Mon nom est Sarah

Chapitre 26 - Au cinéma

C'est donc avec ma joie entachée que je me prépare à le retrouver et profiter de ces moments qui seront peut-être les seuls que je partagerai avec lui. Qu'il y a t-il de mal à vouloir profiter avant que tout ne s'arrête brutalement ? 

 Heureusement que je sortais de ma douche lorsque Jérémy m'a proposé de sortir. Je n'ai plus qu'à me choisir une tenue, seule cette fois-ci. Justine n'est pas là pour m'éclairer de ses bons conseils. Pour une pareille sortie, j'opte pour un simple jean skinny avec un pull en cachemire doux. Pour ne pas avoir froid, aussi bien dehors que durant la séance, je m'enveloppe de ma grosse écharpe. Celle-ci me servira de plaid pendant le film.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de partir. Nous nous sommes donnés rendez-vous directement au cinéma. Ma pauvre Socrate me regarde partir, ne comprenant pas pourquoi sa maîtresse sortait tant ces derniers jours.

Je me sens si légère que rien ne peut porter atteinte à ma bonne humeur. Pas même ce connard qui a soudainement déboité devant moi sur la route. Je vous avoue que j'ai été à deux doigts d'ouvrir ma fenêtre et de l'insulter de tous les noms. À deux doigts seulement, car généralement je préférais crier la fenêtre fermée, c'était plus sûr. Or là, je n'ai fait que mordre ma lèvre et intérioriser toute cette haine au plus profond de moi avant d'expirer longuement.

Arrivée sur le parking du cinéma je repère par le plus grand des hasards la voiture au loquet cassé de Jérémy. Je me gare à côté et remarque seulement au moment de serrer mon frein à main qu'il m'y attend. Je crois que nous avons tous ce réflexe de regarder quand une voiture nous dépasse ou bien quand une voiture se gare à l'emplacement d'à côté. Amusée, je le vois me reconnaître et ne pas réussir à dissimuler sa surprise. Tout sourire, j'agite une main pour le saluer.

Je descends en même temps que lui pour le retrouver. Nous avons tous deux un moment de doute au moment de se dire bonjour. Cela fait bien trop longtemps que je n'ai pas eu de flirt avec un garçon. Dois-je l'embrasser, lui faire la bise ? De son côté, je l'imagine se poser les mêmes questions. Finalement, il me serre dans ses bras. Je me retrouve blottie contre son torse. Je crois que c'est mieux qu'un premier baiser, d'autant plus que celui-ci n'aurait pas été naturel. Je respire son odeur et sens mon coeur s'emballer dans ma poitrine. Quelle merveilleuse sensation ! J'aurais aimé rester ainsi durant des heures mais comme toutes les bonnes choses, cette accolade se termine bien trop vite à mon goût.

— Je suis heureuse de te revoir, dis-je en reculant d'un pas.

Il me sourit et ne me lâche pas des yeux. Son regard est sans pareil et tellement intense. L'effet est immédiat car je sens des papillons dans le ventre. Nul doute que mon corps relâche une grande dose de sérotonine.

— C'est réciproque, me répond-il. J'étais prêt à sonner chez toi quand tu ne me répondais plus avant de me dire qu'un psychopathe aurait exactement fait pareil.

Je souris dans une tentative de dissimuler mon trouble. Il aurait eu une drôle de surprise à chercher une Léa en se rendant chez moi. Cela dit, plus de peur que de mal puisque mon téléphone a miraculeusement été réparé avant la catastrophe.

Quand nous arrivons au guichet, Jérémy insiste pour me payer ma place. J'accepte de me faire inviter à condition de me laisser payer le pop-corn. Il accepte mon compromis mais mit une condition à son tour : que le pop-corn soit sucré. Marché conclu ! En même temps, qui mange du pop-corn salé ? C'était comme cette histoire avec le beurre doux, je n'ai jamais vraiment compris qui pouvait acheter une pareille horreur.

Au moment d'accéder à la salle de projection, je réalise avoir oublié un détail. S'agissant d'un film d'action, nous sommes équipés d'une paire de lunettes 3D.