Chapitre 47 - Départ improvisé

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Reconnaissante qu'il me comprenne aussi naturellement, un sourire se dessine sur mon visage. Une fois nos tisanes terminées, nous sommes retournés dans la chambre. De toute ma vie, jamais je ne me suis endormie aussi rapidement mais surtout aussi comblée.


 Au petit matin, nous nous réveillons ensemble pour la seconde fois dans le même lit. Lors de notre premier réveil, je l'avais regardé dormir, et maintenant, c'est à son tour de me regarder me réveiller. Il est tourné vers moi, son bras replié pour maintenir sa tête penchée, caressant amoureusement le bout de mes cheveux. Quelle merveilleuse image à voir lorsque j'ouvre les yeux. Je le découvre à mes côtés, me souriant sans même s'en rendre compte.

— Bonjour, dis-je en déposant un baiser sur ses lèvres.

Quelle joie ! Autant je suis maniaque de la propreté, autant je compte bien laisser mes draps tels quels pendant un moment, imprégnés de son odeur. Curieusement, c'est la première pensée qui me traverse l'esprit.

Nous traînons au lit une bonne partie de la matinée. Je me suis levée seulement pour nous préparer un café que nous avons bu en restant au fond du lit, poursuivant nos discussions sur le monde qui nous entoure. Le monde se réduit peu à peu à ma chambre, et son regard finit par se perdre sur les objets que j'y entrepose.

— Qu'est-ce que c'est ? demande-t-il en me montrant un petit carnet sur ma table de chevet.

— C'est mon carnet de rêves, j'y écris tout ce qui se passe la nuit.

Un sourire malicieux se dessine sur son visage. Je crois d'abord qu'il se moque de moi avant de m'interroger.

— Et tu vas y écrire notre nuit partagée à la chaleur des bougies ?

Sa question me fait rougir.

— Non, ce qui se passe quand je dors ! expliqué-je.

— Tu arrives à te souvenir de tes rêves ? me demande-t-il, vraiment étonné.

J'hoche la tête fièrement. J'ai l'impression de posséder un super pouvoir à chaque fois que je l'annonce.

— Je ne me souviens d'aucun de mes rêves, poursuit Jérémy. Je crois que je n'en fais pas.

— C'est impossible, objecté-je. Le cycle du sommeil est découpé en trois phases : le sommeil léger, profond et paradoxal.

À mon plus grand plaisir, Jérémy se montre intéressé par mes explications. Par le passé, j'ai tenté à plusieurs reprises d'en parler avec Justine, mais elle s'en moque royalement.

Je me redresse dans le lit, excitée de pouvoir en discuter avec lui.

— Tu passes ta nuit à passer d'une phase à l'autre. Le cycle se répète jusqu'au réveil et c'est durant la phase paradoxale que nous rêvons. Donc tu ne peux pas ne pas rêver, ajouté-je.

Jérémy sourit et me fait part de ses déductions.

— J'ai une mémoire de poisson rouge, en fait.

— Absolument pas, c'est tout un travail de se souvenir de ses rêves. Et ce petit carnet là, dis-je en m'en emparant, est mon outil. Je suis certaine qu'il t'arrive de t'en souvenir au réveil mais qu'ils finissent par s'évaporer de ton esprit. Je les écris pour éviter ça justement.

Jérémy relève la tête, le regard empreint de compréhension, m'indiquant qu'il saisit ce que je viens de lui expliquer et que cela lui est déjà arrivé. Voyant cela comme un signe que je dois poursuivre, je m'exécute avec plaisir.

— Ne t'étonne pas si, une nuit, tu me vois écrire dedans. Je le fais pendant que c'est encore frais.

— Je vois, mais pourquoi faire au juste ?

— Eh bien... Quand nous dormons, l'esprit reste éveillé, y compris la partie inconsciente que notre esprit s'évertue à nous cacher en permanence. Quand on rêve, cette partie peut enfin s'exprimer et nous révéler ce qu'elle contient.

— Si je comprends bien, notre inconscient contient n'importe quoi ? veut-il savoir. Parce que les rêves sont quand même incompréhensibles.

Je souris car je m'attendais à cette remarque.

— C'est normal. Comme je te disais, notre esprit fait tout pour nous dissimuler notre inconscient. Et à défaut d'y parvenir quand on dort, il brouille le sens pour que celui-ci soit, comme tu dis, incompréhensible.

Notre discussion se poursuit, cette fois-ci sur l'interprétation de nos rêves. Peut-être est-ce parce que ce n'est que le début entre Jérémy et moi, mais je suis tellement heureuse de pouvoir parler de tout et de rien avec lui.

Malheureusement, nous ne pouvons pas rester éternellement au lit, surtout parce que Socrate s'est manifestée pour réclamer à manger. Cela a été pour nous le signal de nous extraire du lit. Sur le chemin de la chambre à la salle de bain, Jérémy a continué à s'intéresser à toutes les petites bricoles qu'il a trouvées chez moi : un souvenir de vacances avec Justine, un caillou trouvé lorsque j'étais enfant, ainsi que les coffrets offerts par ma mère et mon oncle à Noël. C'est alors qu'une idée absolument géniale me vient à l'esprit.

— Rappelle-moi, quand revient Nina ? demandé-je innocemment.

— Dans trois jours, répond-il.

— Et as-tu des choses prévues ces trois prochains jours ?

— Outre les passer avec toi ? Rien du tout !

J'y vois un signe et m'empare des coffrets que j'agite devant moi.

— Ça te dirait un petit week-end improvisé ?

Encore un signe que je suis bien avec Jérémy. De nature casanière, vous n'imaginez même pas ce que cette proposition révèle de mes sentiments pour lui. Je sautille de joie quand il accepte.

Changement de programme, nous nous préparons pour ces petites vacances imprévues. Pendant qu'il est dans la salle de bain, je prépare ma valise en espérant ne rien oublier dans la précipitation. Quand tout me semble prêt, je me frappe le front en remarquant Socrate me regarder avec curiosité.

Sans perdre de temps, j'appelle Justine, qui me répond dès la première sonnerie. À croire qu'elle attendait un retour de notre soirée avec impatience. Je prends tout de même le temps de lui faire un petit résumé, suffisamment silencieusement pour que Jérémy ne m'entende pas. Je lui explique ensuite notre projet et lui demande si elle peut prendre Socrate le temps de notre week-end. Étant la meilleure des amies, Justine accepte, toute aussi excitée que moi. Je raccroche et prépare donc également les affaires de Socrate, déjà dans son sac de voyage.

Je pense que vous avez deviné mon degré d'exaltation.

Pile au moment où je termine, Jérémy sort de la salle de bain, plus beau que jamais. Il regarde mes affaires et ouvre de grands yeux étonnés.

— J'ai été si long que ça ?

J'hausse les épaules avec innocence, ce qui ne manque pas de le faire sourire.

— Tu as fait la réservation ? demande Jérémy.

Pour information, de toute ma vie, je n'ai jamais utilisé un coffret de ce genre.

— Comment ça, il faut réserver ?

Mon nom est SarahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant