𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟑

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BETH-ANNE

5 juillet 2054.

Les cheveux retiennent les souvenirs, c'est un moyen de prouver que nous allons au-delà des choses que nous avons vécu. Jamais je ne les avais coupés, jamais je n'avais été au-delà de cette vie à laquelle on m'avait destiné; je stagnais, je n'avais jamais eu ce courage. Cependant, aujourd'hui, j'allais enfin l'avoir, ce courage. Chacun était parti préparer ses affaires pour le voyage, nous devions prendre le minimum pour quelques jours de voyage.

Si j'avais bien compris, nous allions crécher dans le quartier souterrain de Linz, Belinda communiquant avec chacun des chefs de quartiers des plus grosses prisons souterraines du pays. Si je m'en souvenais bien, il y avait trois prisons en Autriche. Vienne, Linz, ainsi que Graz, dissipées aux quatre coins du pays, rassemblant tous les prisonniers et supposés criminels du pays.

Seule dans mon appartement je me regardais dans le miroir, mes longs cheveux roux étaient secs, les boucles ne se définissaient plus d'elles-mêmes, ils étaient eux-même prêts à s'en aller on dirait.

Mon sac était fait, j'étais presque prête à partir, il me restait seulement mes cheveux. Il me manquait mes cheveux. Je pris un ciseaux dans la cuisine, puis face au miroir brisé qui se présentait à moi, je sentais ma main trembler. Mes cheveux, je ne m'y étais jamais vraiment attaché, en fait, ils me terrifiaient et je ne savais pas pourquoi. Mes mains tremblaient, mon cœur tremblait et je sentais ce dernier avoir mal. Ce ne sont que des cheveux Beth-Anne, ce ne sont que des cheveux. C'est débile de trembler pour ça. Je me stoppai soudainement dans mon mouvement.

—Tu peux frapper avant d'entrer tu le sais quand même ? dis-je.

Je ne m'étais pas trompée, et je vis Logan apparaître dans le miroir derrière moi. Il n'avait pas cet air sarcastique, il n'avait pas cet air rieur, non. Il était là, debout dans mon dos, il était présent et il était avec moi, encore une fois. Toujours dans mon dos, il y restait. Surveillant mes arrières, m'aidant à chaque fois, encore une fois.

Il était comme un nuage qui protégeait le soleil de sa popularité auprès des autres, il ne cessait jamais de me tourner autour, de protéger mes pensées et ma conscience. Il ne cessait jamais de me regarder.

—Un coup de main peut-être ? me demanda-t-il, ses yeux rivés dans les miens à travers ce miroir.

Je n'hésitais pas une seule seconde en lui tendant ces ciseaux que je peinais à tenir convenablement dans ma main. Il les prit sans un mot de plus, il me fixa, puis il souriait légèrement. Ce fameux sourire, il ne cessait jamais de sourire.

—Tu seras magnifique Beth, même sans cette longueur, je te le promets.

Je sentais que ce compliment était vrai, il l'avait dit sans réfléchir et ces simples mots me provoquaient un plaisir hors-normes. Car personne ne m'avait jamais dit que j'étais magnifique avec une telle sincérité et surtout, avec une telle admiration. Logan était présent, derrière moi, il était présent, vivant, souriant. Il me regardait moi, juste moi et pas seulement mon apparence, c'était ma personne qu'il ne cessait d'observer. Sans oublier d'afficher ce rictus si apaisant. Cependant, j'étais beaucoup trop préoccupé par mes cheveux pour m'en rendre véritablement compte.

Mais je rêvais en le regardant à mon tour, et la poésie vint à moi comme un murmure;

Une heure, une petite heure, amour ! Une heure sans alarmes. Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment, laisse encore se mêler nos regards et nos larmes ; Et si c'est trop d'une heure... un moment, juste un moment.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant