tu ne crois pas qu'un petit message ne coûte rien ?
— Surtout pas, malheureuse ! Rétorque Justine. C'est dur, mais laisse-le réfléchir. Si tu insistes, il se braquera d'autant plus. Crois-moi, quand un mec joue au con et derrière vient te supplier par message, tu n'as qu'une envie, c'est de le dégager et bloquer son numéro pour qu'il lâche l'affaire.
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Mon nom est Sarah
RomanceSarah se retrouve à devoir sortir de sa zone de confort le jour où sa meilleure amie lui installe une application de rencontre et qu'elle y fait la connaissance d'un homme. Sarah et son mystérieux prétendant vont s'engager dans une relation semée d'...