Mon nom est Sarah

Chapitre 19 - Cocktail rose et café

Comme le font les mamans, elle vient déposer un baiser sur mon front et reprend son ascension. Elle me connaît suffisamment pour savoir que je ne veux pas en parler dans l'immédiat. Cependant elle se trompe quant aux raisons. J'appréhende de lui en parler avant tout parce que je suis fautive dans cette histoire.

Justine me présente à tous ses amis. Aucun de ses collègues parmi eux sinon je les connaîtrais. Et oui, nous n'avons pas réussi à nous séparer une fois les études terminées et nous travaillons aujourd'hui ensemble. Bref, là n'est pas la question. Je fais ainsi la rencontre d'un groupe d'amis que je ne connais pas. Ils me disent être ravis de faire ma connaissance et je ne manque pas de les remercier de mon plus beau et faux sourire.

    Alors que les présentations durent, Justine voit que cela finit par me peser et accélère la cadence pour y mettre un terme rapidement. Merci, t'es vraiment la meilleure, Justine.

    Je me retrouve avec un verre à la main, un cocktail sans alcool. J'ignore de quoi il s'agit mais il est excellent. Il y a même quelques bonbons flottant à la surface de ce liquide rose. C'est le jeune barman derrière son comptoir qui me l'a servi. C'est notre homme attitré pour la soirée. Sur le bar, des verres sont alignés, attendant qu'une main vienne s'en emparer. Par contre, si vous voulez une boisson en particulier, c'est à notre homme qu'il faut s'adresser.

    On peut également retrouver des planches de charcuterie et de fromage disposées un peu partout. Tandis que je fais le tour de l'étage, je me sers à plusieurs reprises. Ils sont là pour ça après tout. Je ne comprends pas ceux qui n'osent pas se servir d'autant plus que le fromage est divinement bon et sent très fort. Ce détail ne m'inquiète pas le moins du monde. Au contraire, je n'hésiterai pas à user de cette arme qu'est mon haleine pour repousser toute tentative de conversation.

    Je vois au loin Justine me jeter de brefs regards à la façon d'une mère qui garde un oeil sur sa progéniture. Cherche-t-elle à savoir ce qu'il s'est passé avec Jérémy comme si on pouvait le lire sur mon front ? Craint-elle de me voir me mettre à pleurer ? Elle n'agit pas ainsi sans raison car à la fac, Justine a connu tous mes déboires amoureux.

    Au bout d'un moment je finis par trouver un tabouret seul dans un coin. C'est parfait, car je sais que personne ne viendra m'incommoder ici. Je me dépêche de le rejoindre même si je doute qu'on vienne s'y installer. Il n'y avait que moi ce soir pour chercher l'isolement.

    Au fur et à mesure que mon fabuleux nectar descend, assez rapidement je dois le dire, je me félicite de ne pas avoir pris d'alcool. Cela dit, je n'en ai pas besoin pour penser à Jérémy. Il m'avait envoyé plusieurs messages : « Léa ? Tout va bien ? » Ou encore « J'ai fait quelque chose de mal ? ». Je n'ai répondu à aucun de ses messages. Ce n'est pas lui qui avait mal agi... Il attendait une réponse de Léa, celle que je ne suis pas.

    Je m'en voulais de l'ignorer de la sorte. Il ne comprenait même pas pourquoi je ne lui répondais pas. En me mettant à sa place, j'imagine la frustration que cela doit susciter. Mais n'est-ce pas un service que je lui rends à sortir de sa vie ? Je n'arrive pas à projeter quoique ce soit après ma connerie.

    — Salut !

    Une jeune femme, de mon âge à mon avis, sort de nul part tirant un tabouret derrière elle pour venir s'assoir à mes côté. Pourquoi faut-il toujours que les gens se sentent obligés de tenir compagnie quand ils voyaient une personne seule ? C'est si inconcevable que ça d'imaginer vouloir un peu de solitude ? Elle porte une robe pailletée colorée qui contraste avec ma tenue mais surtout avec mon visage où clignotait mon désespoir.

    — Hey...

    Je n'ai pas retenu son prénom. L'inconnue le remarque et vient placer une main sur mon bras, compréhensive.