Mon nom est Sarah

Chapitre 22 - Rentrée des classes

Sur le chemin du retour, dans ma petite voiture en désordre et au chauffage à fond, je réalise que je ne risque pas de dormir de sitôt avec tout le café que j'avais bu. Je vois là cependant l'occasion de réfléchir à tout ceci et trouver un moyen de réagir quant à ma situation avec Jérémy.

La sonnerie de 8h sonne à l'école du quartier. Les enfants courent se mettre en rang tandis que les maîtres et maîtresses s'apprêtent à récupérer leur classe. Je me trouve parmi eux, tenant une tasse de café, nécessaire pour survivre à cette reprise. Le réveil a été difficile ce matin mais je sais qu'une fois en classe, les habitudes reprendront vite le dessus. Ce n'est qu'un dur mais bref moment à passer.

    La fin des vacances scolaires s'est déroulée comme dans un rêve. Non pas que tout était beau, au contraire, je m'étais plutôt sentie totalement déconnectée de tout. Malgré mes bonnes résolutions, je n'avais pas recontacté Jérémy. On ne change pas une équipe qui gagne, n'est-il pas ? En l'occurence, il s'agirait plutôt ici d'une équipe qui perd. Je représente à moi seule toute cette équipe perdante. Avec un peu de recul, la reprise ne me ferait pas de mal et aurait le mérite de me détourner de mes sombres pensées.

    Mes élèves de CM2 sont rangés. Je les salue et les gratifie d'un sourire. Ils me reviennent toujours aussi disciplinés. C'est parfait ! Combien de fois pouvait-on voir des élèves oubliant toutes les règles une fois revenus des vacances ? Du coin de l'oeil, je vois Justine qui récupère ses petits élèves de CP. Elle déambule dans le rang, les aidant à se placer. Je ne sais pas comment elle peut faire avec un si petit niveau, je lui trouve beaucoup de courage et de patience.

    — Maîtresse Sarah, tu as passé de bonnes vacances ? Me demande une élève au premier rang.

    Toujours se montrer positive. Armée d'un sourire réjouissant, je lui réponds :

    — Oui, mais je suis tellement heureuse que ce soit la rentrée pour vous retrouver !

Avant que l'un d'entre eux commence à me raconter sa vie, je fais avancer le rang. Mieux vaut ne pas traîner car les élèves savent saisir la moindre occasions pour parler sans discontinuer. Maintenant que j'y pense, Nathan avait probablement gardé cette habitude qu'ont les élèves en élémentaire.

Bref, toujours est-il qu'au moindre relâchement n'importe quel élève se mettait à raconter sa vie dans les moindres détails. Aucun parent ne peut s'imaginer que leur vie n'a aucun secret pour la maitresse de leur enfant.

    La classe est au deuxième étage. Tandis que nous nous trouvons dans les escaliers, je me vois dans l'obligation d'arrêter le cortège, trop bruyant et bien trop excité. Il faut savoir que je me montre patiente mais très peu tolérante... au travail je précise. Dans la vie de tous les jours je n'ai ni la patience ni la tolérance.

Ainsi, je fais preuve de patience, ne vous en déplaise, j'attends et d'eux-mêmes, ils rétablissent le calme. Nul besoin de réflexion, ils savent très bien ce que j'attends d'eux.

    Comme je l'avais prévu, la matinée passe très rapidement. Aller à l'école, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas et très vite on retrouve nos bonnes habitudes. Chez les élèves comme chez les enseignants d'ailleurs cela reste quelque peu plus délicat pour certains.

Après seulement quelques heures, quand la cloche indiquant l'heure de la récréation sonne, nous sortons. J'y retrouve mes collègues mais surtout Justine. Je ne l'ai pas vu depuis le bar. Elle avait, contrairement à moi, attendu le dernier moment avant de se remettre au travail si bien qu'elle avait disparu des radars durant les derniers jours.

    Elle m'attend, deux tasses à la main. Un café pour elle et un autre pour moi. Je sais... j'en bois beaucoup trop mais que voulez-vous c'est comme ça.