Chapitre 39 - Réveil surprise

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Sa réaction est immédiate, Jérémy m'embrasse avec une ardeur renouvelée et quand son baiser prend fin, il me chuchote à son tour.

— Je t'aime. 

 Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller complètement désorienté ? Ces moments où vous êtes tout bonnement incapable de vous situer, ni de vous rappeler le jour et encore moins l'heure. C'est exactement ce que je ressens ce matin-là. Je me redresse légèrement dans le lit et tente d'ouvrir les yeux, mais la faible lueur m'éblouit, me forçant à les refermer. Je me laisse retomber lourdement, cachant mon visage avec mon bras.

Pourquoi suis-je réveillée avant que mon réveil n'ait sonné ? L'ai-je éteint et oublié de me lever pour aller travailler ? Ces questions inondent mon esprit, me plongeant davantage dans la confusion. Je réfléchis et finis par me convaincre que je ne travaille pas aujourd'hui. Du moins, je l'espère.

Quelque chose me semble différent sans que je puisse dire quoi exactement. Tout ce que je sais clairement, c'est que malgré ce réveil difficile, je me sens bien et c'est tout ce qui compte. Alors que j'émerge peu à peu, j'entends une respiration douce, résonnant à mes oreilles comme une mélodie. Que fait Socrate dans mon lit ? Ce n'est pas dans ses habitudes de me laisser en paix quand il me voit réveillée.

Tendant le bras, je cherche son petit corps pour sentir sa chaleur. Ma main effleure alors un poil dru, une sensation nouvelle et étrangère sous mes doigts. Socrate est pourtant si doux ! Confuse, je tâtonne doucement pour découvrir ce que je suis en train de toucher. Un nez. "Tu es encore endormie," me susurre une petite voix dans ma tête. Et à défaut de me pincer pour sortir de ce rêve, je pince ce nez pour me convaincre qu'il n'est pas réel.

Tout me revient soudainement en mémoire. Justine qui me dépose, ou devrais-je plutôt dire me largue, devant chez Jérémy. Lui qui me laisse entrer chez lui. Moi qui me réchauffe à la chaleur des braises de sa cheminée. Ses bras qui me serrent et ses lèvres plaquées contre les miennes. Les images défilent dans mon esprit, de plus en plus vite, au rythme de mon cœur qui s'emballe. Définitivement réveillée, ma mémoire me revient et me rappelle les détails de cette nuit passée en sa compagnie.

À côté de moi, Jérémy fait glisser les draps et se tourne dans ma direction, se blottissant contre moi à la façon d'un chat. Je m'attends presque à l'entendre ronronner ! Tout ça n'était donc pas qu'un rêve, mais bien la réalité. Heureuse, je veux vivre ce moment pleinement et le faire durer pour l'éternité. Jérémy est si paisible en dormant ainsi.

Le voir aussi serein me comble de bonheur. Je replace une mèche qui barre son front et le regarde, ne réalisant pas encore tout à fait que je vis cet instant.

Je ne saurais dire combien de temps s'est écoulé. Beaucoup, je pense, mais cela me semble pourtant insuffisant. Jérémy commence à gesticuler. Avant qu'il n'ouvre les yeux et me découvre éveillée, je glisse précipitamment une main dans mes cheveux pour tenter de dompter cette chevelure qui me donne des airs de folle. Tout en délicatesse, je repose ensuite ma tête sur l'oreiller, prenant soin de bien placer mes cheveux comme une princesse Disney après une douce nuit.

Quand l'homme avec qui j'ai partagé la nuit ouvre les yeux, son visage s'illumine d'un radieux sourire.

— Bonjour, me glisse-t-il avant de m'embrasser.

— Bonjour bel homme, je lui réponds quand le baiser prend fin.

Même s'il ne l'exprime pas explicitement, je vois à son expression qu'il est comblé. Je crois pouvoir dire qu'il aimerait autant que moi que chaque matin soit comme celui-ci. Il pose un bras sur moi et ferme les yeux comme pour mieux profiter de l'instant. Rien ni personne ne pouvait interrompre ce moment.

Soudain, nous faisons un bond à l'unisson quand surgit une petite voix derrière la porte.

— Papa ?

Jérémy se redresse, me fixant avec détresse. Je crois qu'il attend que je réagisse et trouve une solution. Pour lui éviter d'espérer inutilement, je m'agite à mon tour, lui faisant ainsi comprendre qu'il ne fallait pas compter sur moi. De nous deux, je crois que je suis la plus paniquée.

Je prends toutefois l'initiative de sortir hâtivement du lit le plus silencieusement possible. Je ramasse mes affaires de la veille qui traine au sol. Les bras chargés, je cherche ma petite culotte que je ne trouve nul part. Où a-t-elle bien pu se cacher, je me demande. Finalement, je la retrouve dans un coin de la chambre. Des images me reviennent mais je secoue la tête. Ce n'est vraiment pas le moment de repenser à ça !

Jérémy est comme une poule à qui on a coupé la tête. Il tourne dans tous les sens, probablement à la recherche d'un petit trou dans lequel se cacher. Je lui fais signe pour attirer son attention. Une fois obtenue, je chuchote le plus faiblement possible tout en exagérant l'articulation afin qu'il puisse lire sur mes lèvres.

— Réponds-lui !

Jérémy hoche la tête et prend une lente inspiration pour avoir l'air calme.

— Attend ma chérie, deux petites minutes.

Évidemment, il n'y a qu'une porte pour entrer et sortir de la chambre. Craignant que chacun de mes pas me trahissent, je vais jusqu'à la fenêtre et regarde au travers. Mauvaise idée, ce n'est même pas la peine d'y penser.

Soudainement, Jérémy me tire par le bras et m'entraîne jusqu'à la buanderie. Il tire les rideaux me révélant ses tenues. Tout d'abord je ne vois que des étagères. D'un geste du menton, il me montre une colonne réservée aux cintres que je n'ai pas vu.

— Cache-toi là, me dit-il en commençant à m'y pousser.

Tenant toujours mes vêtements comme ultime bouclier contre ma nudité, je lui lance un regard empli d'effroi.

— Je ne vais quand même pas me cacher là !

Malgré l'urgence de la situation, Jérémy émet un petit rire.

— Tu préfères que Nina raconte à l'école qu'elle a vu la maîtresse à poil dans la chambre de son père ?

Son rire est communicatif et je me joins à lui. C'est toutefois de courte durée quand il me pousse gentiment à l'intérieur et referme le battant sur moi.

J'ai à peine à la place pour bouger les bras. Dans cette cachette improvisée il m'est impossible de m'assoir. Je retiens tout à coup ma respiration quand j'entends la porte s'ouvrir. Je n'ai même pas entendu Jérémy autorisant Nina à entrer.

— Bonjour papa !

Je l'entends sauter dans le lit. Pitié, faîtes que Nina ne soit pas l'enfant que j'étais auparavant. Combien de fois n'ai-je pas profité du lit de mes parents pour y faire la grasse matinée ?

— Bonjour ma chérie, ne t'installe pas, dit-il à mon soulagement. On va aller prendre le petit-déjeuner.

— Mais on regarde toujours les dessins animés ensemble avant ! Geignit Nina.

J'arrive à ressentir sa déception au son de sa petite voix. Après un silence, son père lui répond :

— D'accord, mais pas longtemps, cède-t-il.

Et je ne peux le lui reprocher, moi-même n'aurait probablement pas résisté.

Cela étant, mon sang se fige dans mes veines. Je réalise que je vais devoir rester plantée là sans faire de bruit et sans possibilité de me mouvoir à ma guise. 

Mon nom est SarahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant