Mon nom est Sarah

Chapitre 25 - Un mensonge pour annuler un mensonge

Soit il me pardonne et nous pourrons reprendre et dans le cas contraire... et bien, je n'aurais plus de regret. C'est déjà bien. Je ne vais pas faire la fine bouche après avoir autant fait de la merde. N'ayons pas peur des mots et disons ce qu'il est.

C'est les doigts tremblants que je tape le message que je compte envoyer à Jérémy. Je me sens frileuse à cette idée. Que puis-je lui dire pour tenter, tant bien que mal, de lui justifier mon long silence. Je pourrais être honnête, tout lui avouer. Après tout il n'est jamais trop tard pour bien agir. Cependant, je trouve ça moche de le faire par message. C'est un peu comme larguer quelqu'un par SMS...

    Non, chaque chose en son temps. Déjà, décider de reprendre contact avec lui est un grand pas pour moi. Il ne faut pas trop me brusquer sans quoi toute ma bonne volonté risque de se désintégrer comme neige au soleil.

    Salut, c'est moi ! Ça faisait longtemps ! Mauvaise idée. Ce serait réapparaître comme un cheveu dans la soupe. Ce serait inapproprié. Quelle solution me reste-t-il si je persiste à rejeter la seule bonne idée ? Ne pouvant lui dire la vérité, je ne peux donc que lui sortir un nouveau mensonge. On disait, et à juste titre, que le mensonge engendrait le mensonge. De toute évidence, je ne déroge nullement à la règle. Il me faut aller au plus simple et ne pas tergiverser.

    — Bonsoir bonsoir Jérémy ! Je suis désolée de te répondre avec autant de retard... j'ai tellement honte !

    C'est un bon début. Et pour le coup, ma honte est sincère. Je compte simplement mentir sur son origine. Je poursuis la rédaction de mon message.

    — J'ai réussi à casser mon téléphone en rentrant chez moi. Quelle maladroite je fais ! (Ça aussi c'est encore une vérité). Je viens seulement de le faire réparer et de lire tes messages.

    Après mûres réflexions, je décide de m'arrêter là. Mieux vaut ne pas m'étendre et aviser selon sa réponse. Je n'ai pas la moindre idée de sa réaction et cela fait naître une angoisse en moi que je ressens au plus profond de mon être.

    Je dépose mon téléphone comme s'il s'agissait d'une bombe à retardement et vais à ma douche pour ne pas être rongée par l'attente. J'étais effrayé à l'idée de le recontacter, mais je suis finalement soulagée de l'avoir fait. Car cela veut dire que je me suis donné une seconde chance. Il ne me reste plus qu'à espérer que Jérémy m'en accorde une à son tour.

    Accompagnée de Socrate, je me douche et fais durer l'instant. J'ai peur, autant de recevoir un message que de ne rien recevoir. Et s'il m'ignorait à son tour ? Je n'avais même pas envisagé une telle possibilité. J'admets que ce serait amplement mérité. Néanmoins je n'ose imaginer l'état dans lequel je me trouverais. Quoi de plus horrible que d'ignorer ses pensées ? L'ignorance est la pire des choses. J'ai toujours été adepte de la vérité, même si celle-ci fait mal à entendre et même si je refuse parfois de l'entendre. Mais je refuse de l'entendre par simple mauvaise foi.

    Je sors, suivie par Socrate qui ne me lâche pas d'une semelle. Je me rappelle avoir lu une fois sur internet qu'un chat qui se sentait mourir avait tendance à ne plus lâcher son maître. Pourquoi une telle idée me passe-t-elle par l'esprit ? Sachant que Socrate est de nature collante, je me fais du souci inutilement. Dans le doute je la fixe pour voir si je perçois quelque chose qui m'avait échappé. Rien.

    Que mon esprit peut être subtil parfois. Il ferait vraiment tout et n'importe quoi pour retarder le moment où je regarderais mon téléphone.

    Déterminée aussi bien par l'appréhension que le désir, je récupère ce petit objet qui est à l'origine de beaucoup ces derniers temps. Il me suffit de le soulever pour que l'écran s'illumine. La technologie parvient à précipiter les choses quand on se sent incapable de le faire soi-même.