Chapitre 7 - Faisons connaissance

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Cette dernière chamaillerie fraternelle me rappelait pourquoi j'aimais tant ces moments. C'était ça Noël pour moi. Un bref instant de l'année où je replongeais dans l'insouciance de mon enfance avec Nathan. Je retrouvais alors notre complicité juvénile, identique à celle du passé.


Épuisée après cette longue journée de shopping où je n'ai fait que piétiner, je rentre enfin chez moi, mes lourds sacs laissant des marques temporaires sur mes frêles épaules fatiguées.

Un soupir de soulagement s'échappe d'entre mes lèvres alors que je rejoins mon canapé avec reconnaissance, m'effondrant sur ses coussins douillets. C'est à croire que je venais d'achever une mission digne d'un marathon. Mes pieds, libérés des chaussures retrouvent la douceur du tapis, que Socrate aimait particulièrement gratter. C'est dans cet état de béatitude épuisée que je me laisse emporter par le confort accueillant du canapé où je peux maintenant savourer l'instant où mes muscles fatigués trouvent enfin le repos tant mérité.

Au moment où je me disais qu'il ne me manquait plus que Socrate pour être encore mieux, celle-ci sort de nul part pour se blottir contre moi. Maintenant, je suis vraiment bien.

Je cherche la télécommande quelques instants avant d'arrêter mon geste. Je viens de me souvenir du message que Jérémimi m'avait envoyé. Et je me surprends à ressentir de la curiosité à vouloir le lire. Encore ce matin mon indifférence était totale mais depuis ce petit sourire... j'ai bien l'impression que quelque chose avait changé.

Pourquoi ce simple sourire me fait cet effet là ? Je voyais des sourires tous les jours et aucun ne m'impactait de la sorte. Je n'arrive pas à comprendre et je finis par m'agacer. Au final j'en reviens au point de départ, irritée à cause de cette application. Voilà, je le savais... S'il y avait un fautif, c'était bien lui.

Mais ce sourire était pourtant bien différent des autres. Il était apparu quand Jérémimi avait vu la notification de ma réponse. En réalité, je l'avais fait sourire et d'une certaine façon... je réalisais qu'il m'était destiné.

Nul doute que les vacances impactent mon comportement. Sur mes deux semaines de congés, j'avais décidé de consacrer la première à moi seule et la seconde au travail. Autrement dit, je n'étais pas suffisamment occupée si bien que j'en arrive à m'intéresser à cette histoire complètement folle.

J'ouvre l'application et lis son dernier message.

Voilà un premier point commun, je m'y prends (trop) souvent à la dernière minute...

Il ne m'en faut pas plus pour réagir. Je garde encore et toujours cette même attitude consistant à mal réagir. Je trouve qu'il va tout de même vite en besogne. Je n'appelle pas ça un point commun, juste une coïncidence. Nous n'avons rien en commun, me dis-je. Outre d'être tous les deux sur la même application, je l'admets. Mais est-ce de ma faute si Justine avait la fâcheuse manie d'être intrusive ? Car j'y étais par sa faute et non de ma propre volonté. Voilà une chose de concrète et qui nous différenciait.

Perdue dans mes pensées orageuses, je me rends compte que je suis aveuglée par mes a priori. Je m'étais toujours convaincue qu'on ne pouvait trouver que des personnes inintéressantes sur les applications de rencontre. Je me figurais n'y trouver que des mecs en mal d'amour et sans le moindre charme perdus au milieu de ceux qui ne pensaient qu'à allonger leur liste de conquêtes. Et s'il y avait un homme bien parmi eux ?

Pour la première fois, je m'intéressais à Jérémimi et me demandais ce qu'il faisait sur Tinbear. Je me promets également d'être plus avenante à partir de maintenant.

Socrate se redresse et vient se frotter contre mon bras. À croire qu'elle m'incitait à poursuivre le message que je n'avais pas terminé de lire.

— ... J'avais un tout dernier cadeau à faire à ma fille.

Mon nom est SarahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant